Vous vous souvenez des publicités de Liberté 55 ? Un gars dans la trentaine, en complet cravate, qui court à côté de lui-même à 55 ans sur un board walk de bord de mer et qui n’en revient pas de ce qu’il est devenu.
Il y a celle où Anne Dorval est en chercheuse scientifique et se parle à elle-même 23 ans plus tard dans une villa des tropiques.
Sophie Lorrain dans une vieille voiture qui jase avec son futur, 25 ans plus tard dans une décapotable rouge… encore dans le sud.
Mais pourquoi la liberté est-elle toujours représentée dans le sud ? J’avoue qu’en plein mois de mars au Québec, on rêve pas mal tous de ça.
Bref, Liberté 55 est un concept de la London Life qui se vante de donner de bons conseils pour en arriver là. Mais qui, à part le typique baby-boomer qui a bénéficié d’un poste permanent et le fonds de pension qui venait avec, peut vraiment vivre cette liberté 55 ? On n’a malheureusement pas eu l’équivalent d’un Pierre-Yves McSween à cette époque pour nous dire de commencer à ramasser de l’argent à vingt ans, ne jamais acheter un bidule si on n’en avait pas vraiment besoin, ne pas aller en voyage et toujours rouler en vieille bagnole. Vie plate, retraite heureuse ! Désolée, j’ai beau trouver les propos de ce sympathique comptable tout à fait logiques, mais je n’ai pas encore réussi à faire partie de sa secte ! J’ai quand même contribué à son enrichissement en achetant un exemplaire de son livre. ? Mais, je m’éloigne de mon propos…
Je viens d’atteindre l’âge vénérable de 55 ans, celui où l’on commence à tirer profit d’un 10% les mardis et jeudis chez Provigo et je-ne-sais-plus-quel-jour chez Jean Coutu. Je n’ai jamais connu la permanence depuis que je suis sortie de l’université. Je suis une « border baby-boomers-génération X ». De bonnes années, d’autres moins prolifiques. Sans que l’on ait nécessairement besoin de faire le point, à 55 ans, l’heure des bilans nous tombe dessus comme une pluie de crapauds. Réfléchir à ce qu’on veut faire pour les quelques années qu’il nous reste à être actif sur le marché du travail est une tâche plutôt ardue… enfin pour moi. On a envie d’être appréciée à notre juste valeur et on sent à des milles à la ronde les contrats qui ne seront qu’alimentaires. On vise la liberté. Peut-être pas celle de la London Life, mais du moins, une liberté d’esprit, de cœur.
Pour ce billet, j’ai tenté de compléter la phrase suivante : je suis libre parce que… et vous savez quoi ? Je n’y suis pas arrivée. Ah, bien sûr, je pourrais dire « je suis libre parce que je vis dans un pays ou je bénéficie d’une liberté d’expression ». Je mange à ma faim, je peux même me payer quelques luxes. J’ai un toit, etc. C’est juste tout ça, mais c’est trop générique. Je voudrais répondre à cette question plus personnellement. Moi, Maryse Pagé, 55 ans, je suis libre parce…
Essayez, vous allez voir que ce n’est pas si facile de sortir des clichés. Par exemple, si je dis : je suis libre parce que mes enfants sont adultes. C’est faux, parce que je continue de m’inquiéter pour eux, et s’inquiéter, ce n’est pas être libre. Si je dis : je suis libre parce que je peux refuser les contrats qui ne me tentent vraiment pas. Encore faux puisque je ne me sens pas à l’aise de ne pas contribuer à la cagnotte familiale. Bref, je n’y arrivais tout simplement pas.
J’ai donc fait un petit sondage auprès de mes amis Facebook et voici quelques réponses que j’ai particulièrement appréciées :
Je suis libre parce que…
Je suis moi-même – Lily
Je fais ce que j’aime pour gagner ma vie – Nathalie
J’ai osé dans la vie – Dany
J’ai fait la paix avec mon passé – Maggy
Je n’essaie pas de conformer ma vie pour réconforter la norme – Geneviève
Je regarde en avant – Nadine
J’ai choisi de briller et de m’assumer de toutes mes couleurs – Marie-Élie
Les deux suivantes sont empreintes d’une sagesse que j’envie :
Je ne me fais pas d’illusions sur le fait que je le suis, mais j’ai fait la paix avec cette réalité – Martine
Je suis sereine avec le fait que je ne le suis pas toujours – Isabelle
La grande gagnante pour moi, une liberté qui m’interpelle, une façon de vivre que j’aimerais assimiler :
Je suis libre parce que je n’ai pas d’attentes ou presque dans plusieurs aspects de ma vie – Marie-Julie
Wow ! Et si c’était ça la liberté ?
3 Responses
Très belle réflexion,mais maintenant je me pose une question…… » pourquoi je ne suis pas libre? »….
Wow, quel beau texte. Je me suis reconnue dans vos propos d’une grande justesse. Et moi je dirais que je suis libre parce que je m’assume enfin totalement avec tous mes défauts qui vont avec.☺
Je suis libre depuis que je me choisi ! Je me défais de ce qui est nocif dans ma vie, y compris des personnes et ce même si je les aimes!!!!!