Stéphane Archambault a longtemps été le visage de la formation Mes Aïeux. Ces dernières années, il a vécu maintes transformations: l’arrivée de la cinquantaine, une séparation amoureuse, la fin de son groupe; sa deuxième famille.
Dernièrement, il a lancé le premier extrait de son premier album solo en carrière. Nous en avons profité pour prendre des nouvelles de cet homme inspirant, touchant, authentique qui ouvre son cœur et fonce tête première vers ce nouveau chapitre.
Solo
Comme toi dans ton ciel
Solo
Je suis so lonely
Je suis so alone
Soleil j’ai besoin de voir du monde
On part sur un nowhere toi, moi pis mon ombre
– Extrait de Solo Soleil
Ta chanson Solo soleil a été lancée, il y a quelques semaines. Tu étais dans quel état d’esprit la veille du lancement?
La toune, ça fait longtemps qu’elle est terminée, puis là, je me disais naïvement que son lancement ne changerait pas grand-chose, jusqu’au jour en question. C’est là que j’ai réalisé que des gens qui ne sont pas mes amis proches pouvaient l’écouter! J’en suis encore à essayer de ne pas trop m’en faire!

Cet album sommeillait en moi et j’ai maintenant la satisfaction de m’être rendu au bout. J’ai vraiment travaillé sur moi-même pour ne pas avoir d’attentes. Mon objectif est d’en être fier dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, et ce, peu importe le succès qu’il aura.
«Cet album est en fait un polaroïd d’une époque de ma vie, une époque importante, parce que c’est une époque de grand changement.» — Stéphane Archambault
Est-ce que tu souhaitais d’emblée que cette chanson-là soit la première à paraître puisqu’elle résume ta séparation et celle de Mes Aïeux?
Non. Il y a aussi le fait que je parle de soleil, et que c’est le printemps, mais oui évidemment, la phrase qui dit Tu ne me croiras pas, me voilà rendu solo met la table, d’autant plus qu’elle établit bien le ton de l’album.
On est bien loin des chansons plus trad de Mes Aïeux!
C’est très différent, mais, en même temps, je sais très bien que certains y verront des similitudes. J’ai pourtant l’impression d’être à un mille de distance, de ne plus chanter de la même façon. Puisque j’y raconte des affaires personnelles, je ne pouvais pas chanter comme je chante L’histoire d’Alexis le Trotteur! Il y a quelque chose de nettement plus doux, c’est certain.
Trois heures du mat, pas beau à voir
Commence à être temps que j’crisse le camp
Trop magané pour prendre le char
Toutes façons il y a personne qui m’attend
Je m’en vais errer de par les rues
Comme un fantôme en mal d’amour
Tu en connais un rayon là-dessus
Je vais-tu finir par en faire le tour?
– Extrait de Solo Soleil
Cet album-là est définitivement très intime…
Exactement. J’y aborde deux ruptures qui se sont passées un peu en même temps parce que l’une est liée à l’autre. La fin de mon couple et la fin de Mes Aïeux. Je me suis ramassé dans un appartement vide en banlieue, tout seul. S’en sont suivi un mélange d’euphorie et de peur de retrouver ma liberté. Je me demandais: qu’est-ce que je fais? Je ne savais pas où je voulais m’en aller. Je me suis donc installé avec un papier et un crayon, puis je me suis mis à écrire, ne sachant pas si ça va être une série télé, un téléroman, une BD… Puis, tranquillement, je me suis rendu compte que j’écrivais des poèmes, qui pouvaient être des chansons. Je ne peux pas dire qu’au départ ça me réjouissait parce que j’aurais voulu aller ailleurs, essayer autre chose. En fait, je me demandais principalement si j’avais l’énergie de repartir un groupe!
«J’ai l’impression que j’ai appris à écrire des chansons parce que je suis un musicien frustré. Comme je ne joue pas d’instrument, la seule façon de faire partie d’un band, c’était ça!»
J’ai écrit un texte, deux textes, trois textes. Puis, j’ai appris que Gilles Vigneault composait ses mélodies à Capella. J’ai essayé! J’ai des archives sur mon iPhone, ça n’a aucun bon sens! Ça peut avoir l’air un peu triste, un gars tout seul qui chante des chansons de rupture, mais tranquillement, ça a pris forme. Je me suis mis à prendre confiance et, quand j’ai été prêt, j’ai appelé mon chum Vincent Vallières; il m’a beaucoup aidé à rentrer davantage dans l’intime, le douloureux et la vulnérabilité.
Tu as écrit de nombreux succès, on le sait. Est-ce un exercice d’humilité de se faire dire par un ami: «Ça, c’est bon, mais ça, moins»?
Le fait d’avoir travaillé dans un band m’a quand même habitué aux critiques. J’ai toujours dit à mon groupe: les paroles sont de moi, mais il faut que tout le monde assume, que tout le monde y adhère.
«Je voulais un album plus personnel. Comme si je partais de moi, puis que j’allais rencontrer le public.»
As-tu eu de la difficulté à trouver le son Stéphane Archambault?
Je ne voulais surtout pas faire un album de Mes Aïeux SANS Mes Aïeux. J’ai approché le directeur musical (et très bon guitariste!) Joe Grass. Ça me prenait quelqu’un de polyvalent qui allait ajouter des couleurs auxquelles on ne s’attend pas. Je suis allé le rencontrer en toute humilité, avec des maquettes de gars qui chante tout seul, c’était un peu gênant! Au final, ça a été un des meilleurs moves! Comme Joe est anglophone, il m’a connu avant de connaître Mes Aïeux. Il n’arrivait pas avec une idée préconçue de comment devait sonner mon album.
Après s’en sont suivis des échanges de ce que j’aime, ce que j’écoute. On a écouté du vieux Leonard Cohen, on a écouté Tom Waits… Puis se sont greffés d’autres musiciens: Robbie Kuster, qui est le percussionniste de Patrick Watson entre autres, Morgan Moore, qui est le bassiste de Martha Wainwright… des musiciens de fou! Mes enfants font également partie de l’album. Mon gars fait tous les pianos et, sur la chanson Pays, ma fille chante les refrains avec moi.
Est-ce que te dévoiler ainsi venait avec une certaine timidité?
Ça a été tout un travail!J’ai un passé de musique festive et là, j’arrive avec des histoires tristes. Je dois avouer que je me suis souvent dit mon Dieu, mais ça va intéresser qui? On a-tu envie d’entendre Stéphane Archambault raconter sa rupture? En même temps, oui, je chante ma rupture, mais je mets aussi des mots sur toutes les ruptures…
Salut la route, salut le vent
Je sais pas trop où c’est que j’m’en vais
Mais j’ai les deux mains sur le volant
Il arrivera bien ce qui arrivera
– Extrait de Solo Soleil
Quand tu penses monter seul sur scène, est-ce un sentiment d’angoisse ou tu es plutôt galvanisé par cette étape?
C’est un mélange de plein d’affaires! En ce moment, la forme du show fait partie de mon questionnement parce qu’il y a du monde qui va probablement venir me voir pour entendre des chansons du répertoire de Mes Aïeux et je dois jongler avec différentes idées pour les intégrer. Il y a aussi le fait que je démarre un projet avec de nouveaux musiciens qui sont des gens que j’aime, mais il n’y a pas encore cette camaraderie, cette connivence établie. Avec les années, les musiciens deviennent un peu comme un filet de sécurité. Ça reste à bâtir, mais je me sens déjà bien avec eux. C’est une étape stressante, oui, mais qui me nourrit tellement en ce moment!
Cher Stéphane, une chose est certaine, nous serons plusieurs à te suivre, à t’applaudir, et à te regarder te déployer dans cette nouvelle aventure!
Curieuse d’entendre le premier extrait?
Découvrez ses différentes dates de spectacle et pour ne rien manquer, on le suit sur sa page Facebook.

En attendant l’album complet POINT qui sortira le 23 mai, on peut voir et entendre Stéphane Archambault dans la pièce Yvon Deschamps raconte la shop.