Lorsqu’elles affichent le mot « ouvert », on peut bel et bien dire que l’été est arrivé! Les cantines du coin sèment inévitablement le bonheur : « Comme l’a dit une dame dans le film, comment peut-on être triste en mangeant une poutine? » rigole le réalisateur d’ « Esprit de cantine ».
Et on doit l’avouer, il a bien raison!
Nicolas Paquet s’est tourné vers ces lieux mythiques de région, non pas pour y manger mais bien pour en faire un portrait. Pour lui, les casse-croûtes sont un réel phénomène de société : « Ce sont des lieux vivants qui font partie de notre paysage mais aussi de notre culture! On doit en être fiers! Je m’intéresse beaucoup à l’identité rurale. Dans les médias, on voit toujours les mêmes sujets : les usines qui ferment, l’exode des jeunes, le manque d’argent… J’ai voulu montrer une autre facette de la vie en région. En plus, ce que je trouve beau, c’est que ce sont des endroits qui ont su se tenir debout face aux grandes chaînes de restaurants. »
Ce documentaire s’écoute avec le sourire. On assiste à des scènes du quotidien, à des échanges savoureux entre propriétaires et fidèles clients. « Souvent, ce sont des femmes qui sont propriétaires et gérantes. Sur une cinquantaine de cantines visitées à travers le Québec, seulement deux étaient menées par des hommes. La majorité appartenait toujours à des femmes dans la cinquantaine et plus. Ces femmes-là qui, bien souvent ont travaillées pour d’autres dans le passé, ont acheté leur propre cantine puisque ça s’avère être une entreprise accessible qui ne demande pas un gros investissement. En démarrant leur propre entreprise, ça leur a permis de continuer à travailler parmi le monde et de donner de l’emploi à leurs enfants. Souvent, les filles reprennent le casse-croûte quand la mère décide d’accrocher son tablier et de prendre sa retraite. » Mais pas dans le cas de Mimi, un des personnages phares du film qui, dans un échange avec sa fille, lui conseille de poursuivre ses études « pas parce que ce n’est pas une bonne job. Mais… »
Nicolas poursuit : « Je montre deux aspects dans mon film: Au Connaisseur, la cantine de Tadoussac, il y a beaucoup de tourisme, l’été ça bouge! Mais je ne me doutais pas à quel point Nathalie, la propriétaire, se démenait pour assurer une longue vie à cette institution.
Dans mon village de St-Alexandre-de-Kamouraska, c’est plus industriel et agricole. Il y a un comptoir de 10 places assises et c’est là que se font les échanges entre habitués. Tous les jours à la même heure, il y a les mêmes visages. Avant, il y avait le perron de l’église pour se rassembler, maintenant la cantine occupe ce rôle dans les villages comme le mien. C’est devenu le lieu pour échanger, socialiser. En plus, il y a une sorte de fierté face à notre cantine de village, on en est tous un peu chauvin : les meilleurs burgers viennent toujours de chez nous! » dit-il en riant.
Les personnes qui habitent le film sont fortes, attachantes, vraies. On voit trop peu de ces femmes qui s’investissent et qui répandent le bien autour d’elles à coup de sourires et de patates maison. On assiste à des moments de réconfort, d’authenticité et on termine le film dans un état de légèreté, et avec une seule envie : se diriger vers notre cantine pour y voler quelques instants de bonheur!
Le film sera disponible en salle dès le 20 avril
À Sherbrooke, à la Maison du cinéma
À Montréal, au Cinéma Beaubien
À Québec, au Cinéma Le Clap