Tranche de vie : Où sont les femmes? - Les Radieuses

Tranche de vie : Où sont les femmes?

Nous sommes le 8 mars et j’ai 13 ans. À mon grand étonnement, mon enseignante de mathématiques porte un t-shirt avec l’inscription « Journée de la femme ».

« Ça existe une journée spéciale pour les femmes » que je me dis!! À ce moment, je ne comprends pas toute l’empreinte sociale que revêt cette journée du 8 mars.

Sans trop me poser de questions sur ce que sera ma carrière, chose certaine, il y a une évidence que maintenant les femmes ont accès à des études dans des domaines variés et assurément au marché du travail.

J’entends Patrick Juvet nous chanter qu’elles portent un blouson noir, qu’elles fument le cigare… Mais où sont les femmes?

Les femmes, elles clament et réclament leur participation citoyenne. Elles veulent exister, briller et participer à bâtir le monde. Elles veulent faire partie intégrante à l’éveil d’une population et aux échanges sociaux. Elles veulent mettre au monde des enfants, mais, surtout, plus que tout, elles veulent se mettre au monde.

Ma mère, mon modèle

Ma mère, du haut de ses 85 ans, en aurait long à raconter sur la place des femmes dans ce monde. Elle a toujours été une femme différente pour son époque. Féminisme dans l’âme bien avant que ce mot existe, elle était déjà, à un jeune âge, convaincue des inégalités hommes/femmes qui régnaient dans notre société. Elle se rendait bien compte que les garçons avaient des permissions et des droits que les femmes n’avaient pas. Cette prise de conscience a fait d’elle une battante qui a usé de détermination pour prendre la place qui lui revenait.

En se mariant en 1960, c’est avec l’obligation sociétale qu’elle a dû quitter son emploi de buandière au Centre hospitalier de Jonquière à Saguenay parce qu’à cette époque une femme mariée ne travaillait pas, les hommes ayant le rôle de pourvoyeurs.

De cette expérience pré-maritale, il y aura toujours eu dans ses yeux un mélange de fierté et de regret qui resurgit lorsqu’elle en parle. Elle aura dû attendre 10 ans avant de faire son grand retour au travail… et sans l’accord de mon père. Elle a revendiqué longtemps pour ce retour au travail qui amenait avec lui ce partage des tâches quotidiennes.

Question de se souvenir!  Ce n’est qu’en 1965 que les femmes obtiennent le droit d’ouvrir un compte en banque à leur nom et d’intégrer le marché du travail sans le consentement de leur mari. Difficile à croire aujourd’hui!

Malgré son peu d’instruction, cette femme avait du chien et partait remettre ses formulaires de demande d’emploi avec les dents serrées et une détermination sans limites. Elle décrochera un emploi à la Commission scolaire comme employée de soutien en cafétéria. Quelques années plus tard, elle obtiendra un poste qu’on appelle aujourd’hui un « métier non traditionnel ». Elle sera, jusqu’à son départ à la retraite aux abords des années 1994, la seule femme d’une commission scolaire de 1400 employés à occuper un poste d’homme d’entretien… nonnnn plutôt femme d’entretien si on féminise le terme, gagnant à ce titre le même salaire que mon père!! Avouons que ça passait difficilement!

Elle voulait ni plus ni moins être l’égale des hommes, faire le même métier et avoir le droit de faire sa place dans ce monde d’hommes. Sans le savoir, elle traçait ainsi la voie à d’autres femmes qui, aujourd’hui, occupent des postes similaires.

8 mars

La Journée internationale des femmes est une date charnière du calendrier féministe, toutefois, c’est pendant toute l’année que les efforts doivent se poursuivre vers une plus grande équité, une plus grande égalité.

Les avancées sociales, économiques et politiques sont notables, mais il y a encore du travail à faire. Comme le dit si bien Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

Souvenons-nous de cette journée pour dénoncer, encore aujourd’hui, les trop nombreuses discriminations, inégalités et violences à l’endroit des femmes, et ce, partout dans le monde. Nous y arriverons en continuant d’outiller les femmes vers une plus grande autonomie. Mais aussi en prenant soin de la santé de nos hommes dans leur quête d’identité masculine et surtout en rendant accessibles les ressources d’aide.

Collectivement, donnons-nous comme mandat la responsabilité de prendre en charge ces hommes mal dans leur peau, mal dans leur cœur ou encore en détresse afin qu’ils mettent des mots sur ce qui les habite. À ce chapitre, le regretté Guy Corneau a porté la cause des hommes et a ouvert la voix et la voie de l’émotivité masculine.

À juste titre, que l’on soit homme ou femme, nous nous devons de poursuivre les engagements déjà amorcés par nos sociétés pour se doter de moyens pour améliorer toujours plus nos conditions de vie.

Femmes et hommes vers un même but

Le féminisme est souvent associé à un projet sociétal de luttes de pouvoir, de combats et de revendications. Peut-être aurions-nous intérêt à travailler avec les hommes, les pères, les frères, les fils, les collègues de travail et amis pour ultimement créer des communautés qui s’enrichissent l’une et l’autre, des communautés plus saines et plus heureuses. Il serait peut-être intéressant de voir davantage d’hommes s’investissant à créer une société plus égalitaire et plus prospère.

Comme ma mère a été un exemple de persévérance pour moi, de résilience aussi et même de désobéissance, c’est par notre exemple que nos filles poursuivront leurs études pour accéder à des choix de métiers variés et à des carrières enrichissantes qui alimentent les milieux positivement. Souvenons-nous que nos filles ont besoin de modèles constructifs pour démanteler les préjugés tenaces encore présents dans certains milieux.

Ainsi nos filles seront habitées par un sentiment de dignité, de force et de possibilités où les limites seront infinies.

Une journée empreinte de possibilités

Donnons-nous le droit rêver grand et de autorisons-nous cette force de caractère. Déployons notre plein potentiel, rayonnons, faisons valoir nos compétences et nos valeurs. Développons notre résilience et notre détermination face aux enjeux. Autorisons-nous à vivre une vie à la hauteur de nos ambitions.

Enfin, cette journée du 8 mars, je la souhaite festive en soulignant haut et fort la solidarité qui nous relie tous et toutes.

Et au bout du compte, c’est la société tout entière qui en bénéficiera!

Sur ce, je vous souhaite une heureuse et lumineuse Journée internationale des femmes!

Johanne

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