Il y a des artistes qui habitent notre mémoire collective sans qu’on les voit toujours venir. Gilbert Lachance fait partie de ceux-là. Acteur, comédien et doubleur bien connu (il a prêté sa voix à Tom Cruise et Johnny Depp, entre autres), il a marqué le petit écran avec son rôle marquant dans Chambre en ville. Mais derrière cette voix familière se cachait depuis toujours un musicien inspiré, discret et passionné, qui a attendu la maturité pour se révéler au grand jour.

C’est en 2023 que Gilbert se lance officiellement dans la musique avec un premier album, Cinéma intérieur. Ce projet, porté par le piano, lui a ouvert un nouveau chapitre — celui de la création pure. « Je joue du piano depuis que j’ai neuf ans, confie-t-il. À 18 ans, j’hésitais entre le Conservatoire de musique et le Conservatoire d’art dramatique. J’ai choisi le théâtre, mais le piano n’a jamais cessé de m’habiter. »
Quand la musique devient introspection
Dans son univers pianistique, chaque note semble suspendue entre rêve et réalité. Sons de soie, son nouvel album à paraître le 21 novembre 2025, en est la preuve. « La soie, dit-il, est une matière naturelle, chaude, caressante, lustrée, riche. Mais l’insecte qui la produit n’est pas des plus jolis. J’aime ce paradoxe. » Cette dualité — la beauté née de la fragilité — traverse tout l’album. En cinq pièces courtes et feutrées, Gilbert tisse une trame musicale où le son devient toucher, où chaque accord évoque la douceur d’un cocon.

À l’instar de son premier album, Cinéma intérieur, la dimension introspective reste au cœur de son œuvre : « L’introspection, c’est littéralement regarder à l’intérieur, j’y vois un dialogue avec l’âme. »
Retrouver la scène, autrement
Pour celui qui a incarné tant de personnages, la musique est devenue une façon d’être lui-même. « J’ai fait plus de 1 000 doublages, dit-il, mais dans mon métier, on prête sa voix à quelqu’un d’autre. Avec le piano, enfin, je parle en mon nom. »
Ce virage vers la musique s’est amorcé en 2017, quand Michèle Deslauriers l’invite à interpréter George Gershwin dans la pièce Edgar et ses fantômes. « J’étais terrifié, se souvient-il. Mais cette expérience m’a redonné confiance. » Ce retour sur scène agit comme un déclic. De fil en aiguille, il retrouve le plaisir du partage direct, celui du regard et de la respiration du public.
Le théâtre du cœur
« Quand je monte sur scène, dit-il, j’ai l’impression de renouer avec l’humain. La musique rassemble, elle apaise, elle nous réunit. »
Dans son spectacle Cinéma intérieur, qu’il présentera le 23 novembre à 15 h au Centre multiculturel de Saint-Lambert, Gilbert marie théâtre et musique avec une aisance naturelle. « Je dirais que c’est deux tiers en musique, un tiers de théâtre, explique-t-il. Les gens rient beaucoup, puis la musique les plonge dans un moment d’intériorité. »

Entre deux pièces au piano, il aborde des thèmes qui lui tiennent à cœur : la philosophie, la résilience, le bonheur. Il cite Boris Cyrulnik, Einstein ou Khalil Gibran, et raconte ses propres réflexions avec humour et humanité. « Je crois que la musique peut nous réconcilier avec nous-mêmes. Mon spectacle, c’est une expérience humaine avant tout. »
Sons de soie : un cocon pour l’âme
« Je n’ai pas l’impression d’avoir composé ces musiques, confie-t-il. Elles me sont venues par pure inspiration. » Cette humilité traverse son discours comme sa musique. Dans Sons de soie, chaque pièce semble flotter dans l’air, suspendue entre la conscience et le rêve.
« Comme le ver à soie, je tisse mon cocon sonore. Cinq pièces, cinq clefs cachées dans les ourlets du cœur », écrit-il dans la présentation de l’album. Le résultat? Une musique qui se déploie en douceur, feutrée, enveloppante, à écouter autant pour se détendre que pour nourrir l’âme.
Une maturité qui inspire
À 61 ans, Gilbert Lachance assume cette maturité créative avec sérénité. « J’arrive avec un bagage de vie, dit-il. Ce que j’ai envie de transmettre aujourd’hui, ce sont des clés de bonheur, de résilience, de paix. »

Et cette paix, il la partage aussi dans d’autres projets touchants : comme la berceuse « Murmure d’étoiles », qu’il a composée pour accompagner le rituel apaisant de La mallette du dodo, imaginée par Lise Martin. « Je trouve ça magnifique. Aider les enfants à apprivoiser leurs émotions, à trouver le calme avant le sommeil, c’est un vrai cadeau. »
Partager la beauté, tout simplement
Gilbert Lachance poursuit aujourd’hui sa route, entre piano et philosophie, avec une même conviction : la beauté se cache souvent dans les choses simples. « Voir dans un ver hideux un vecteur de beauté, écrit-il. Et si, au fond, le verre était toujours plein? » Son parcours, empreint de sincérité, inspire à son tour : celui d’un artiste qui ose se réinventer, se déposer, et nous inviter à faire de même.
À découvrir
L’album Sons de soie de Gilbert Lachance — disponible dès le 21 novembre 2025 sur bandcamp.com/gilbertlachance.
Pour une écoute sur les différentes plateformes, rendez-vous sur releaseradar.ca/gilbert-lachance_sons-de-soie.
Le spectacle Cinéma intérieur — le 23 novembre 2025 à 15 h, au Centre multiculturel de Saint-Lambert.
Pour plus d’information, visitez gilbertlachance.com.






