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Tranche de vie: La crème à glace

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L’été est là et je ne manquerai pas, par cette journée, d’aller me régaler d’un cornet de crème à glace.

Un peu d’histoire pour commencer

Les sorbets glacés étaient bien connus des Perses. La glace était enlevée des lacs et des mares en hiver et placée dans des trous du sol, c’est à cette époque que sont nées les premières glacières. Les Grecs et les Romains fabriquaient des recettes avec du miel et des jus de fruit refroidis dans des trous remplis de neige. L’empereur Néron faisait transporter en bateau de la neige et de la glace des montagnes enneigées ou de volcans comme l’Etna, ces glaces naturelles étant conservées dans des glacières appelées « puits à neige ».

Des souvenirs de mon enfance

La crème à glace est le symbole par excellence de l’arrivée de la saison estivale. Vive la crème à glace! L’ouverture des comptoirs laitiers représente encore ce moment qui lance la saison des récompenses et de l’arrivée tant attendue de nos vêtements plus légers. Pour les puristes de la langue, on l’appellera la crème glacée tout court alors que, pour moi, elle prend toute sa saveur avec son appellation incontrôlée de crème à glace.

D’ailleurs, elle a son concurrent, le suçon à liqueur, communément nommé dans un anglicisme rebutant le popsicle. Pour moi, rien de plus romantique que de déguster un suçon à liqueur au clair de lune avec sa dulcinée, assis sur un banc dans un lieu charmant! Désolé, pauvre popsicle, mais, devant cet énoncé poétique, tu ne fais pas le poids. Retourne au comptoir réfrigéré. La crème à glace évoque pour moi ces moments de mon enfance où, au moment choisi, mes parents amenaient la progéniture au comptoir laitier le plus près.

Cette récompense laitière était le moment choisi pour la détente https://lesradieuses.com/wp-content/uploads/2020/07/Infosgen300x600FR-1.jpgale et le tour de char familial. Je me souviens des palettes dentaires gelées et des sinus qui font mal parce que, dans l’empressement de la dégustation, cette gratitude laitière se débroussaillait un chemin que je ne comprenais pas. Ces brèves sorties familiales représentent ces moments qui rassemblent, qui unissent. Il y a, dans cette symbolique, tout le réconfort d’être ensemble, venant d’une toute simple gâterie glacée. C’est assurément pour cette raison que j’ai développé depuis tant d’années mes spots à crème à glace dans mon GPS sucré.

Le bonheur des plaisirs simples

En prenant de l’âge et en me remémorant ces plaisirs simples, nous avons avantage à saisir la moindre possibilité de réconfort dès qu’elle se présente, peu importe quand et comment, si improbable soit-elle. L’appréciation de ces petits moments me force à avoir un regard différent sur notre société et à remercier la vie. Suivre l’évolution de la vie à travers les plaisirs glacés, c’est une belle manière de regarder à travers le prisme humain l’évolution de notre humanité. D’ailleurs, cette forme simple de réconfort et ce temps consacré à la famille doivent perdurer.

Exit les jeux en ligne, les téléphones à poche, la vitesse d’exécution. Soyons clairs, chacun tente de faire vivre sa famille selon ses ambitions. Nous avons tous une vision de l’idéal, mais aussi de la norme. La beauté de ce concept, c’est l’écart entre les deux qui fait la spécificité de chacune des cellules familiales. L’idéal est nécessaire, c’est un moteur qui fait avancer dans la vie. Mais les difficultés surviennent lorsqu’il est trop élevé et trop exigeant.

Or, de nos jours, l’exigence va en crescendo. La famille est surinvestie et ne laisse plus la place à l’apprentissage de la jeunesse et à la transmission du savoir. Vous me demanderez quel est le lien avec la crème à glace? Il est dans les plaisirs simples, le laisser vivre des jeunes, le réconfort dans les petits gestes.

Pour ma part, j’ai joué seul, j’ai vécu des conflits enfantins, je me suis inventé des scénarios qui musclaient mon cerveau afin d’affronter plus tard les aléas de la vie. Les parents d’aujourd’hui ne doivent pas avoir honte de laisser jouer les jeunes seuls, de se chamailler, d’inventer, d’essayer des jeux, ils trouveront par eux-mêmes les solutions.

Nul besoin d’avoir un environnement Walt Disney en permanence. La boîte de carton vide est souvent plus intéressante que la grosse bébelle toute colorée. Notre société a besoin de ces jeunes qui travaillent en équipe et qui développent des solutions. Je pourrais vous énumérer des exemples pendant des heures, mais je dois m’arrêter. Ma crème à glace est terminée et ma dulcinée m’attend au clair de lune pour partager un rafraichissant suçon à liqueur, afin de refaire le monde et de profiter de ces doux moments fournis gracieusement par cet astre qui permet aux âmes de rêvasser et de s’aimer.

À vos bicyclettes colorées, vos patins à roulettes défraichis et allons-nous chercher ce dernier cornet de crème à glace, avant que l’hiver nous rafraichisse bien malgré nous!

Martin Gaudreault

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