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On ne sait jamais…

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Enfin, le printemps; on dégèle doucement. On en a traversé des tempêtes. C’est fou combien la météo peut nous préoccuper!

Le beau mois de mai, dans mon temps, c’était le mois de Marie. Selon le cantique, c’est le mois le plus beau. C’est sans doute pour cette raison que c’est aussi le mois où l’on célèbre la fête des Mères. Il est vrai que c’est beau être mère. Bien sûr, j’ai une belle pensée pour la mienne, ma mère, qui nous a quittés depuis bientôt vingt ans. Ça ne s’oublie pas une mère. Si on savait ça lorsqu’on est enfant, on lui dirait plus souvent combien on l’aime.

Je me penche cette année sur mon rôle de mère, version mère d’adultes.

Premier constat; c’est le plus beau métier du monde, c’est mon plus bel accomplissement, c’est mon plus grand bonheur. Mais c’est aussi la job la plus difficile et, disons-le franchement, parfois la plus ingrate.

D’abord, à l’école, on ne nous apprend pas à être mère; on le devient et puis voilà, on est mère. J’avais à peine 28 ans, le 23 octobre 1986, quand on a déposé la petite Elizabeth dans mes bras. Jamais je n’oublierai ce que j’ai ressenti. Pour une rare fois dans ma vie, j’étais si fière de moi. J’avais donné naissance à ce petit être, dans la douleur certes, mais tout en contrôle en sachant que chaque contraction allait me mener à sa rencontre. Eh oui, j’étais zen, ce qui est bien loin de ma nature.

Ce n’était que le début de l’aventure. À partir du moment où tu rentres chez toi avec ce nouveau bébé, ta vie se transforme du jour au lendemain. Est-ce que ça, je le savais? Non. Je savais que les nuits seraient courtes, que ce serait du travail, que ce serait différent dans mon couple, dans mon quotidien, mais différent à ce point-là, je ne le savais pas. Est-ce que je savais que j’allais mettre mon doigt sous son nez pour m’assurer qu’elle respirait toujours? Non je ne le savais pas. Est-ce que je savais, que ses moindres pleurs allaient causer en moi un tel inconfort? Non je ne le savais pas. Une nouvelle histoire d’amour était arrivée dans ma vie sans que je le sache… encore une fois.

Tu te dis alors que tu ne pourras jamais aimer un autre enfant autant, mais voilà que le 23 mars 1989, je donnais naissance à ma belle Nadine. Après seulement deux heures de travail, je l’avais dans les bras. Si petite, si fragile, si belle; encore une fois une sensation indescriptible m’a envahie. Je ne le savais pas, mais je l’aimais autant. Encore une fois, tout cela est bien réel. À la maison tout était transformé de nouveau, nous étions désormais quatre. J’allais mettre mon doigt sous son nez pour m’assurer qu’elle respirait toujours, je passais dans l’autre chambre pour m’assurer que tout était beau pour ma Elizabeth. Les nuits étaient courtes, les journées étaient longues. Les inquiétudes étaient doubles, mais l’amour était là.

Une troisième splendeur est arrivée dans notre vie quatre ans plus tard. Le 27 mars 1993, Justine est arrivée très lentement comme le printemps. Elle m’en a donné du mal ma Justine. J’ai failli y rester. Après des heures et des heures, ce petit bébé d’à peine 5 livres a finalement atterri dans mes bras. Épuisée, mais tellement heureuse; la magie venait encore d’opérer. Le cœur est grand, vous savez. C’est incroyable.

Même sensation, même euphorie, mêmes inquiétudes. Les nuits plus courtes, les journées toujours plus longues. Est-ce que j’étais fatiguée? Oui. Est-ce que j’étais tannée? Non. Débordée? Souvent.

Les bébés ont grandi. Elles sont devenues de petites filles puis des ados et sont maintenant des adultes. De belles femmes, généreuses, aimantes, travaillantes dont je suis si fière. On se demande si elles tiendront aux valeurs qu’on leur a inculquées, mais on se rend compte que, comme parent, on forge les adultes qu’ils deviendront. C’est franchement un travail ardu, mais qui en vaut la peine parce qu’on peut en constater les résultats.

Lorsqu’elles quittent la maison, c’est le vide. Oh, qui suis-je si je ne suis plus LA mère? Suis-je encore utile? Suis-je encore pertinente? Je peux maintenant penser à moi, mais je ne sais pas vraiment comment faire ça. On se rend vite compte que, bien qu’elles aient encore besoin de leur mère, notre rôle n’en est plus un de leader, comme on dit. Ce n’est plus nous qui dirigeons la parade. Et là, on a l’impression de ne plus savoir…

Plus savoir ce qu’il faut dire, plus savoir ce qu’on peut dire, plus savoir si on peut le dire. Les temps changent comme on dit, j’ai encore des choses à dire, mais je dois désormais faire attention à comment le dire.

Deux d’entre elles sont mères, de très bonnes mères. Elles en savent beaucoup sur la maternité, elles s’informent, elles s’éduquent, se questionnent. Elles savent. Elles savent aussi que je sais, mais parfois elles ne veulent pas le savoir parce qu’elles veulent faire leurs propres choix, ce que je respecte.

Encore une fois, je ne savais pas qu’avoir des petits-enfants allait engendrer ce même sentiment d’amour inconditionnel. Je ne savais pas qu’à la minute où j’allais les voir naître, j’allais les aimer autant. Je ne savais pas que j’allais recommencer à aller mettre mon doigt sous leur nez pour m’assurer qu’ils respirent. Je sais cependant que ce ne sont pas mes enfants, que ce n’est pas ma responsabilité. Je sais que mon rôle est de les aimer et je le fais avec tout mon cœur.

Je sais maintenant que je peux enlever mon casque blanc de contremaître, la casquette suffira.

Il y a une chose que vous devez savoir, mes filles, c’est que je vous aime de tout mon cœur et que j’ai pleine confiance en vous. Vous êtes toutes les trois autonomes et libres et je n’ai plus besoin de vous tenir la main, mais sachez que je suis toujours là pour vous la tendre.

Bonne fête des Mères à toutes les mamans, jeunes, vieilles et très vieilles.

Nous sommes et serons toujours mères.

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4 Responses

  1. Magnifique texte!!! Vous avez des filles formidables! J’ai la chance d’en connaître deux et elles ont sûrement eu le plus bel exemple d’une mère, car elles jouent leur rôle a merveille! ?❤️

  2. Merci pour cet excellent texte, Tu sais je crois que chaque mère et grand-mère se retrouve dans tes paroles. Être parent c’est: faire souvent comme on peut, rarement comme on veut, MAIS TOUJOURS FAIRE DE SON MIEUX.

    Je suis Claire Messier une amie France Lafortune qui me l’a partagé . Merci encore c’est une ressource.

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