Je prends une pause de compte-rendu de lecture pour vous amener sur une voie qui risque de vous surprendre et de vous intéresser. Vous êtes des lectrices, on n’en doute plus, des écrivaines, ça dépendra de vous.
Qui lit abondamment a un jour le goût de coucher quelques idées sur du papier, virtuel ou non. Le geste d’écrire me fait penser au geste de dessiner. Le petit bout d’homme ou de femme de trois ou quatre ans arrache quelques feuilles de la tablette et dessine. Aucun complexe, il dessine le mieux qu’il peut. L’important : il s’exprime. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les adultes? Et pour l’écriture? C’est un geste naturel, pourvu qu’on ne se regarde pas écrire avec de gros yeux qui jugent. Écrire librement, sans inhibition, allant chercher en soi des trésors. On a toutes des trésors, ou des secrets, qui s’ennuient seuls dans un recoin de notre « moi ».
En ces temps de pandémie, notre belle Janette Bertrand, femme solide de 95 ans, s’est avancée afin de partager son savoir d’écrivaine. N’ayons pas peur du mot, toute personne qui écrit, c’est une écrivaine, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle soit une autrice publiée. Cette grande dame, éveilleuse de conscience, nous a concocté huit vidéos de son cru pour nous amener sur la voie des confidences. Elle nous entraîne sur cette voie afin que notre voix résonne. On en a toutes une voix, aussi unique que nos empreintes digitales.
Vous voulez sortir le méchant, mieux vous comprendre, faire des liens entre votre passé et votre présent, c’est le temps : maintenant. Vous avez aimé ce bon côté du confinement, ce repli sur vous-même vous permettant plus d’introspection, c’est le temps d’en profiter. L’introspection manque dans ce monde où l’on est constamment bombardé de diverses sollicitations.
Avec sa perspicacité, son expertise, sa sensibilité à fleur de peau, notre belle Janette nous convie chez elle durant huit dimanches. Avec toutes ses qualités, elle aurait pu ne pas être généreuse, mais, en plus, elle l’est! Elle donne de son temps pour transmettre son expertise, elle qui a écrit, des livres bien sûr, mais également des séries et des textes qui font réfléchir. Durant chaque vidéo, d’une durée d’au plus 15 minutes, elle partage ses trucs d’auteure. Elle donne aussi des balises si vous désirez écrire les pages de votre vie. Elles s’adressent aux personnes âgées, mais j’ai vite réalisé que les conseils sont les mêmes pour divers écrits intimes. Autrement dit, vous n’avez pas besoin d’avoir 70 ans et plus pour amorcer ce geste thérapeutique d’écrire votre vie ou sur votre vie.
Vous vous en doutez sûrement, je lis énormément et en l’écoutant, j’ai découvert des trucs d’une grande simplicité autant que d’une grande efficacité. On oublie souvent combien la simplicité peut être efficace. Elle nous ramène à l’essentiel et elle s’y tient. En plus, comme elle a donné les huit leçons avec une semaine d’intervalle entre chacune, elle a reçu des échantillons d’écritures (parce que oui, elle lit ses courriels), lesquels ont participé à encore mieux nous guider.
Vous le saviez déjà, je l’espère, combien cette femme a une oreille bionique et qu’elle entend les rumeurs populaires et les murmures les plus subtils? Elle se place à l’écoute de l’autre, toutes antennes ouvertes. Je ne pouvais passer son initiative sous silence. Son geste est franchement trop beau. Il est généreux et nécessaire de donner la parole aux personnes silencieuses ou trop discrètes. C’est un geste salvateur d’écrire sur soi pour soi, c’est thérapeute pour toute personne qui désire libérer sa parole. Tendre l’oreille à sa vérité. J’y vais d’un autre exemple. Aucune voix n’est identique à une autre, il y en a des rocailleuses, des mielleuses, des fermes c’est la même chose lorsque l’on s’engage sur la (voix) voie de l’écrit. Si vous respectez votre vérité, éliminant les clichés, vous ouvrirez toute grande la porte à votre unicité. Vous allez écrire pour voir plus clair. Cela fait un bien immense, je vous l’assure.
J’en suis certaine parce que je l’ai expérimenté et des personnes de mon entourage également. Parce qu’avant même cette initiative de Janette, j’avais commencé un écrit intime sur le mode confidences. Je viens de terminer le premier jet de ce qui sera un livre, avant tout pour moi, ensuite pour les gens autour de moi, en héritage pour mes enfants et petits-enfants. J’ai réalisé après l’avoir extirpé de moi que je traînais ces confidences comme un boulet. Mon bagage était lourd et me voilà drôlement plus légère.
Pourtant, plusieurs fois dans ma vie, j’avais tenté d’écrire une histoire. Pas la mienne, une histoire. Chaque fois, je me butais à des culs-de-sac. À partir du moment où j’ai plongé dans la mienne avec franchise et authenticité, n’essayant pas nécessairement d’en faire une belle histoire, l’inspiration a coulé de source. J’ai choisi l’angle du rendez-vous raté avec ma mère. C’était le message que je voulais transmettre. Ce n’est que quelques années avant son grand départ que nous nous sommes enfin reconnues. Pourquoi ce si important rendez-vous a été manqué? Elle était pourtant une femme forte et formidable, j’ose croire que je le suis tout autant, ce qui ne nous a pas empêchés de nous ignorer, de nous sous-estimer, de nous accuser une et l’autre. Lorsque j’ai commencé à écrire, je ne savais pas où je m’en allais. L’inspiration m’a pris d’assaut. J’ai fait des liens et me voilà beaucoup plus éclairée sur le « pourquoi ».
J’aurais beaucoup de difficulté à aiguiller une autre personne dans ses méandres du moi, voici pourquoi je vous réfère chaleureusement ces vidéos instructives données par une doyenne expérimentée et tellement attachante. Il y en a déjà huit qui vous attendent et une dernière à la mi-septembre. Et Janette vous lit… n’est-ce pas un réel cadeau à se faire?
Allez, ne soyez pas timide et passez voir notre Janette nationale! Elle a de beaux messages pour vous qu’elle estime, vous considérant chacune comme de précieux trésors.
N.B. J’ai féminisé parce qu’il apparaît que 88 % des auditeurs sont de sexe féminin.