La vie est parfois surprenante, et permet que des rêves longtemps chéris se réalisent, même au-delà de la mort… La famille d’Andrée en a eu la preuve!
Je m’appelle Hélène et j’ai fait de la mort mon univers il y a bien longtemps déjà : plus de deux décennies, en fait!
Ça peut sembler déprimant, mais c’est tout le contraire. Tout en cheminant dans l’apprivoisement de ce passage, je crois profondément que chaque personne qui traverse notre route est une source d’enseignement et d’inspiration sur notre chemin d’évolution.
Et qu’il importe, à la suite d’un décès, de prendre le temps de nous arrêter pour reconnaître ce qui a été transmis et ensuite de s’en inspirer afin de donner plus de sens encore à l’existence.
Département des moments
Voilà pourquoi je suis honorée d’avoir été recrutée par l’entreprise québécoise Département des moments. Notre mission est de concevoir des célébrations de vie sur mesure en deux volets : AVANT un départ pour les gens malades et en fin de vie, et aussi APRÈS un départ, comme une option lumineuse aux funérailles traditionnelles.
Une célébration de vie unique
J’ai envie de vous raconter une célébration conçue l’an dernier et qui me porte encore : celle d’Andrée, une femme forte, autonome et inspirante, qui comme chacun et chacune d’entre nous a laissé sa trace tout au long de ses 86 ans.
Je sens toujours comme un immense privilège le fait de pouvoir rendre hommage à une personne qui, au fil de son parcours, a su se tailler une place dans le cœur des personnes qui ont eu le bonheur de croiser sa route. Soutenue par la complicité de sa fille Esther, je me donne d’emblée l’objectif de découvrir qui était Andrée, et ce que la famille souhaite faire ressortir de son héritage pour personnaliser son événement. Tout est pensé dans les moindres détails pour que cette journée spéciale, malgré les émotions que cela ne manquera pas de susciter, offre à la famille l’opportunité de pouvoir honorer la mémoire d’une grande dame qui a eu le sens de la famille jusqu’à son dernier souffle.
J’apprends d’abord que l’Université de Sherbrooke est un élément important dans l’histoire d’Andrée puisqu’elle rêvait d’y obtenir un diplôme.
De plus, beaucoup de personnes dans la famille ont eu des liens avec ce lieu d’enseignement ou y ont elles-mêmes obtenu leur diplôme… des graduations qu’Andrée ne manquait pour rien au monde, vivant peut-être un peu à travers eux son propre rêve.
Eh bien, c’est finalement au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke qu’on nous accueille pour concrétiser ce grand rassemblement; une perspective qui réjouit vraiment la famille! Ils ignorent toutefois totalement que j’ai planifié pour Andrée une collation des grades, incluant un cadeau secret à la toute fin…
Des souvenirs marquants
Quelle excitation de sentir qu’il y a la possibilité, dans un moment aussi significatif, d’adoucir quelque peu leur peine et, surtout, de finalement concrétiser le rêve de leur mère.
Comble de bonheur : la fameuse petite valise grise qui a servi à de nombreux pique-niques en bord de route, dans une période de leur vie où le clan habitait l’Europe, existe toujours; elle trône donc sur la table, où de nombreux autres souvenirs précieux sont rassemblés.
Et comment ne pas parler du surprenant buffet de bonbons de mamie, un souvenir mémorable pour les petits-enfants avec leur grand-mère. Je suis d’ailleurs ravie de constater que ce ne sont pas que les petits qui s’en donnent à cœur joie!
Le clou de la cérémonie est sans contredit « la graduation d’Andrée ».
Après de nombreux témoignages touchants de la part de plusieurs membres de la famille, suivis d’une rétrospective de sa vie en diaporama, je sors de ma cachette les fameux petits foulards jaunes dont se sert l’Université de Sherbrooke pour la collation des grades (plutôt que les traditionnels mortiers noirs). La foule se met aussitôt à les agiter joyeusement sous le regard ébahi de la famille, pendant que joue une des pièces préférées d’Andrée, L’hymne au printemps, qu’on chantonne en harmonie.
Puis le diplôme honorifique encadré, copie conforme de ceux remis aux finissants de l’Université de Sherbrooke, est remis à ses enfants au nom de leur mère.
Regards d’étonnement, d’émotions, puis de fierté aussi, sachant que c’était son rêve le plus cher que nous venons de réaliser.
Un hommage à la vie significatif
J’ai vraiment l’impression après ce rituel d’hommage à la vie que nous venons tous.tes ensemble de boucler la boucle, et que la vie pour cette famille pouvait maintenant suivre son cours.
J’aime profondément cette vocation qui est mienne de faire une différence dans une étape aussi exigeante que le décès d’un être cher, parce que je considère la mort comme un moment tout aussi sacré que la naissance, qui met en lumière la concrétisation de notre chemin de vie.
Je peux l’affirmer avec certitude : il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves!
Et ici, ce fut mission accomplie…
J’aime ma vie!
Et vous, la vôtre?
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