Roman familial de Maxime Olivier Moutier
Cette collection III chez Québec Amérique est dirigée par Danielle Laurin, l’ex-critique littéraire. Elle demande aux auteurs qui se prêtent à l’exercice de jongler avec le vrai et le fictif. Déjà, cette requête me fait bien rire, car elle ne saura jamais qu’est-ce qui est vraiment vrai, de ce qu’il ne l’est pas du tout. Seul l’auteur le sait… et encore! Certains conteurs, à force de répéter une histoire, finissent par la transformer et ne plus se rappeler de la première et vraie version. L’oubli, je ne pense pas que ce soit le cas de l’auteur et psychanalyste Moutier qui, déformation professionnelle oblige, chérit ses souvenirs d’enfance comme des clés de trésors.
Personnellement, sur les trois histoires, j’ai adoré celle avec la mère et la fille qui vivaient au sous-sol. J’aurais beaucoup donné pour qu’on me la certifie du sceau de la véracité. Les deux autres, vraies ou fausses, j’étais moins regardante, surtout celle avec la gardienne portée sur le sexe. C’est fou combien l’exagération, ça sonne faux, même si ça peut être vrai. Ça vous tente de jouer au jeu de la vérité, vrai ou faux? Allez, gâtez-vous!
Un lien familial de Nadine Bismuth
Vous nourrissez une indulgence naturelle pour les aléas d’une femme trompée qui tarde à le réaliser assez pour transformer sa vie? Vous avez votre roman! Et si, en plus, vous aimez la rénovation de cuisines, alors là, vous exulterez. Il y a même un succédané d’enquête policière en coulisses. De la trame tragique pour étoffer le tout, des fois que l’on trouverait la vie trop jojo. Le roman est assurément touffu, la matière ne manque pas.
J’ai apprécié l’audace de l’auteure pour déjouer le convenu, j’ai aimé certains personnages et certains couples, apprécié la rénovation des cuisines (chacun ses goûts!), mais j’ai souvent eu l’impression de suivre un téléroman ou une longue chronique sur la séparation des couples. Le style est intelligent, les remarques pertinentes, mais avis aux rêveurs, ne vous attendez pas à une œuvre magnifiée par l’imagination et la divagation.
Terminal grand nord d’Isabelle Lafortune
La majorité des conversations se déroule dans le bar de l’hôtel où les deux amis ont leur chambre. L’ami écrivain est le narrateur de l’histoire, au je, même si habituellement, dans un polar, c’est l’enquêteur qui tient les ficelles de l’histoire. Cette particularité m’a dérangé, m’empêchant de m’attacher à l’enquêteur et, par conséquent, à l’enquête. Malgré tout, j’ai fourni l’effort pour poursuivre ma lecture, j’avais à cœur de laisser la chance à l’auteure, d’autant plus que les personnages sont intéressants, diversifiés et colorés. Passent sous nos yeux, des femmes et hommes politiques, des policiers, des Innues, des hommes de pouvoir, sans compter des femmes au caractère fort, dont Marie qui a jadis eu une histoire d’amour avec l’écrivain.
L’enquête se mène laborieusement, avec cette impression que tout le monde s’en mêle, ce qui fait que l’enquêteur en vient à jouer un rôle de second plan, malgré toute sa bonne volonté de lève-tôt. Le tête-à-tête avec lui m’a manqué et, à mon avis, l’histoire s’en trouve diluée. Pour tout dire, j’aurais aimé que les deux personnages soient fondus en un seul! Un fantasme que j’assume.