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Ai-je réussi ma vie?

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Lorsque sonne la fin de carrière, l’heure des bilans n’est pas très loin. La réflexion est inévitable et avec elle, les interminables évaluations sur nos réussites et… nos pseudo-échecs. J’utilise le mot « pseudo » parce que ce concept d’échec n’est pas très utile pour notre développement.

Faire échec aux échecs

Dans mes réflexions profondes, un souvenir me revient en tête. J’ai 13 ans, mon secondaire 1 est terminé et je suis en vacances. Insatisfaite de mes notes figurant sur mon relevé, je passe « sur la fesse » comme on dit! Je redoublerai d’efforts l’an prochain que je me dis!

Voilà qu’à mon insu, ma mère va rendre une petite visite au directeur de l’école qui lui conseille fortement de signer ce formulaire qui autorisera la reprise de mon secondaire 1. Belle tactique pour me retrouver à la case départ. Le mois d’août est amorcé, je prends conscience de mon « échec ». Je vais perdre toutes mes amies, je me sens poche, nulle, pas intelligente. Je me soucis beaucoup de ce à quoi je vais avoir l’air et de ce qu’on va dire de moi.

Cette année-là, je prends le chemin de l’école avec une larme au cœur. J’arrive dans un environnement où je ne connais personne certes, toutefois les notions enseignées sont de la révision que je considère comme du remâché, du déjà-vu, du connu. Pas tant que ça! Je ferai un apprentissage qui me servira toute ma vie durant.

C’est en septembre, durant mon cours de biologie, que je vivrai un moment de grande reconnaissance qui teintera ma vie à jamais. Je me souviens être assise complètement à l’arrière de la classe écoutant mon enseignant nous faire la morale parce qu’il était insatisfait de nos notes à un premier examen. Dans sa rogne, il clame que seulement une élève de la classe a étudié et s’est donné la peine de travailler fort. Me donnant en exemple, il me félicite devant tout le monde parce que j’ai obtenu une note de 100 %. Imaginez 28 visages tournés vers moi. Je me souviens d’un immense sentiment de fierté qui m’habitât à ce moment-là.

Ce fut une année où j’ai enfilé les succès les uns derrière les autres avec une aisance phénoménale. Une année où j’ai reçu la valorisation et la reconnaissance des enseignants, de mes compagnes et compagnons de classe qui se bousculaient pour faire équipe avec moi. Bref! Une année qui a changé le cours de ma vie.

J’ai appris dès lors que l’échec n’existe pas. Ce qui se trame en filigrane comme étant un échec est en fait une nouvelle façon de réussir. Cette expérience de vie m’a inculqué le sens de la résilience, qualité qu’on m’attribue encore aujourd’hui d’ailleurs. C’est cette voix qui me murmure que derrière chaque épreuve se faufile une réussite.

Et qui plus est…

Pendant une quinzaine d’années, j’ai fait un métier qui n’était pas en accord avec qui je suis et pour lequel je n’avais aucun intérêt, occasionnant une vie professionnelle en dent de scie jalonnée de fréquents stages au chômage. Pour certains, on parlerait d’échecs professionnels à répétition. Pour moi, c’est l’interprétation de ne pas être à ma place dans ces fonctions. Lorsque je me suis donné le droit de changer de carrière, je me suis aussi donné le droit de m’éclater et de m’épanouir au travail. Ce n’est pas un échec, c’est que mon échelle n’était pas appuyée sur le bon mur.

Échouer est normal…

J’ai longuement tenté de définir ce qu’est l’échec sans y parvenir vraiment. Sinon l’écart entre ce que je souhaite et le résultat final. C’est un concept plutôt nébuleux et abstrait. Très jeune, on nous inculquera la notion de réussite et d’échec selon des standards établis par les institutions. Nous sommes notés, évalués, classifiés, mais rarement on nous enseigne à jongler sereinement avec l’échec. Pourtant, nous côtoierons l’échec souvent dans notre vie. Nous oscillerons bien malgré nous entre ces deux pôles dictés par une société de performance où seules les réussites ont de la valeur.

Échouer est normal et c’est probablement ce qui arrivera 99 % du temps puisque c’est très rare que l’on soit en mesure de prédire avec une certitude inébranlable quelle sera l’issue d’un projet. C’est impossible!

Pour des succès que je considérais comme mitigés, des commentaires me témoignaient une réussite. C’est à n’y rien comprendre!! C’est ce qui me fait dire que l’échec est un construit personnel, individuel et subjectif.

Des perspectives intéressantes

Oublions le concept de l’échec et faisons de notre mieux. Dégageons les apprentissages derrière les erreurs et mettons tout en œuvre pour rejoindre les projets/objectifs que nous souhaitons réaliser. Manœuvrer ainsi nous rend plus forts et nous avons conscience d’avancer positivement. Le concept d’échec ne nous rendra jamais plus fort et plus endurant. Ce qui nous rend fort c’est de continuer à avancer et valoriser nos réussites.

Concentrons-nous sur les progrès effectués, visons à s’autodéclarer les succès qui dessinent notre parcours. S’approprier des échecs c’est inutile, c’est dévalorisant, c’est blessant, c’est abrutissant et porte atteinte à notre estime. La vie comporte suffisamment de défis en elle-même, pouvons-nous ne pas en rajouter une couche en évaluant nos efforts en termes d’échecs.

Peut-être faut-il décider que dorénavant les échecs ne font plus partie de notre vie. La réussite c’est faire un pas de plus, la réussite c’est de créer un mouvement, d’avancer, de progresser. La réussite c’est s’améliorer, c’est d’alimenter sa vie intérieure, sa vie spirituelle. La réussite c’est grandir en humanité, en altruisme. La réussite, c’est propager le bonheur autour de soi. La réussite c’est de développer ses potentialités, ses talents. Ainsi, créons ce buffet de succès dont on pourra se servir à volonté!

Je vous assure que vous avez réussi votre vie

Tout comme le succès, l’échec fait partie de la vie. J’ai échoué beaucoup dans ma vie, mais ça ne m’a pas empêché de réussir sur plusieurs aspects.

Peu importe les impasses que nous vivons, nous finirons toujours par réussir un moment donné, c’est une loi inéluctable. Habituellement, nous avons le pardon plutôt difficile lorsqu’il s’agit de qualifier une erreur. Alors, développons la bienveillance nécessaire pour relativiser ce qu’on croit être un revers.

Et puis qui sait, vous aurez peut-être, tout comme moi, envie de redoubler votre secondaire 1.

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