Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé écrire. Je ne parle pas nécessairement d’écrire une histoire, mais bien de l’action de prendre un crayon pour former des lettres sur du papier. J’adore les beaux cahiers, les plumes originales, les Mont-Blanc autant que les stylos pas chers que j’achète pour un organisme à la sortie d’un commerce. Je les aime surtout quand l’encre ne se fait pas prier pour s’étendre sur la feuille. Je les choisis de couleurs vives pour dédicacer mes romans dans les salons du livre.
Sans encore m’accoler le statut d’écrivaine (parce que pour moi, un écrivain est quelqu’un qui vit de sa plume), je peux maintenant me considérer comme une auteure (autrice est le mot plus en vogue, mais ce féminin ne me revient pas) avec une 6e publication qui vient de paraître. Charlie-Rock 2 – Destination liberté est mon 5e roman. Je suis en révision de mon 7e ouvrage dont la sortie est prévue au printemps prochain.
Il est bien évident que je n’écris pas mes livres à la main. Mais mes idées, l’âme de mon histoire elle, est bien encrée dans mon plus joli cahier du moment ou parfois un simple carnet de notes, mais avec une image évocatrice en couverture.
J’aime écrire.
J’ai toujours écrit.
Des journaux intimes, des productions pour l’école, des lettres (oui, oui, celles qu’on dépose dans une enveloppe et qu’on poste), des cartes postales, des documents de recherche, des préentrevues. Vous savez, les entrevues que les recherchistes exécutent avant la visite d’un invité pour confier un dossier complet à l’animateur afin de l’aider à réaliser son interview. J’en ai écrit des centaines et je prends mes notes à la main avant de les retranscrire à l’ordi. J’appuie plus fort sur mon stylo lorsque la personne au bout du fil me parle avec émotion.
Je célèbre mes 30 ans de carrière cette année dans l’industrie de la télé. Je me suis toujours donné la mission de raconter une histoire dans mes rapports de recherche, parce que peu importe si la personne est une vedette ou une parfaite inconnue, elle a SON histoire. Et raconter des histoires, c’est mon dada. Des réelles, parfois tristes et troublantes, comme la dernière série documentaire sur laquelle j’ai bossé. Des inventées, comme mes romans, même si je m’inspire à l’occasion de parcelles de vie de mon entourage.
Ayant œuvré plusieurs années pour des émissions jeunesse, j’ai commencé à écrire sur le tard des romans pour enfants et ados. Je continue de prendre des contrats en télé sinon, ça me manquerait, mais l’écriture prend de plus en plus de place. Et j’ai l’immense privilège d’être publiée. Parce qu’il faut le préciser, aimer écrire ne fait pas nécessairement de nous un bon auteur. Être publié, non plus. Il faut bûcher vraiment fort, réécrire, réviser, corriger, et réécrire pour arriver à un produit qui ne sera, à notre grand désarroi, jamais final.
Pour écrire de la fiction, il faut avoir une certaine imagination, être fin observateur, mais surtout, coucher les mots sur papier de façon structurée, avec sensibilité et style ce qui nous trotte dans la tête depuis des semaines, des mois, voire même des années. Maintenant à savoir si le résultat est réussi, on laisse notre éditeur en juger, mais surtout, nos lecteurs.
Écrire, c’est aussi avoir écrit. Et quand monsieur Purolator livre ma boîte d’exemplaires de mon dernier roman, je vis quelque chose de profond : je suis émue, fière, et je laisse échapper un soupir ambigu à la fois de soulagement et de terreur. Mais rendu là, il faut lâcher le bébé et advienne que pourra.
Quand je réussis à raconter une histoire que j’aurais aimé lire, j’éprouve une immense satisfaction.
Quand un lecteur me regarde droit dans les yeux en me témoignant qu’il a ri ou versé une larme, je suis comblée.
Quand une jeune fille m’écrit qu’elle s’est reconnue dans mon héroïne et s’est sentie moins seule, c’est mon salaire.
Et si un jour, mes romans se retrouvent au palmarès des meilleurs vendeurs, je pourrai enfin déclarer : je suis une écrivaine!
Et vous, quelle est votre relation avec l’écriture?