Chères Radieuses,
Il se peut que je vous déçoive aujourd’hui, mais je me dois de vous faire un aveu: Je ne crois plus au compagnonnage végétal. Pendant plus de 10 ans, à partir des années 1970, j’ai tout essayé et malheureusement, j’ai fini par ne plus y croire tant les résultats ont été décevants… Hélas!
Retournons il y a de ça quelques années. Dans les années 1970’, deux livres furent publiés par Louise Riotte: Carrots Love Tomatoes: Secrets of Companion Planting ainsi que Roses Love Garlic (ils ont été traduits ici sous Les tomates aiment les carottes et Les rosiers aiment l’ail.) Il se peut que vous ayez vu ces ouvrages récemment puisqu’ils sont encore édités à ce jour. Laissez-moi porter votre attention sur le titre du premier livre. Alors que Mme Riotte y prétend que les carottes aiment les tomates (voir le titre en anglais), l’éditeur de la version française a bien sagement inversé cela et a plutôt choisi Les tomates aiment les carottes, car tout bon jardinier sait que les tomates sont de grosses plantes qui couperont le soleil aux carottes, résultant en des racines rabougries. Quand le titre-même d’un livre est mensonger, que devrait-on alors penser de son contenu? Je vous le demande, chères lectrices!
Je ne vous apprends rien en vous disant qu’en plus de 40 ans, nous en avons appris des choses et pourtant, cette histoire de compagnonnage végétal est demeurée figée dans le temps. À titre d’exemple, voici un tableau de compagnonnage végétal. Avouez qu’on y perd facilement son latin quand on essaie de combiner trois légumes ou plus!
Son rôle est d’indiquer quel légume cultivé à côté de quel autre, ainsi que ceux qui ne doivent pas se côtoyer dans le jardin.
Sachez par contre que je ne balaie pas tout le concept du compagnonnage du revers de la main puisqu’il y a, je dois l’avouer, beaucoup de bonnes idées dans les deux livres de Mme Riotte, mais elles sont tellement ensevelies sous de fausses croyances et de demi-vérités que je ne suis plus à la lettre le désormais célèbre tableau. De toute façon, il rend la planification de mon jardin trop pénible et ça m’exaspère.
Quelques exemples de non-sens
Un des exemples de non-sens parmi ces techniques de compagnonnage végétal est le suivant: Selon eux, les capucines (Tropaeolum majus) dans le potager éloigneraient les insectes nuisibles. Cependant, j’ai vu souvent mes belles capucines être la proie des pucerons. De plus, si je ne les arrachais pas sur le moment, les insectes migraient vers mes précieux légumes!!
Les œillets d’Inde seraient censés chasser les nématodes du jardin… mais qui a des nématodes?
Je me fais plaisir en vous donnant un deuxième exemple. Dans ces ouvrages, on mentionne que les œillets d’Inde (Tagetes patula) aident à contrôler les nématodes nuisibles (de vilains petits vers microscopiques). Radieuses, sachez que si vous cultivez seulement des oeillets d’Inde sur une grande surface pendant une saison complète, vous pouvez éliminer les nématodes. Mais en compagnonnage, non. Et de toute façon, avez-vous un problème de nématodes dans votre potager ? Car les nématodes dévastateurs aux légumes sont généralement limités aux climats subtropicaux. Pourquoi se fendre en quatre pour un problème qu’on n’a pas ?
Je vote pour le compagnonnage logique!
Donc maintenant, je pratique le compagnonnage logique! Par exemple, mes grands légumes jettent de l’ombre sur leurs voisins? Je les plante donc à l’extrémité de mon jardin, au nord ou au nord-est. On sait tous que la laitue n’apprécie pas la chaleur intense, alors lorsque je fais un deuxième semis de laitue, je le fais au pied d’un plant de tomates. Son ombre lui sera grandement bénéfique.
Ensuite, j’ajoute d’emblée des fleurs à mon potager pour attirer les insectes pollinisateurs. Non pas les fleurs suggérées dans les tableaux de compagnonnage, celles dont j’ai envie! Point final.
Il est bon de savoir que certaines plantes attirent les insectes bénéfiques (les fines herbes entre autre!). Donc en plus d’attirer les pollinisateurs, elles attirent les insectes prédateurs qui contrôlent les nuisibles (comme les coccinelles et les chrysopes). Inclure de la tanaisie, de l’aneth ou du fenouil est un exemple de compagnonnage logique!
J’applique aussi la culture intercalaire. La quoi? C’est un concept plutôt simple, vous verrez! C’est de mélanger les plantes dans le potager plutôt que de les planter en groupes homogènes. Ça trompe les prédateurs et ça devient une sorte de compagnonnage logique.
Ne soyez pas fâchées!
Lectrices qui pratiquez le compagnonnage depuis des années, vous êtes peut-être sous le choc, mais le concept de compagnonnage végétal tel qu’on nous le présente habituellement m’a toujours déçu et n’a jamais prouvé que tous ces efforts en valaient la peine.
Mais, j’ai bien envie de connaître vos histoires! Pratiquez-vous le compagnonnage végétal? Avez-vous vu des résultats? Connaissez-vous un succès fulgurant? Dites-moi tout!
Bien vôtre,
Votre jardinier paresseux, Larry Hodgson
Une réponse
Heureusement, j’ai lu votre article AVANT de tout mettre au jardin ( pas avant la St-Jean Baptiste en Gaspésie)! Un Cassage de tête de moins! Mais le choc est quand même là!!!! Par contre, je vais faire des tests!! Bonne saison à vous et à tous les jardiniers!!!