Comment décrire cette femme aux multiples talents : animatrice, auteure, claveciniste, mère de deux jeunes adultes et conjointe. L’expression femme orchestre ne peut pas mieux convenir.
Impressionnante Catherine Perrin
Catherine Perrin est une femme inspirante et impressionnante. Jeune cinquantaine, elle semble avoir une discipline d’enfer, pour animer de main de maître son émission quotidienne à la radio de Radio-Canada Première.
« C’est ma huitième saison de Médium large et je le fais encore avec beaucoup de plaisir. Mais en même temps c’est un peu pour cela que je m’arrête. Si j’arrive à tenir le coup, c’est que j’ai une équipe. Mais je dois lire des livres, regarder des séries, des films. Ce genre de choses que beaucoup de gens feraient par loisir, moi je dois le faire d’une manière très concentrée et pas le jour que je choisis. »
En contrepartie, c’est un travail qui lui permet d’aller au fond des choses. Elle se trouve chanceuse.
Un saut dans le vide…
Malgré tout le plaisir qu’elle prend à faire son travail, Catherine Perrin le quittera à la fin de la présente saison; sereinement, dira-t-elle. C’est l’aboutissement d’une longue réflexion. Elle désire quitter quand tout va bien et éviter la désagréable impression de se répéter sans apporter du neuf.
Certains évènements ont accéléré sa prise de décision. Durant ses huit années d’antenne, elle a perdu ses deux parents et ses deux enfants sont devenus des adultes. Elle se dit en pleine forme et pleine d’énergie pour profiter de ce moment où les obligations sont moindres afin d’effectuer un virage.
« Mais il n’en demeure pas moins que c’est un saut dans le vide pour moi. La direction n’avait pas l’intention de faire des changements dans ce créneau-là… C’est moi qui ai pris la décision, mais j’aime tellement la radio. »
En primeur… de nouveaux projets pour Catherine Perrin
Elle a lancé un projet social! Une plateforme de contacts entre les centres de francisation aux immigrants, le milieu culturel et les médias publics. Il s’agit de stimuler l’écoute des médias publics francophones par les nouveaux arrivants ainsi que leur fréquentation des salles de théâtre et de spectacle. Elle disposera donc désormais du temps nécessaire pour faire avancer ce projet.
« C’est cliché, mais j’ai envie de redonner », dit-elle.
Aussi, malgré un projet de tournée avec une petite formation musicale, elle affirme ne pas quitter son émission pour devenir musicienne à temps complet.
Sa famille…
Ses deux grands sont maintenant autonomes. « C’est très agréable, dit-elle, je fais des sorties culturelles avec eux, ils viennent au chalet, on va manger ensemble. C’est une autre relation et j’adore cela. Mon fils termine sa résidence en médecine familiale et ma fille travaille comme cuisinière et à temps partiel elle est mannequin. Je vais dans d’autres univers avec eux et c’est très intéressant. »
La radio… passion d’enfance
Catherine Perrin a fait des études supérieures en musique et détient un certificat en communication. Elle est tombée amoureuse de la radio à la suite d’une mononucléose à 13 ans. À ce moment là, trop faible pour écouter la télé, elle adopte la radio.
Elle a commencé en animant des émissions musicales sur la chaîne culturelle de Radio-Canada qui diffusait alors de la musique classique à 90 %.
Elle dit avoir reçu beaucoup de sa formation musicale, mais avoue candidement ne pas être un génie ou avoir été un enfant prodige. La musique lui demande beaucoup d’énergie contrairement à son conjoint, également musicien. « Il peut ne pas jouer de son instrument pendant trois semaines, le reprendre quelques jours avant un concert et ça va. Il a une lecture à vue démoniaque, il a un système nerveux à toute épreuve, une concentration sans faille. Pour lui c’est naturel. »
Le naturel équivalent chez Catherine Perrin, c’est de faire une entrevue à la radio. « J’ai une grande concentration quand je fais des entrevues, je peux lire un communiqué rapidement et faire une entrevue à une minute d’avis. »
L’auteure… Catherine Perrin
En 2014, elle publiait La femme discrète. Lorsque sa mère est décédée, Catherine a voulu en savoir plus sur cette maladie rare qui l’avait affligée sa mère fin soixantaine;une maladie dégénérative qui affecte à la fois les mouvements, l’équilibre et la mémoire; le syndrome corticobasal.
« Ma mère était une femme lumineuse, attachante, formidable, mais souffrante. Toute sa vie, elle a eu des douleurs abdominales inexpliquées. Elle a vu plusieurs médecins qui ont essayé de comprendre ce qu’elle avait. Il n’y avait aucune explication sinon un spasme, une tension intérieure. Elle a fait un infarctus inexpliqué. Il y avait une contraction intérieure en elle.
Dans la cinquantaine, au cours d’un traitement d’ostéopathie, ma mère a vécu un phénomène de mémoire retrouvée; elle a vécu une espèce de crise incroyable et s’est rappelé qu’elle avait été abusée sexuellement à l’âge de 5 ans. Elle a revu tout le contexte. »
On appelle ça la mémoire refoulée. Catherine avait besoin de comprendre comment le corps peut transformer un traumatisme comme ça, le couper de la mémoire consciente et faire autant de dégâts en restant bloqué dans la mémoire émotionnelle.
Catherine a réussi à écrire ce livre malgré la charge de travail de son émission parce qu’il répondait à l’urgence de pallier les effets du deuil.
Le sujet de son prochain livre a été un peu déclenché par la mort de son père qui était un grand mélomane. Il portera sur la musique… à moins que tout ne se transforme en cours de route…
Ce n’est qu’un au revoir…
Catherine Perrin prendra la route cet été et, pacte oblige, elle et son conjoint éviteront l’avion pour aller se promener vers les Grands Lacs. Sinon elle se retrouvera à la campagne où elle aime nager dans son lac, écrire, recevoir des amis.
L’automne sera rempli même si rien encore de précis n’est à l’agenda. Chose certaine, par bonheur, nous n’avons pas fini d’entendre Catherine Perrin.
4 Responses
Great, I really like it! Youre awesome
Le départ de Catherine de cette émission matinale est une grande perte pour les auditeurs et je doute fortement que sa remplaçante soit à la hauteur.
Effectivement comme dit Thérèse Pedneault, nous avons perdu beaucoup lorsque Catherine est partie. Sa remplaçante n’est pas de la même trempe que Catherine. Ce fut un réel plaisir d’en être accompagnée pendant mes trajets de 2 heures vers Montréal.
Je suis parfaitement d’accord avec Thérèse Pednault et Louoise Hunault. J’aimais beaucoup Catherine Perrin dans Médium Large, son sens de l’à-propos et surtout sa capacité d’écoute. Elle avait peut-être un canevas en tête quand elle interviewait un(e) invité(e), mais elle le (la) suivait, ce qui lui permettait – et nous permettait – d’aller parfois ailleurs qu’à l’endroit escompté. J’ai eu le plaisir de la retrouver, et d’échanger avec elle, lors du spectacle qu’elle a conçu et coanimé au Grand Théâtre de Québec sur « Scott Ross, trente ans déjà ». Merci Catherine!