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Lecture : 3 suggestions d’enquêtes enlevantes!

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Voici trois enquêtes serrées, pas nécessairement menées par des professionnels. Le roman à enquête suscite ce suspense que le lecteur apprécie tant. On veut apprendre, avant l’enquêteur néophyte, qui est le meurtrier. On veut jouer au jeu de l’anticipation. Le livre de Judith est décrit comme un thriller historique, laquelle définition j’endosse entièrement. Manucure présente le modèle d’une personne, comme vous et moi, qui déciderait de mettre en lumière une mort suspecte, en l’occurrence celle de sa sœur cadette. Pour Dans son ombre, découvrons une enquête plus conventionnelle, via la personne de Maud Graham, une détective expérimentée, placée devant l’aberration d’un meurtre commis par la personne dont on se doute le moins qu’elle puisse le perpétrer.

Le livre de Judith de Mylène Gilbert-Dumas

Voici des portraits de personnages féminins forts et trempés dans l’aberration nazie de la Deuxième Guerre mondiale. On a parfois l’impression que tout a été dit sur cette guerre maudite, mais non. Certaines femmes y ont tenu des rôles secrets ou, considérés de second plan marquant la résistance contre l’ennemi. Mylène Gilbert-Dumas, en romancière historique expérimentée qu’elle est, dans Le livre de Judith déterre ces profils qui sont restés dans l’ombre jusqu’à aujourd’hui.

On y lit le destin d’une riche Américaine qui s’entête à rester à Paris pendant l’occupation, amoureuse qu’elle est d’un révolutionnaire. Nous rencontrons également Cécile Maltais, une jeune Canadienne française recrutée par les services secrets britanniques. J’ai particulièrement aimé l’histoire de cette femme si discrète, si humble et pourtant si talentueuse. Dès son entrainement, elle surpasse les hommes pourtant sélectionnés pour leur calibre. On a chaud pour elle et on la suit en haletant.

Il y a également une écrivaine qui répond à la demande d’un homme prêt à la rétribuer grassement pour qu’elle ponde la biographie de l’espionne que fut sa nièce. Les tergiversations de l’écrivaine apportent peu au roman, étirent la sauce. L’intérêt va spontanément aux femmes au cœur de l’action. Chaque fois qu’un chapitre est consacré à l’écrivaine, le rythme ralentit et le propos se banalise. Rien pour nous tenir aux abois, d’autant plus que le contraste est grand avec les autres histoires si palpitantes. 

Un autre récit prend le haut du pavé, c’est celui d’un pauvre diable, un pasteur qui, à sa sortie de prison amène femme et enfants dans l’obscur patelin, « Denyse », en Alberta. En soi, cette histoire pourrait se décliner en un court roman, tellement les thèmes sont touffus. L’adoption des immigrants dans une communauté tissée serrée est le cœur du récit, même s’il y a des incursions dans la chose spirituelle. Ce pasteur nous présente une religion avant-gardiste. Le suivra-t-on dans cette révolution religieuse? Sa femme est certainement la personne forte du couple, et c’est le moins que l’on puisse dire. 

Quatre histoires, pour le prix d’une, nous captivent, pourvu qu’on accueille le changement de rythme. Fait à remarquer, les histoires extraites du passé sont plus allumées que celles du présent.

Manucure de Denis Thériault

Est-ce que je me serais élancé sur ce polar, ne pas tenir Denis Thériault sur ma liste d’auteurs favoris? La question se pose. Tellement comblée à la lecture de L’iguane, du Facteur émotif, de La fille qui n’existait pas et de La fiancée du facteur, il ne me serait pas venu à l’idée de manquer un seul titre de cet écrivain que je qualifie de hautement créatif. D’ailleurs, « La fille qui n’existait pas » est en tête de mon palmarès de littérature québécoise. À cet effet, ça me démange de vous révéler que cet auteur est plus connu dans d’autres pays qu’ici au Québec. Pourquoi? Mystère et boule de gomme.

Vous vous en doutez probablement, d’après la teneur des titres ci-haut mentionnés, Manucure est le premier polar de Denis Thériault. Il est de ces auteurs qui détestent la répétition, aimant offrir et s’offrir du nouveau à chaque parution. Mission accomplie.

Je lis des polars régulièrement, ce qui me permet d’affirmer que cette histoire est originale. Elle sort des sentiers battus avec cette femme qui, à la suite du décès mystérieux de sa sœur, que l’on qualifie de suicide, décide de la remplacer dans son ex-travail de manucure à domicile afin d’élucider ce qu’elle soupçonne être un meurtre. Déjà, manucure ambulante, un métier que je ne savais même pas qu’il existait! Pour un service inusité : des clients inusités. La brochette de clients n’est pas ordinaire, je vous en conjure, nous en voyons de tous les domaines : théâtre, politique, psychiatrie, musique, finances, soins de fin de vie, construction, tatouage… et j’en passe!

Ce roman se lit bien, il coule de source, l’intrigue se déploie avec une aisance déconcertante. Celle qui a usurpé l’identité de sa sœur cadette, Emma endosse son rôle de manucure à merveille, bernant à peu près chaque client. Cette femme, non préparée, exécute son rôle de détective improvisée comme si elle l’avait occupé toute sa vie. Elle mène son enquête dans la détente et une maîtrise d’elle-même exceptionnelle. Je n’ai pas remarqué de stress pour la néophyte qu’elle est. Est-ce pour cela que j’ai avancé dans l’histoire, en conservant mon confort jusqu’à la fin? Je n’ai pas senti la progression du suspense jusqu’à atteindre un paroxysme de tension vers la fin. 

Cette histoire offre une intrigue policière originale, doublée d’une palette de personnages hétéroclites. Si vous aimez les intrigues stimulantes, tout en conservant votre détente, ce polar vous offre ce service, comme un soin de manucure offert dans l’intimité de votre foyer.

Dans son ombre de Chrystine Brouillet

Un cinquantième titre pour celle qui maîtrise le roman policier comme nulle autre. Quand je tends la main vers un titre de cette auteure, et son enquêtrice fétiche, Maud Graham, je me sens en confiance. Aucune erreur de néophyte ne viendra entacher ma lecture.

Il est question Dans son ombre de jumelles adolescentes dont une d’elle est en conflit avec sa mère. Cette dernière a abandonné sa carrière, sa vie quoi, pour prendre soin de ses jumelles. N’importe quel psy vous dirait que ce genre de « sacrifice » est rarement gage d’épanouissement. Il est risqué que se détache de la toile de fond d’une vie de la frustration pure et dure. Le mari se bat mollement contre l’abandon de carrière de son épouse puisque ce dévouement l’accommode.

C’est un couple dont l’essentiel de l’énergie passe à nourrir la façade. Le mari est homosexuel et attiré par les jeunes garçons, ce que sa femme se doute, mais sur quoi elle ferme les yeux. Il est à supposer qu’elle se terre dans le silence pour conserver son standing de vie. 

Je ne vous apprendrai rien en affirmant que, pour que la magie s’opère, il faut croire aux personnages et la relation entre eux. J’ai embarqué à fond dans le lien entre les jumelles, chacune d’elles ayant un caractère distinct et bien défini, surtout à l’heure de l’adolescence où le moindre bel homme fait basculer un cœur débordant d’idéalisation. J’ai également cru au personnage silencieux du père, empêtré dans ses mensonges et sa double vie. Son laxisme et son aveuglement me sont apparus plausibles.

À partir de maintenant, je marche sur des œufs, tentant d’avancer en gardant intact le cœur de l’enquête. Une relation malsaine est installée entre la mère et une de ses jumelles. Pour être plus précise, autant la mère en encense une, en l’a portant aux nues, autant elle rabaisse l’autre, la détestant du plus profond de son cœur. J’ai eu mal à mon instinct maternel, lequel a écorché la crédibilité du personnage. Oui, j’ai déjà fait face à des mères ou belles-mères qui détestaient cruellement leur enfant, mais elles m’apparaissaient nettement névrosées. Ici, l’installation de cette névrose ne s’est pas faite, elle est arrivée à brûle-pourpoint. Assez, que j’ai eu l’impression d’un geste gratuit de l’auteure qui en avait besoin pour son histoire. Je n’ai malheureusement pas cru à cette défaillance profonde et névrotique de la mère. Bref, elle m’est apparue trop saine pour poser des gestes aussi déviants. Une ado peut détester sa mère de toutes les fibres de son être, c’est dans l’ordre des choses. L’enfant désire et a besoin de se délester de l’amour possessif de sa mère pour voler de ses propres ailes. L’inverse s’avale de travers.  

Une enquête rondement menée, un ensemble de personnages crédibles (excepté la mère!), d’intéressants thèmes, dont la vie sociale versus la vie intime, j’ai été prise par l’histoire malgré mon scepticisme devant les motifs de l’auteur du meurtre. 

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