À boutte… de quessé? - Les Radieuses

À boutte… de quessé?

Bon, il faut que j’en parle. Je me questionne sur tout ce phénomène des mères à boutte. En fait, ce n’est pas nouveau. Il y a eu Les chroniques d’une mère indigne il y a quelques années. C’était ludique, intelligent et surtout, nouveau. Mais là, il y a une épidémie de blogues sur le sujet, que se passe-t-il?

Bianca Longpré (Mère ordinaire) me fait d’ailleurs bien rire et elle a un talent certain pour la communication et un humour décapant. Je sais aussi qu’elle en met plus qu’il en faut parce que c’est devenu sa carrière et elle excelle dans son domaine. On sent, en plus, un amour profond pour ses enfants en filigrane.

Mais à boutte… signifie au bout du rouleau, ne plus en pouvoir; c’est quand même grave. Cet état ne peut perdurer sinon la vie devient un enfer. Je sais, je sais, cette expression est exagérée pour susciter de l’attention, mais quand même. J’ai récemment regardé la nouvelle émission de Canal Vie, Mères à boutte. Ah bien là c’est l’boutte. Il y a d’abord un avertissement au début de l’émission nous prévenant que le langage utilisé ne peut convenir à tous… voyons, de quoi peut-il s’agir pour qu’un avertissement soit à l’écran. Pour avoir fait de la télé, je n’ai pas souvent vu cela sur une chaîne comme Canal Vie. En plus, Canal Vie me rappelait toujours qu’elle voulait des émissions qui rassembleraient toute la famille à l’écran. Bon, ils ont pris un virage c’est certain, parce qu’il n’y a rien pour la famille là-dedans.

Mettons, que ça peut être divertissant pour certains ou certaines, mais franchement… De belles jeunes femmes à l’écran qui nous parlent de leur marmaille; jusque-là ça va. Mais à quoi bon savoir que l’une d’entre elles pensait qu’elle avait « envie de caca » lorsque ses contractions ont commencé. Une autre nous dit qu’elle est jeune pour avoir des enfants, mais que c’est toute sa vie et que ça ne l’empêche pas d’être sur le party. OK super.

Mais là, où mes cheveux ont défrisé c’est lorsque l’une d’elle a dit : « nos parents, nos grands-parents, n’avaient pas le temps de penser pis c’était une crisse de bonne affaire. Ils s’enfargeaient pas dans les fleurs du tapis… » Bien voyons donc, on s’est enfargées nous aussi, mais c’était juste un autre tapis. J’ai 59 ans, on n’est pas dans Les Pays d’en haut. On n’avait pas le temps de penser… tu veux rire.

On a tellement pensé, qu’on est allées comme plusieurs d’entre vous sur le marché du travail, avec un, deux et même trois enfants. On a couru les garderies, on avait 26 semaines de congé de maternité. Pour les pigistes comme moi, pas de congé de maternité. Vous dire comment j’ai pensé.

Qu’est-ce qui est le mieux pour moi, pour mes enfants, pour mon couple? De quoi vais-je avoir l’air si je pars travailler et que je fais garder mon bébé de quatre mois? Mes amies et moi avons réfléchi en masse, on a pleuré parfois, on s’est senties coupables, on a essayé de tout faire en inventant un mal de ventre pour être parent bénévole à une sortie scolaire. On est arrivées au bureau avec une petite gueulée de lait sur le chemisier, on a apporté dans les fêtes à l’école des tartes achetées et on les a mises dans des assiettes à tarte pour donner l’impression qu’on les avait faites comme les mamans à la maison.

On y a bien pensé justement. Pour certaines, le travail à l’extérieur semblait être le bon choix, pour d’autres c’était rester à la maison, mais le défi n’était pas moins grand.

On a été fatiguées, stressées, tannées, on a eu des pensées inavouables qu’on a partagé durant notre heure de lunch. Comme vous les filles, on s’est senties parfois dépassées. J’ai réalisé plus tard que nous les mères on se donne parfois trop d’importance, parce que dans l’équation de la famille il y a des pères qui font aussi du bon travail. Comment vont-ils en passant?

J’avoue que je suis un peu déçue de voir que les jeunes femmes d’aujourd’hui soient si à boutte. Je croyais que le chemin parcouru par nous, les femmes de ma génération, allait faciliter la vie de la nouvelle génération. Il semble qu’on n’en soit pas là.

Bon, j’imagine qu’il y a des constats à faire. Les choses ne changent pas tant que ça. Seule la perception des choses change.

Mais à bien y penser, avoir trois filles a été ma meilleure décision.

Et je vous dirais en terminant les filles qu’au lieu de dire que vous êtes à boutte, vous devriez vous dire que vous êtes au boutte.

7 Comments
  1. Je suis entièrement d’accord avec vous Christine, moi j’ai 62 ans, j’ai eu trois enfants, j’étais sur le marché du travail, je m’impliquais dans les comités de parent, je suivais des cours du soir pour améliorer mon efficacité au travail et j’avais une assez bonne vie sociale les fins de semaines. On nous appelais des super moms!
    Alors, moi non plus je ne comprends pas les jeunes mamans qui sont à la maison avec 1 ou 2 enfants et qui se disent à boutte! Qui on besoin de la garderie parce qu’elles ont besoin d’un « break »? Comme vous dites à boutte de quessé?
    Çà m’a fait du bien votre lecture ce matin, merci.

  2. Je n’ai pas vu le documentaire mais je viens de vous lire. Je vais avoir 63 ans dans un mois. Vrai que ça me trouble un peu quand je vois ça . Il y a certainement quelque chose qui a changé dans les 20 dernières années pour causer cette situation. Oui en effet quand je suis retournée au travail après mon 1er bébé :elle a eu 4 mois le lendemain de mon retour. J’ai pleuré toute la journée lors de mon retour. Mais il a fallu que je me ressaisisse. Par la suite des problèmes avec le gardiennage ( milieu familial). Il n’y avait pas de CPE dans le temps. Oh là là j’en ai vécu des situations stressantes. Obligé de se virer de bord vite, personne autour pour nous dépanner. Au travail : pas de congé familial ni même de banque de maladies.Je travaillais quand même pour une grande entreprise mais ce n’était pas courant les congés dans le temps. Donc au minimum les absences ( même si mon bébé avait souvent otites et autres virus). Beaucoup d’inquiétudes et si je me suis absentée ( très rarement) j’ai dû dire que j’étais malade sinon je n’aurais pas été payée.
    ça m’inquiète ce: »au boutte » et j’aimerais comprendre d’où il vient? Car j’ai pu observer de près depuis quelques années un épuisement chez des jeunes dans la vingtaine et ça m’interpelle.
    Ah oui et en passant :j’ai toujours eu un très gros hamster dans ma tête depuis mon enfance. J’analyse, réfléchis, cherche à comprendre etc 🙂

  3. Très beau texte comme toujours. Je crois que les réseaux sociaux y sont aussi pour quelque chose…
    Ça prend beaucoup de notre temps et ca en laisse moins pour faire autre chose.
    Pas toujours facile d’être une maman ❤️

  4. Bel article! J’espère que tu la fait parvenir à Canal vie. Pour ma part mon rôle de mère fût et est toujours valorisant et encore plus important celui de grand-mère .

  5. Et voilà. Juste rétablissement des faits Christine et en des mots qui coulent bien comme à ton habitude. Une mère monoparentale « à boutte », c’est bien compréhensible et malheureux. En couple, je comprends moins car la majorité des hommes font grandement leur part depuis belle lurette. C’est certain qu’il y a des exceptions. Ce que j’ai pu constater en regardant évoluer de jeunes couples avec 1, 2 ou 3 enfants, c’est la nostalgie d’une grande liberté et du manque de sommeil réparateur qu’offrait une vie de célibataire. Une vie familiale, c’est aux antipodes de l’individualité, c’est le don de soi ultime et pour très longtemps … la réalité les rattrape, comme ce fut le cas pour toutes les femmes et hommes de ce monde. Ils ont sûrement été « à boutte » plus souvent qu’à leur tour. Et ces mères et pères d’aujourd’hui relèvent toute de même avec brio le défi de réussir leur nouvelle vie de famille des temps modernes en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Comme tu as raison, vaut plutôt les qualifier « d’au boutte ».

  6. Et bien moi j’ai 36 ans et je suis à boutte des mères à boutte. Contrairement à vous, moi Bianca Lonpré, pas capable son personnage. On dirait que c est la mode de se dire que tout est le bordel et hop! Buvons du vin! Et bien et les ptites mères de mon entourage on trouve pas ça si pire que ça avoir une famille, un chum et travailler. Nous sommes même comblées!
    Pour en revenir à l’émission de canal vie, pour ma part, j’aime. Ce sont des mères de différents milieux qui donnent leur avis sur un sujet. Tout n’es pas négatif, dépendamment de qui parle. C’est une émission d’opinion. Et je crois que Canal Vie a choisi ce titre parce que c’est à la mode d’être à bout avec toutes ses blogueuses qui inondent le web avec leurs histoires de femme qui n existent plus depuis qu’elles ont des enfants. Elles sont, selon moi, pathétiques et beaucoup trop présentent! Elles en font même des spectacles où les gens paient pour l’entendre chialer sur ses enfants et son mari. Aller prendre un café avec une copine ça va vous coûter moins cher.

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