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« L’amour au temps du DSQ »

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51 ans, 9 mois et 4 jours.

C’est le temps que Florentino Ariza mettra à patiemment attendre la femme qu’il aime, mariée à un autre.

51 ans, 9 mois et 4 jours.

C’était « L’amour au temps du choléra ».

Bien qu’elle soit totalement inventée, on est en droit de se demander (et de rêver) à une telle histoire.

Aujourd’hui, nous en sommes à « L’amour au temps DSQ ».

Pour les gâtés du système, j’entends ceux qui ont un accès à un médecin de famille, le DSQ  (Dossier Santé Québec) est comme le Wikipédia de votre état de santé. Il y a tout dans votre DSQ : vos prises de sang, vos tests d’urine, votre dernière échographie et même votre première mammographie.

Il y a aussi vos résultats d’ITS. Je sais, dans mon temps on parlait de MTS (maladies transmises sexuellement). Aujourd’hui, comme pour rendre ça plus joli ou moins culpabilisant, ce sont vos résultats d’ITS qui y sont inscrits. Toutes ces vilaines infections transmises sexuellement, qui, parfois peuvent sérieusement hypothéquer votre santé et votre avenir y sont détaillées. Vos traitements aussi.

Depuis quelques temps, les médecins ont observé une recrudescence de ces saloperies.

« Bof, y’a un médicament » se disent trop de gens. Pourtant, il y a de ces femmes qui, pour une aventure d’un soir, ont perdu le privilège d’avoir des descendants.

Le « bof, y’a un médicament » devient soudainement un « merde, je n’aurai jamais d’enfants !!!  »

Collectivement, nous avons banalisé ces maladies que l’on appelait autrefois, honteuses.

Il m’est aussi arrivé d’être imprudente. « Mais ne l’avons nous pas tous pas été ? » je vous entend me demander comme pour se déculpabiliser d’une décision d’étourdie prise à grand coup d’endorphines.

Récemment, j’ai fait la rencontre d’un homme. Après quelques jours seulement, sans embâcles et sans une once de gêne, il m’a demandé d’avoir mes plus récents résultats d’ITS. Je sais, dit comme ça, ça peut sembler froid et un tue l’amour, et encore davantage lorsque la demande s’affiche, en bannière, dans votre WhatsApp.

Pourtant, n’est-ce pas ce que nous devrions tous faire? Nos rapports de santé ne devraient-ils pas être encore plus prioritaires que nos rapports… tout court?

Et après?

Et bien après, on appelle ça avoir confiance.  Tomber en amour, c’est aussi accepter de lâcher prise et de croire que la fidélité n’est pas qu’un vague concept vendu, en masse, par les studios Disney et Dreamworks.

Après tout, c’est « L’amour au temps du DSQ ».

* « L’amour au temps du choléra » de Gabriel Garcia Màrquez, en version française chez Grasset.

Le film? Oh. Que. Oui! Ne serait-ce que pour voir et revoir Javier…

Javier Bardem bien sûr!

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