Cher père Noël,
Il paraît qu’au cœur de la grande fabrique du Nord, entre les engrenages qui tournent doucement et les étoiles qui s’accrochent aux poutres de bois, vit un petit lutin musicien. On raconte qu’il accorde sa flûte au lever du jour pour rappeler au monde que chaque matin est une partition neuve. C’est en entendant une de ses mélodies que je me suis décidé à t’écrire aujourd’hui. Quelque chose d’aérien, de fragile, presque un souffle: une lettre où je veux te parler d’espérance plutôt que de cadeaux.

Les enfants se demandent…
Tu le sais autant que moi, père Noël, ce monde traverse un passage délicat. La planète a chaud, les glaciers ont le souffle court, les saisons déraillent et les enfants, parfois, se demandent ce qui se passera quand ils seront grands. Les changements climatiques ne sont plus une rumeur : ils frappent aux portes, bousculent les récoltes, étouffent les forêts et effacent les certitudes. Alors, si j’osais formuler un premier souhait, ce serait celui d’un immense manteau de sagesse qui recouvrirait nos décisions. Un manteau tissé de prudence, de science, et de respect. Que les peuples, d’un pôle à l’autre, apprennent à choisir le long terme plutôt que le confort immédiat.
Et puis il y a cette autre musique, moins douce : celle des pas qui résonnent dans les rues, par temps froid, lorsque l’itinérance devient le quotidien de tant de personnes oubliées. Père Noël, je t’en prie : glisse dans nos maisons, dans nos consciences, une étincelle qui nous rappelle que personne ne devrait dormir sur le béton, serré contre un carton devenu oreiller. L’hiver est rude pour ceux qui n’ont ni cheminée, ni foyer, ni regard bienveillant posé sur eux.

Distribuons les bonbons de la bienveillance
La bienveillance… voilà un mot qui s’use trop peu. Un mot qui devrait être distribué comme des bonbons. Un mot qui ne coûte rien et qui pourtant change tout. J’aimerais que tu l’ajoutes à ton traîneau, entre les boîtes scintillantes et les clochettes d’argent. Cette année, plus que jamais, nous avons besoin de main tendue, de sourire franc, de respect simple. Que la bienveillance devienne notre réflexe, notre manière d’être au monde, notre façon de faire pousser la paix dans le cœur de l’autre. Comme disait un vieux lutin dans toute sa sagesse : « La bienveillance, c’est comme les bas de Noël… si tu en donnes juste un, personne n’est content ! ».

Parce que la paix, père Noël, n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Elle n’est pas un ruban rouge placé sur un cadeau : elle est le cadeau lui-même. Donne-nous la patience de nous écouter, le courage de désarmer nos colères, l’intelligence de choisir la rencontre plutôt que le conflit. Que les pays cessent de s’observer derrière les fils de fer barbelés de la méfiance. Qu’ils acceptent, enfin, de jouer la même mélodie, même si les instruments diffèrent.
Un ultime souhait
Et pendant que j’y suis, permets-moi d’ajouter un dernier souhait — un souhait d’une maisonnée pour tous. Oui, un simple toit, semblable à ceux que tu effleures de tes bottes lorsque revient le temps de déposer des présents dans les maisons habitées. Des toits qui protègent la vie, qui accueillent les rires, qui suintent parfois, mais que l’on répare ensemble. Des logements abordables, accessibles, décents. Des lieux où la dignité peut s’asseoir à table sans rougir. Ce n’est pas un luxe, là non plus. C’est une fondation essentielle, un point de départ vers l’autonomie et la confiance. Aide-nous à bâtir des communautés où personne n’est laissé dehors, où les murs rassemblent au lieu d’exclure.

Je sais, père Noël, que, malgré ta grande générosité, tout cela dépasse peut-être tes capacités. Mais je garde l’espoir que, peut-être, ton lutin musicien, qui joue le matin pour réveiller le monde, soufflera quelques notes qui tomberont dans les oreilles humaines comme des flocons lumineux. Peut-être qu’une chanson douce, portée par la magie de ton voyage, réveillera en nous ce qu’il y a de plus noble.
Alors, pour conclure, laisse-moi t’offrir humblement une image : celle d’une grande portée blanche, déroulée à travers les continents. Sur cette portée, l’humanité écrirait enfin sa symphonie commune : un air de paix, de compassion, de justice et de respect. Et le lutin musicien, au centre, sourirait doucement en accordant sa flûte, fier de voir que sa mélodie s’est transformée en mouvement collectif.
Merci, Père Noël, d’entendre mes vœux, ces vœux tissés de sincérité et de lumière. Et que la prochaine note — oui, la toute prochaine — s’élève comme une mélodie d’espoir, assez forte pour réchauffer le monde entier.
Martin Gaudreault, artiste-photographe et scribouillard. (et parfois le vieux lutin)
P.S. Chers amis, je vous souhaite sincèrement une heureuse période des fêtes. Je prends congé en janvier et on se retrouve en février 2026.
Tant qu’à y être
Joyeux Noël, père Noël ! – Mac Barnett – Sydney Smith – ÉDITION SCHOLASTIC CANADA – Nous savons tous que le père Noël réalise les rêves de chaque enfant, mais il s’avère qu’il a lui-même besoin d’un peu d’aide pour entrer dans l’esprit des fêtes. Au lieu de laisser le père Noël se remettre immédiatement au travail après son retour au pôle Nord, le matin de Noël, ses fidèles lutins veulent s’assurer qu’il vit la même joie que celle qu’il procure aux autres. Avec le sapin parfait, des tas de délicieuses friandises et, bien sûr, des cadeaux, le père Noël vit la magie des fêtes pour la toute première fois.
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