Il arrive que j’aie le goût de me diriger vers des lectures qui m’apprennent, me fassent réfléchir et évoluer. C’est à prendre ou à laisser! J’en ai trois ce mois-ci et, à tout seigneur, tout honneur, ma première lecture est une biographie complète de cette auteure dont l’œuvre en a envoûté plusieurs : Anne Hébert. Celle-ci ne méritait pas moins que cette biographie pointilleuse rédigée pendant des années par une de ses fans, Marie-Andrée Lamontagne. Le second titre, je ne l’ai pas choisi, on me l’a offert : « Que reste-t-il de nos voyages ? » de Marie-Julie Gagnon. Je suis reconnaissante de cet envoi qui a généré des réponses à certaines questions que je n’avais pas encore pensé à me poser. Vous apprendrez tout sur le voyage, court ou long, aventureux ou confortable, préparé ou pas. L’ultime interrogation en bout de piste : est-ce que le voyage bouscule nos pensées et habitudes établies? Le dernier titre est la cerise sur le sundae. En compagnie de la journaliste reconnue : Michèle Ouimet, nous naviguons au travers de ses reportages les plus marquants, le tout raconté avec une franchise sans concession.
Anne Hébert, vivre pour écrire de Marie-Andrée Lamontagne
Que reste-t-il de nos voyages? de Marie-Julie Gagnon
Partir pour raconter de Michèle Ouimet
J’ai aimé entrer dans sa vie par la porte des voyages où elle doit rapporter de la substance écrite, pour rassasier l’appétit de lecteurs voraces et cela, au prix de sa santé morale et physique. Je rajouterai un autre pan : sa vie émotive. Comment jongle-t-elle avec les émotions générées par ses départs pour des pays où le risque fait partie des bagages. Son mari et sa fille ont éprouvé le sentiment d’être laissés pour contre lorsque la reporter partait coûte que coûte, faisant fi des dangers inhérents à ses aventures. Pourtant, oui, elle restait assez prudente, engageant autant que possible un fixer, une personne de la place qui s’occupait de la traduction, de l’horaire et de sa sécurité. Mais juste le fait qu’il faille une personne qui assure la sécurité révèle la dangerosité de certaines missions. Elle nous confie beaucoup d’informations, je dirais même tout, c’est l’impression qu’elle m’a donnée. Nous irons jusqu’à connaître le moindre bout de tissu de ses costumes (voile, burqa, hijab, abaya) qu’elle n’a pas eu le choix d’enfiler pour pouvoir circuler, et même plus, interroger des hommes.
Curieux à l’égard de ce qui se passe dans ces pays hermétiques, curieux de la vie d’un reporter au féminin? Vous aimerez vous faire raconter des anecdotes aussi palpitantes que dangereuses. Vous en aurez plus que pour l’argent déboursé pour ce livre. Un récit édifiant qui ne contient pas toutes les réponses au pourquoi et au comment, mais qui repousse l’indifférence le plus loin possible. Ces peuples ont la même couleur de sang que le nôtre et, malgré la barbarie de certaines actions, vivent les mêmes ardents désirs d’être aimés et, surtout, d’être libres de le faire. L’ennemi qu’a combattu Michèle Ouimet? L’indifférence, la sienne (si peu!), mais surtout celles des autres. Par exemple, elle fut indignée que l’interminable guerre syrienne soit à peine couverte par les journalistes internationaux.
Cette lecture vous offre de voyager incognito, sans le port d’aucun voile, en fouillant ces mystères denses du Moyen-Orient et de certains points ultra chauds de notre bonne vieille Terre où nous partageons l’air, le ciel et le sol.