Quelqu’un me faisait remarquer cette semaine qu’elle n’en revenait pas de l’inquiétude générée par le fait d’avoir des enfants. Elle n’en avait pas et n’en aurait pas. Par choix. Une des raisons énoncées était cette inquiétude qui ne nous quitte jamais. Elle ne se sentait pas assez solide pour assumer cela toute une vie.
Légèrement, au fil de la conversation, on répond que « ce n’est pas si pire que cela », on en plaisante avec des clichées : petits enfants : petites inquiétudes, grands enfants : grandes inquiétudes, etc. et on dit que c’est quand même le plus beau métier du monde.
Jusqu’à ce qu’on prenne le temps d’y penser…
De revivre ces petits et gros chagrins, ces choix déchirants, ces expériences nouvelles, ces rencontres marquantes…
Tout nous inquiète. C’est vrai. Le premier souffle, les premiers pas, le premier rhume, l’entrée à la garderie, à l’école, le choix de carrière, le permis de conduire. On ne souhaite que leur bonheur. Juste assez d’épreuves pour qu’ils soient forts, autonomes, indépendants. Pas assez pour qu’ils soient meurtris à jamais. Assez d’obstacles pour qu’ils apprennent à être persévérants, fonceurs, visionnaires. Pas assez pour qu’ils soient désillusionnés. Assez de larmes pour qu’ils sachent apprécier la joie et la vie. Pas assez pour qu’ils ne puissent guérir et devenir des êtres brisés.
Et surtout assez de peines d’amour pour qu’ils puissent reconnaître le vrai sens du mot aimer. Pas assez pour qu’ils n’y croient plus. Surtout pas assez pour qu’ils acceptent une relation terne, sans respect et sans sentiments profonds.
Il est vrai qu’avec les années, l’inquiétude se transforme. Sera-t-il heureux dans ce métier? Pourra-t-il en vivre? Sera-t-il un adulte accompli, responsable, sympathique et agréable à côtoyer? Mais surtout, sera-t-il bien entouré?
Les relations amoureuses de mes enfants ont toujours été sur la liste de mes : « oh mon dieu… pourvu que… j’espère que… s’il fallait que… ».
À l’aube de mes 50 ans (quand vous lirez ces lignes, ce ne sera plus l’aube pantoute…. le party et le mal de tête auront eu le temps de s’estomper… ?), je peux avouer que j’ai eu la chance de faire la connaissance de gens formidables dans les rôles de copains/copines.
Mon fils a récemment mis un terme à une relation de 4 ans. Une jeune femme sensible, belle comme le jour, amusante, intelligente et attachante. Pendant ces années, je l’ai vu mûrir, devenir une adulte, atteindre un équilibre qui lui faisait défaut. Je l’ai vu passer d’une petite chose fragile et triste à une fantastique jeune demoiselle pleine d’entrain, de joie et d’assurance. Elle est devenue ma fille. Pour toujours. Avec les inquiétudes qui s’y rajoutent… Mais je sais maintenant que son chemin et son avenir seront à son image : lumineux…
Quand est venue l’heure de la rencontre de la nouvelle flamme… je me sentais comme les nouveaux parents d’un deuxième enfant : peut-on aimer autant? encore?
Ouf…! Je me sentais à l’aise dans mes vieilles pantoufles et là, on recommence… Sera-t-elle une femme pour lui? Nous ressemblera-t-elle? Devrons-nous éviter tels ou tels sujets?
Arrivée presque à l’improviste, la rencontre s’est faite : tsé… celle qu’on imagine? On se retrouve les cheveux en bataille, les vêtements puants de la journée de travail, la sueur coulant entre les deux seins (encore!) parce que lavage du bol de toilette oblige avant la visite… Heureusement que je portais des gants ?
Et…
…eh oui, on peut aimer autant, ça on le sait… Mlle Maude est entrée dans notre vie doucement, calmement, mais surtout comme si elle y avait toujours été… Outre la beauté naturelle, l’éclat de son sourire et la joie de vivre, elle rayonne de savoir, de talent, de curiosité et d’amour pour son prochain. L’étincelle dans les yeux de mon fils me rassure… et j’ai à nouveau une nouvelle fille… que j’aime déjà.
J’ai déjà été plus inquiète pour ma fille. ? Pas parce qu’elle est plus inquiétante… voyons! Un choix de carrière artistique est toujours insécurisant pour un parent… imaginez en télévision ?!!! Aujourd’hui, j’adore l’entendre me raconter les péripéties de ses tournages et sentir (!), même au bout du fil, à travers les kilomètres qui nous séparent, les étoiles qui brillent dans ses yeux… ce qui me permet de dire que cette vie folle, elle l’adore.
Comme je peux voir et sentir que le jeune M. Philip qui partage sa vie depuis plusieurs années la rend heureuse. Malgré l’amour à distance (450 kms et souvent même +) au début de la relation pendant les études et/ou pour le travail, ils ont réussi à faire mentir le vieil adage : loin des yeux, loin du cœur. Il est le seul en qui j’avais confiance pour prendre soin de ma progéniture lors de leur périple de 4 mois en Asie, armés que de sacs à dos et d’un chapeau de paille (aujourd’hui défunt).
À vrai dire, elle est aussi la seule à qui je faisais confiance pour prendre soin de M. P. aussi. 1- Parce qu’il oublie parfois de prendre soin de lui et 2- Parce que, bien…. C’est mon fils aussi…
Le fait de les voir installés dans leur chez-soi si délicatement décoré, si représentatif de ce qu’ils sont et enfin si près un de l’autre me rassure… De voir ce jeune homme intelligent, indépendant, visionnaire, plein d’humour, intègre, si respectueux des choix de ma fille, avec des abdos de feu (ahahaha ça, c’est pour toi P!!) se projeter dans l’avenir… De le voir graviter autour de la famille et participer aux conversations animées avec mon conjoint, mon frère et même mon père me confirme la chance que j’ai de l’avoir dans ma vie. Je l’aime…
Je suis si fière de mes 4 enfants…
P.S. Hum… je crois que j’oublie des enfants là… vous savez les amis de vos enfants…? Je sais que vous en avez déjà en tête… Alors, je vous aime, Catherine et Jean-Christophe, Alexy, Gabriel, Lorryjade xxx
6 Responses
Tellement vrai!! ❤️❤️
:)
J’adore et oui, on peut aimer autant les nouveaux « enfants » qui arrivent dans notre vie. Merci pour ce beau texte!
:)
?
Wouah, très beau texte Nathalie, d’une toute simple réalité….Ne lâche pas…