Trop tard pour rêver ? - Les Radieuses

Trop tard pour rêver ?

À 42 ans, un éditeur m’a fait une offre qui ne faisait pas partie de mes aspirations professionnelles. J’ai écrit une biographie. Martin Deschamps – Portrait d’un rocker, une des plus belles expériences de ma vie. J’avais interviewé des centaines de personnes au cours de ma carrière de recherchiste, mais le résultat se résumait à un rapport de deux-trois pages pour des animateurs. J’ai adoré passer des heures à poser des questions à Martin et son entourage, travailler des mois devant mon ordi à raconter une histoire, une vraie. Mais pour moi, à ce moment, en 2005, c’était un beau bonus, un cadeau de la vie. Je n’avais jamais vraiment pensé flirter avec la littérature. J’ai eu la piqûre. C’était une première, mais certainement pas une dernière.

De 2006 à 2012, j’étais chef recherchiste aux émissions jeunesse de Radio-Canada. Connaissant bien les 9-12 ans (j’avais aussi travaillé à la populaire émission Vazimolo par le passé), l’idée me trottait dans la tête d’écrire pour eux. Mais toucher à un domaine où j’avais encore tout à découvrir, à 49 ans, ne me semblait pas réaliste, d’autant plus que, parallèlement à cela, je voulais scénariser une websérie. Mais j’ai finalement fait voir le jour à un premier manuscrit : Ce livre n’est pas un journal intime. J’avais envie de m’adresser aux garçons qui n’aiment pas beaucoup la lecture, et, par déformation professionnelle, que mes lecteurs apprennent un petit quelque chose en parcourant chacun des chapitres.

En mai 2012, j’ai fait partie des grosses coupures de la grande tour brune du Boulevard René-Lévesque. Au public depuis quelques années (11 ans en tout) et à l’aube de la cinquantaine, je savais qu’il serait ardu de me refaire une place dans le privé. Je dirais même qu’après cinq ans, ce n’est toujours pas facile.

J’ai toujours une petite voix qui me dit que je ne suis plus très jeune pour amorcer quelque chose de nouveau. Mais, il y a aussi cette autre voix, celle de la tête de cochon, celle de la persévérante et surtout, celle qui est convaincue que les « seniors » ont encore beaucoup à apporter.

Mars 2013, le tome 1 sort en librairie, je viens d’avoir 50 ans. Octobre 2013, le 2e suit et mars 2014, je complète la trilogie. Je trouverai ensuite un producteur pour TEZO avec 12 capsules qui feront vivre mes personnages par l’entremise d’acteurs talentueux. Télé-Québec embarquera dans l’aventure. TEZO sera en nomination aux Gémeaux en 2015 pour la meilleure websérie jeunesse. Ouf! Ma psy avait raison. Ma vie professionnelle n’était pas finie.

Éternelle insatisfaite, je me disais que je n’avais pas encore réussi à écrire « un vrai roman ». Le héros de ma trilogie se cache derrière un lot d’informations véridiques. Serais-je capable de créer une fiction de la première à la dernière page ? J’avais de sérieux doutes, contrairement à mon éditrice qui croyait plus en moi que moi-même ! Août 2016 je lui envoie le manuscrit. Je suis nerveuse. Je pars en voyage et à mon retour elle m’avoue avoir beaucoup aimé. Yé !

Charlie-Rock 1- Mes cinq saisons est sorti en février 2017 et a obtenu de très belles critiques qui m’ont rendue vraiment heureuse. Mon besoin secret de reconnaissance était comblé… ou presque.

À quand la suite me demande-t-on ? Le monde de l’édition étant ce qu’il est au Québec, peu d’auteurs arrivent à en vivre, encore moins quelqu’un qui commence à 50 ans! Depuis des mois, je réfléchis à savoir si ça vaut vraiment la peine de travailler si fort pour un résultat de vente pas assez concluant à mon goût. J’étais démotivée d’écrire la suite. Pourtant, elle était bien là, dans ma tête. Ne me restait plus qu’à la coucher sur papier (facile à dire). Toutes les raisons étaient bonnes pour ne pas ouvrir mon dossier « Charlie-Rock tome 2 », dont une des plus terre à terre, celle de gagner ma vie en travaillant sur des projets télé.

Bref, j’y ai beaucoup réfléchi. Il est clair que je n’écris pas pour l’argent. Un auteur fait 10% du prix de vente de son livre. Au Québec on commence à parler de « best-seller » à partir de 3000 exemplaires écoulés. La plupart des bons auteurs n’en vendront rarement plus de 700-800. Faites le calcul et il n’y a pas de quoi se payer une villa dans les îles, et même pas un court séjour dans cette villa!

Écrire est un luxe. Pourquoi je le fais, alors? Je me sens bien quand je raconte une histoire. L’ivresse de faire évoluer des personnages sans aucune restriction est exaltante. Leur mettre des bâtons dans les roues, les faire travailler fort pour s’en sortir, et les récompenser, quelle satisfaction!

J’ai relu les premiers chapitres amorcés de mon tome 2 comme s’ils venaient d’un autre auteur et j’ai eu envie d’en savoir plus. Alors oui, il y aura un tome 2 de Charlie-Rock. Je dois me faire plaisir, mais surtout respecter les lecteurs qui ont acheté le premier et qui ont manifesté le désir d’en connaître la suite. Je continue d’avoir des doutes, de me demander si le résultat sera aussi apprécié que le premier. Parce que oui, ce que les autres en pensent, mon éditrice, les lecteurs, les critiques, c’est important.

J’ai le fantasme discret de vendre assez de livres pour pouvoir ralentir la cadence des contrats télé, bien que j’aime encore beaucoup mon métier. Mais je suis une capricorne quinquagénaire réaliste. Pas pessimiste, réaliste. Qu’un de mes romans se retrouve dans le palmarès des ventes ne serait-ce que pour une semaine me ferait vraiment un petit velours, mais surtout, me donnerait l’élan pour persister. Je suis toutefois conscience de tous les impondérables pour avoir droit à ce privilège.

Et laissez-moi vous confier le désir caché d’une femme de 55 ans : voir ma Charlie-Rock prendre vie sur grand écran.

Est-il trop tard pour y rêver?

À Noël, pourquoi ne pas offrir à ceux que vous aimez, des histoires rocambolesques, des univers qui les sortent de leur quotidien, avec des personnages colorés, tourmentés ou carrément déjantés. Et si, en plus, il s’agit de romans d’auteurs québécois, vous encouragerez une personne comme moi en lui signifiant que ce qu’elle fait en vaut la peine, et ce, même si elle avance en âge!

 

Pour en savoir plus :

https://www.facebook.com/marysepageauteure/

https://www.editionsdruide.com/auteurs/maryse-page

http://tezo.telequebec.tv/Episodes

 

Psst! Charlie-Rock a piqué votre curiosité? Un beau concours s’organise! Aimez notre page Facebook pour ne rien manquer!!!

 

 

6 Comments
  1. Bien sûre qu’il n’est jamais trop tard pour rêver!
    Écouter sa voix intérieur, voilà le secret. À 48 ans, je réalise plein de beaux projets de vie autant personnels que professionnels. Je fais maintenant ce dont je rêvais depuis mon très jeune âge et que je n’osais jamais dire et/ou faire.
    Il n’est jamais trop tard pour se définir comme femme et se réaliser pleinement. Exploiter son plein potentiel et ne pas avoir peur de crier haut et fort sa détermination et son audace.
    Oui, les rêves sont là pour être réalisés. La vie se passe en ce moment alors, pourquoi ne pas mordre dedans avec toute l’expérience de vie que nous avons.
    Partageons notre savoir mais surtout, notre passion et notre raison d’être!
    Sylvie xox

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