Pendant ces longs mois, sans échanges cordiaux et affectueux, séparés physiquement de ceux qui nous étaient les plus chers, nous avons eu le temps de nous remémorer leurs mots et leurs gestes tendres. Nous avons compris que les démonstrations d’amour de nos enfants, petits-enfants, compagnons de vie et amis n’étaient pas si dérisoires puisqu’elles avaient le pouvoir de mettre du réconfort dans nos cœurs et nos esprits et du bonheur dans nos vies.
Malgré cet inquiétant virus à couronne et cette angoissante mise à distance entre les gens et les familles, dans tous les coins du monde, les saisons ont continué d’exister. Malgré les morts autour de nous, la nature est restée vivante! Dans notre coin de pays, les heures se sont faites plus lumineuses et dans nos jardins les perce-neige, les lilas, les muguets, les pivoines et les roses ont déversé leurs couleurs et leurs parfums. Pour échapper à ce tourment de ne pouvoir serrer nos amours dans nos bras, la nature a été, il faut l’admettre, la plus fidèle des alliées.
Néanmoins, malgré le printemps et l’été à contempler, au fond de moi, j’avais besoin de savoir si mes petits-enfants avaient encore envie de faire des câlins. Je suis sûre que plusieurs d’entre vous se sont aussi posé cette question. Puis, il y a eu, enfin, la liberté d’un rassemblement familial où j’ai eu la preuve que certaines connexions ne se brisent jamais.
J’étais assise sur la terrasse quand elle est venue se coller contre mon épaule. Coronavirus ou pas, le jeune enfant ne censure rien, ce qu’il désire, c’est aimer et être aimé et c’est ainsi que spontanément, il oublie la distanciation. Entre son cœur et le mien, il y a eu, instantanément, transmission de tendresse. Je ne sais pas exactement comment ça s’est produit, mais j’ai senti mon cœur battre plus fort et des larmes, qui n’avaient aucune raison de s’annoncer, sont soudainement montées!
En me rappelant ce beau moment de complicité, j’ai constaté que lorsqu’une chose qui nous est chère est menacée, tout l’amour que l’on a pour elle remonte à la surface. On a tous, quelque part dans nos souvenirs, un moment pareil où l’on a été profondément et viscéralement heureux. Ça n’a rien à voir avec la satisfaction d’obtenir quelque chose de matériel que l’on désirait depuis longtemps. Il ne s’agit pas non plus de cette forme de bonheur qui nous donne envie de sauter dans les airs ou de faire la fête. C’est plutôt une grâce plus discrète et incroyablement pure; quelque chose comme la délicieuse sensation d’un intense contentement intérieur. Ce petit câlin avait fait naître une satisfaction viscérale.
Avec certains autres, ce moment particulièrement heureux restera l’un de mes plus riches souvenirs. On peut lui donner le nom que l’on voudra, mais moi j’ai cru reconnaître un moment de « bonheur ».
3 Responses
C’est exactement cela mais en plus c’est tellement bien dit et bien écrit. Bravo Claudette.
Que des hommes lisent Les Radieuses, c’est agréable!
En espérant vous avoir comme lecteur à tous les mois.
Merci de m’avoir lue et merci d’avoir laissé un commentaire.
Claudette Rivest
Oui tout devient plus précieux et plus ressenti lorsque qu’on est privé de cette source de contact.Merci de ce PETIT rappel!