Qui dit octobre dit chasse. Pour ma part, c’est à l’année que je pratique religieusement une chasse particulière : celle aux aubaines!
Je pars à l’aventure dans la réserve faunique de mon choix et, de ma plateforme d’observation, je prends un malin plaisir à survoler l’endroit, à le surveiller puis à capturer les trésors insoupçonnés de la dense forêt de la consommation.
En ce moment, nombreuses sont les familles qui doivent user de stratégies pour sabrer leurs dépenses. Je vous rassure : pour viser dans le mille des économies, nul besoin d’un attirail d’armes ou d’outils dans son sac d’expédition. Il vous suffit d’une boussole (ou GPS), d’une bonne paire de jumelles et d’un peu (ou beaucoup) de patience. Et avec l’expérience, en peaufinant vos méthodes, vous pourrez aisément ajouter plusieurs cordes à votre arc!
Règle 1 : Sortir des sentiers battus (ou se déboussoler!)
Savoir s’orienter en forêt n’est pas toujours aisé. Mais si la boussole ou le GPS existent pour nous guider, parfois, on doit tout de même s’efforcer d’en faire fît et plutôt suivre son instinct (ou son chien pisteur!) et sortir des sentiers battus. C’est en osant élargir mes horizons que j’ai découvert des territoires de prédilection pour repérer mes futures prises : les friperies.

Toute municipalité, grande ou petite, urbaine ou en campagne, possède sa « caverne d’Alibaba » où l’on peut dénicher des perles à petit prix. C’est simple: trouvez les heures d’ouverture (souvent restreintes) et c’est parti pour les économies. Fait intéressant, plusieurs d’entre elles ont même des « spéciaux de la semaine ». Imaginez, des rabais sur des articles déjà pas chers, genre : 3 pantalons pour 1 $ ou tout un sac de vêtements pour… 7$!
Il est résolu, le temps des sombres sous-sols d’église où étaient empilés des morceaux pêle-mêle, troués, défraîchis ou qui sentent la boule à mites. La plupart des friperies communautaires sont maintenant fièrement gérées par de sympathiques bénévoles, qui se dévouent pour rendre agréable notre expérience de magasinage. Il n’y a pas à dire : même les jeunes s’y donnent rendez-vous entre amis.
Ce qui est fascinant, c’est qu’à force de fréquenter ce genre d’endroit, on développe un œil de lynx pour « trapper » rapidement ce qui nous va ou pas, et ce, sans même essayer. Et si on se trompe, pas grave, on n’a qu’à redonner à la prochaine friperie visitée, pour en faire profiter d’autres chasseuses.
Entrer dans une friperie ou un comptoir vestimentaire, c’est prendre part à une véritable chasse… au trésor! En plus d’y trouver des vêtements « casual », chics ou sport (souvent pratiquement neufs et de marques), ces lieux regorgent d’objets et fournitures à peine utilisés : des rideaux, de la literie, de l’équipement de sport, des articles de cuisine, des jeux de société, des disques et… des livres. Je me suis monté une bibliothèque personnelle avec des classiques de la littérature, des documentaires, des romans et des albums pour enfants. Je redonne ceux qui j’ai lu et que ne souhaite pas conserver.
Règle 2 : Se tenir à distance des oiseaux de proie
Peu importe mon lieu de chasse, avant de m’attaquer au petit ou au gros gibier, je grimpe dans ma cache et, équipée de mes jumelles, je surveille les offres des commerçants (ou rapaces, selon le cas). Car la chasseuse que je suis a souvent l’impression que des prédateurs lui tendent des pièges. Pour les éviter, je me transforme en renarde, qui a plus d’un tour dans son sac (incluant du poivre répulsif!).
D’abord, pour mes denrées alimentaires, je reste à l’affût des appâts posés sur mon chemin, comme les fausses étiquettes rouges, qui font dévier des réels rabais annoncés, ou les produits placés à la hauteur des yeux, visant à « capturer » les consommateurs trop pressés de chercher l’aubaine. Je visite aussi les sections « liquidation », où se trouvent des fruits et légumes imparfaits ou des pains et pâtisseries des jours précédents, mais qui sont encore très potables. En plus de faire de belles prises, je prends alors part au mouvement « anti-gaspi ».

Puis, pour mes achats de vêtements saisonniers ou techniques (que je ne peux trouver à la friperie, bien sûr), je me précipite sur les modèles de manteaux ou de bottes de l’année d’avant et sur la chaussure sport en fin de ligne, et ce, sans égard à leur couleur moins prisée.
Et je résiste à la pression de régler mon panier d’achats en ligne si on me bombarde de faire vite, car « deux personnes survolent le même article », qu’« il ne reste plus qu’un exemplaire » ou que le solde se termine dans 8 heures 33 minutes et 57 secondes. Je sais que la plupart de ces marchandises reviendront en stock et réapparaîtront un jour à nouveau « en spécial » (et vraiment pas qu’au Boxing Day ou au Cyber Monday)!
Règle 3 : Ne pas chercher si loin!
C’est fou tout ce qu’on peut trouver tant dans les classiques ventes de garage de son quartier que sur les plateformes Marketplace, Kijiji et tutti quanti. On peut s’y équiper ou s’y meubler pour une fraction du prix courant.
Par exemple, j’ai réaménagé et remeublé mon sous-sol pour un gros… zéro dollar, simplement en vendant mon ameublement et en rachetant de l’usagé (quasi neuf par surcroît) : étagères, bibliothèque, bureau, chaise de travail, clavier, classeur, paravents, cadres, tables de salon, lampes, tapis de course et vélo d’intérieur…

Certes, ça exige de l’organisation, du temps et de la patience. Et surtout de s’adapter à l’horaire des vendeurs et se rendre disponible pour les acheteurs (qui ne se présentent parfois pas aux rendez-vous convenus), mais une fois fait, la chasseuse en est si fière et se sent davantage riche!
Qui sait, des trésors se trouvent peut-être juste à côté, chez votre voisin.
Règle 4 : Enseigner par ses trophées de chasse
Une fois mon équipement rangé et mes habits de camouflage retirés, j’ai envie d’exposer triomphalement mes « trophées de chasse » sur le capot de ma voiture pour la route du retour. Je me sens si fière de mes prises et heureuse de m’être fait plaisir à faible coût.
Lorsque je montrerai mes trouvailles à mon fils, je sais qu’il me taquinera une fois de plus en me qualifiant de « rat » (lire : économe ou « cheap »). Comme toujours, je lui répondrai que le fait que sa maman soit « rat » comme il le dit, fait en sorte qu’il possède certainement davantage que si elle dépensait sans compter.
J’ose espérer que plus tard, il me remerciera et qu’il suivra mes traces. Et j’ose croire qu’il réalisera qu’en plus d’économiser, sa maman redonnait à sa communauté et contribuait à réduire l’accumulation de vêtements, d’objets et de nourriture dans les sites d’enfouissement.
Qu’elle lui enseignait l’économie circulaire, qui était au cœur de sa chasse.

Quelques cordes à ajouter à votre arc
- Soirées « échange de vêtements » entre amis et en famille;
- Ventes de regroupement de petites friperies en ligne ou sur Facebook;
- Boîtes à livres ou « croques-livres » situées près des endroits publics (on y dépose et prend des livres usagés gratuitement!);
- Bibliothèques, tant pour emprunter des livres, que des CD ou des jeux de société (et pourquoi pas participer à une conférence ou une formation gratuite);
- Centres de liquidation éphémères ou permanents (ex : Continental);
- Ventes d’échantillons de marque, de surplus d’inventaire ou de lots d’articles provenant de fermetures ou des faillites de commerces;
- Épicerie au rabais : magasins à escompte, surplus de pain, etc.;
- Applications Flipp et Reebee (pour les circulaires hebdomadaires);
- Applications Too Good To Go et FoodHero (pour l’effort « anti-gaspi »).
Chantale
On peut lire d’autres textes de l’auteure sur son blogue personnel Mes inspirations.