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Marie Tifo, une vie en cinémascope!

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En trente années de carrière, je n’avais jamais eu l’occasion de faire une entrevue avec Marie Tifo qui présidera le jury international du Festival du cinéma du monde de Sherbrooke, jusqu’au 11 avril prochain. Quel plaisir j’ai eu à lui parler un vendredi matin en sirotant deux ou trois cafés! Une conversation qui est devenue comme un court-métrage d’avant-midi. On a jasé cinéma, Marie et moi…

Ça fait près de 50 ans que cette grande Marie marque le Québec par des performances inoubliables qui marqueront à jamais l’histoire culturelle du Québec. Elle a fait 10 ans de théâtre avant de faire du cinéma. Ce cinéma qui a été l’élément déclencheur de cette grande carrière avec les Bons Débarras de Francis Mankiewicz et le scénario poétique de Réjean Ducharme. Ce merveilleux film est encore considéré par les critiques d’ici comme un des dix plus grands films de l’histoire du cinéma canadien. C’est pas peu dire!

« Le cinéma a jalonné ma vie, ça c’est certain! J’ai vécu des moments inoubliables à commencer par Les Bons Débarras il y a 40 ans cette année. J’avais à peine 30 ans quand j’ai joué Michelle. C’est fou de penser aujourd’hui que ce rôle m’a permis de recevoir de grands honneurs, dont un prix Génie, de se retrouver au Festival du film de Chicago, d’être reconnue comme meilleure actrice en 1980 par le New York Times en même temps que Burt Lancaster! J’ai revu ce film tout dernièrement à St-Hippolyte, là où nous l’avons tourné en septembre 1979. J’étais avec Gilbert Sicotte qui jouait Gaétan et Michel Breault qui en était le directeur de la photographie et qui l’a “remasteurisé” il y a quelque temps. Ça m’a touché, et cette fois, j’avais l’impression de le regarder comme une spécialiste par mon expérience personnelle, voyant tout le travail qui a permis de faire ce grand film. Que de beaux personnages! Quelle direction de Francis! Je suis très fière d’y avoir contribué! »

Et l’amour dans tout ça Marie, est-ce qu’il est cinéma pour toi?

Elle en fait des dizaines de films Marie et c’est grâce au cinéma qu’elle a rencontré Pierre Curzi, l’homme de sa vie avec qui elle a eu des enfants et partage le bonheur d’être grands-parents.

« On s’est rencontrés pour la première fois sur le plateau du film Lucien Brouillard de Bruno Carrière en 1982, un film dans lequel Pierre interprétait ce syndicaliste, un activiste engagé, je jouais Alice sa femme. Ce fut le début d’une belle grande histoire! Et puis le cinéma nous a réunis à nouveau dans un film qui m’a donné un de mes plus grands rôles : T’es belle Jeanne de Robert Ménard. Tout le bonheur que nous avons eu à tourner ce film pendant seulement 18 jours! On me parle encore de cette femme qui tombe en amour avec un être aigri joué par… Michel Côté! » Elle rit en le disant!

Oui, elle en fait des films Marie, on a qu’à penser aussi à Pouvoir Intime, Fous de Bassan, Dans le ventre du dragon, et tant d’autres.

« J’ai adoré jouer la Mère Supérieure dans La passion d’Augustine de Léa Pool. Un être mesquin qui fait la vie dure à cette pauvre Augustine. C’était tellement agréable à jouer avec toute cette distribution d’actrices formidables que nous avons ici. J’ai aussi aimé Henry de Yan England qui m’a permis de jouer à nouveau auprès de ce merveilleux Gérard Poirier avec qui nous avons vécu les belles années du téléroman le Parc des Braves. Il était grandiose dans ce court-métrage qui a quand même été nominé aux Oscars dans cette catégorie! J’aime les courts-métrages! D’ailleurs, j’ai récemment tourné pendant 3 jours dans le court d’un jeune réalisateur québécois qui habite en Belgique… je ne vous en dis pas plus, mais il sortira quelque part cette année et je crois que les gens vont beaucoup aimer! »

Bénie des dieux, Marie…

Marie se compte parmi les chanceuses à faire ce métier si exigeant. Elle le dit elle-même! Depuis sa sortie du Conservatoire de théâtre de Québec en 1971, elle n’a presque jamais manqué de travail.

« Je n’ai jamais eu à me battre, tout a toujours été facile. Un théâtre enchaînait un film qui enchaînait une série ou un téléroman. Jusqu’à présent, je me sens choyée. Je me suis accomplie dans ma vie professionnelle et j’en remercie la vie, mais c’est assurément ma vie familiale dont je suis la plus fière et qui me comble chaque jour! »

Une année charnière…

Depuis l’automne dernier, la belle Marie a atteint l’âge radieux de 70 ans. On peut dire que ça marque un tournant pour elle.

« J’ai vécu ça un peu difficilement, surtout physiquement alors que je me suis blessée bêtement sur le plateau de O’. J’ai du faire de la physio de novembre à mars, ça été long, mais maintenant, je suis en forme! Cette période de ma vie marque aussi la fin de cette série et ce personnage attachant qu’était Jacqueline O’Hara avec cette belle bande d’acteurs qui formait une vraie famille. C’est aussi la fin de Cheval-Serpent avec ce personnage tordu de mère de maire, affamée de vengeance! Quand j’ai lu le scénario qu’on m’offrait, j’étais au Mexique et j’ai tout de suite dit oui! Deux personnages aux antipodes que j’ai adorés jouer! »

Et il ressemble à quoi ton cinéma maintenant Marie?

Marie profite de la vie chaque jour. Elle aimerait bien refaire un long métrage, mais elle est bien consciente qu’on offre peu de rôles intéressants pour les femmes de sa génération. Elle dit toutefois qu’il faut faire la place aux autres… Et Marie n’a pas le goût de jouer les vieilles « bonne femmes », mais elle ne s’inquiète pas. Elle fera partie d’un projet au TNM la saison prochaine et puis elle a aussi le goût d’autres défis, dont celui de présider un jury de festival. Surtout à Sherbrooke, dans cette ville qu’elle a appris à aimer grâce à son fils et ses petites-filles qui y habitent.

« J’aime tellement le cinéma et je suis heureuse d’avoir à passer une semaine entière à voir de films qui viennent de partout sur la planète. À petite échelle, sans prétention, un peu comme quand on allait voir le Festival des Films du monde dans ses toutes premières années. Il y avait un bonheur de découvrir ce qui se faisait ailleurs. J’ai déjà fait partie de son jury ainsi que celui de Namur en Belgique, mais c’est la première fois que je vais préciser un jury. C’est une grande responsabilité, mais ça s’annonce formidable, car j’ai proposé que tout le jury regarde les films ensemble et qu’on en discute tout de suite après. C’est ce que nous ferons. Je sens que je vais passer de très bons moments. Je veux également voir un grand nombre de films hors compétition et les faire découvrir à mes petites-filles. C’est bien beau les Netflix de ce monde et de regarder un film sur son téléviseur, mais ça ne vaut jamais un film sur grand écran. Je n’ai qu’à penser à Roma, le voir sur grand écran illustre toute la force et la puissance de ce grand film qu’on ne peut capter entièrement en le voyant sur un petit écran. »

En terminant, on fait un jeu Marie…

Pour conclure cette belle conversation d’une heure que je me dois de résumer en quelques lignes, j’ai eu l’idée de lui poser quelques questions cinoche en rafale, un peu comme Guy A. le dimanche soir. Elle s’est prêtée au jeu avec plaisir…

Le film québécois dans laquelle elle aurait aimé jouer : Léolo

« J’ai même achalé Jean-Claude Lauzon pour obtenir le rôle de la mère… Je lui ai dit que j’étais même prête à prendre 40 livres pour obtenir le rôle, mais il a bien fait de choisir Ginette qui était absolument formidable! Le film n’aurait pas été le même sans elle! »

Le film international qui l’a marqué : Juliette des esprits

« Ce grand film de Federico Fellini qui a marqué mon adolescence. J’étais fascinée par le personnage de Giulietta interprété par sa femme propre femme qui portait le même prénom, soit Giulietta Masina. J’étais obnubilée par ce personnage qui passe du rêve à la réalité! »

Un grand film étranger dans lequel elle aurait voulu jouer : Persona

« Les films d’Ingmar Bergman me fascinaient! Ce film dévoile l’incroyable duo d’actrices que formaient Liv Ullmann et Bibi Andersonn  dans ce huit clos. J’aurais voulu être dirigée par ce grand réalisateur qui a bouleversé le cinéma. Ah! et puis j’aurais aussi aimé faire La Source de Bergman et 1900 de Bernardo Bertolucci. »

Quel film célèbre aimerait-elle faire avec une distribution québécoise : Sonate d’automne

« Un autre film de d’Igmar Bergman que j’adore encore! Cet affrontement entre une mère et sa fille pendant la nuit est formidable. Ingrid Bergman et Liv Ullman étaient renversantes! D’instinct, je me vois très bien jouer ce film avec Isabelle Blais. Oui! oui! ce serait une très bonne idée de le refaire ici! Je suis partante! »

Quel titre de film célèbre porterait celui de sa vie : J’irai comme un cheval fou d’Arabal

« J’ai vécu à toute allure toute ma vie et j’ai bien l’intention de continuer ainsi! Pas question que le titre change pour J’irai comme une vielle picouille! Ha! Ha! Ha! »

On a bien ri en finissant cette belle conversation au téléphone!

Je te salue Marie, te remercie, et te souhaite de te taper de bons films. En espérant te croiser à la Maison du Cinéma de Sherbrooke en avril!

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