J’aime profondément la télé. Être témoin de vies fictives palpitantes, écouter des intervieweurs de talents poser des questions à des gens inspirants, être sur le gros nerf, m’offusquer de certains propos, c’est ce que me fait vivre la télé en tant que consommatrice.
J’aime tellement la télé, que j’y travaille depuis 30 ans. Je donne même un cours d’initiation à des jeunes qui désirent travailler dans ce milieu et voici ce que je leur dis : « si on veut faire de la télé, il faut en consommer ». J’ai des collègues qui, tout comme moi, travaillent en télé et n’en regardent pas. Je ne les juge pas, mais je ne les comprends pas.
C’est fou tout le travail qu’exige une production télé. On s’investit, on ne compte pas les heures. Mais, on ne sauve pas des vies, ça, j’en conviens. Il y a plus noble comme métier. Pourtant on a la chance d’être reconnus par nos pairs, chaque année dans un gala qui s’appelle Les Gémeaux. Tout le monde devrait avoir un jour son petit trophée bien en vue sur sa tablette de cheminée ou sur sa table de salon. Un ambulancier qui réanime un patient, une infirmière qui en est à son 2e quart de travail de suite pour la 3e fois en deux semaines, un préposé aux bénéficiaires qui console une vielle dame seule et malade, un pompier qui sort le chien, prisonnier d’une maison en feu, un éboueur qui termine sa journée durant une canicule, et j’en passe. Mais je m’éloigne du sujet.
Je suis accro à la télé. Je l’avoue. En début de saison télévisuelle, j’enregistre tout (pas tout, quand même) et j’épure ensuite. Qu’est-ce que je vais continuer d’écouter? Mes critères : je dois bien évidemment embarquer, ressentir des émotions, apprendre, être étonnée, mais il m’arrive de poursuivre l’écoute d’une série, même si elle ne m’allume plus autant qu’à ses débuts. C’est comme une certaine forme de fidélité, un respect pour les artisans. Je sais, c’est exagéré.
D’ailleurs, avec la saison d’hiver 2019, plusieurs nouvelles fictions ont fait leur apparition. Et puisque je consacre trop d’heures d’écoute à ma 50 pouces 4K, je dois prendre des décisions. Vais-je laisser aller une série que je suis depuis le début parce que je dois me rendre à l’évidence qu’une nouvelle m’a plus séduite? La grande question! Je devrais plutôt me restreindre et utiliser mes heures libres à faire de l’exercice, lire plus de romans, faire du crochet, de la méditation, des conserves, de la peinture à numéro, ou je ne sais quoi. Mais une dépendance, ça ne se guérit pas en criant lapin.
Heureusement, il y a des émissions sociales ou scientifiques que j’enregistre hebdomadairement que je supprime sans les avoir visionnées au préalable si le sujet ou l’invité ne m’intéressent pas.
Certains disent que la télé va mourir, que les jeunes ne l’écoutent plus, que ça ne se passe que sur le web. Ce n’est pas faux, mais je ne crois pas que la disparition de cette plateforme soit pour demain.
Étant une fan de télé, j’écoute évidemment le show par excellence où on la critique : « C’est juste de la tv » à ARTV. Imaginez le job de rêve de ces chroniqueurs : gagner des sous en écoutant la télé. Toutefois, jamais je ne ferais ce job. Je connais trop les rouages de la télé pour savoir que si un scénario semble déficient, ce n’est pas nécessairement à cause du scénariste. Si l’on sent que la réalisation cloche, il peut y avoir bien d’autres facteurs que juste un mauvais réalisateur. C’est connu, les budgets sont de plus en plus petits et les artisans doivent faire plus avec moins. Alors, je ne dis jamais (ou presque) qu’une émission est pourrie. Elle ne m’intéresse pas, elle ne m’atteint pas, elle m’indiffère.
Plusieurs raisons peuvent motiver ma dépendance :
Les pays d’en haut : parce que je trouve Séraphin sexy (je parle évidemment du Séraphin nouvelle version, incarné par le beau roux, Vincent Leclerc).
L’heure bleue : À cause de Benoit Gouin sur qui j’ai toujours eu un crush.
District 31 : Luc Dionne est tout simplement mon idole. Je voudrais être Luc Dionne.
Lâcher prise : les répliques savoureuses d’Isabelle Langlois, l’auteure.
Unité 9 : un milieu qui m’intéresse puisque j’y ai déjà travaillé.
Y’a du monde à messe : pour Christian Bégin qui reste un personnage même en intervieweur et dont j’apprécie les questions en 2 volets.
Pour emporter : une entrevue durant une heure avec la même personne dirigée de mains de maître par la talentueuse France Beaudoin, le tout dans un concept qui met en valeur les mots. Juste wow! Prendre le temps en télé aujourd’hui est un luxe.
J’ai un faible pour les projets de Sébastien Diaz. « L’effet Wow » est son magazine culturel nouveau genre qui prouve que la télé peut encore se réinventer.
J’adore « Le gros laboratoire », 100 cobayes qui participent à des expériences d’ordre psychologique, social et physique sous la direction de Jean-René Dufort et Marie-Pier Élie. C’est drôle et très divertissant.
Bon, je pourrais continuer longtemps comme ça. Je me suis restreinte à ce qui se crée chez nous. Je suis accro parce que dans chaque émission que je décide de suivre, il y a des comédiens, des scénaristes, des animateurs, des recherchistes, des concepteurs que j’admire ou encore une histoire fascinante qui me sort complètement de mon quotidien. Mais par-dessus tout, je suis consciente de tous les efforts déployés avant qu’elle arrive dans mon salon.
Non, la télé ne sauve pas des vies, mais elle peut parfois nous procurer un bien fou!
Une réponse
Bonjour,
Je suis entièrement d’accord avec Madame Pagé. Je ne sais si je suis accro comme elle, mais j’adore regarder la télé. Je la trouve divertissante. En général, elle me détend, je la regarde pour apprendre, découvrir, rêver et aussi revoir les émissions de mes collègues ou les miennes (j’en fais bénévolement). Cela me procure du plaisir même s’il y a beaucoup de travail à la préparation d’une émission.
Au Québec, il y a plusieurs comédiens chevronnés. Quel bonheur de regarder, Une autre histoire, Les honorables, Ruptures la saison dernière et tant d’autres.
Certes faire de la télé ne sauve pas des vies mais, procurer du bonheur à autrui fait partie de la vie.