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Je me souviens…

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C’est fou; un autre été qui s’achève. Bizarre, on a l’impression que c’est fini et pourtant l’automne ne fera son entrée que le 21 septembre. Déjà, les matins sont plus frisquets, le soleil est moins lumineux, les journées sont plus courtes et les feuilles ont un peu de couleurs.

Plus fou encore; c’est la vie qui passe, ah oui, vous me trouvez un peu intense, peut-être, mais j’ai l’impression que cette période exceptionnelle que nous vivons nous fait occulter certains grands moments de la vie. C’est comme si tout était en hold.

On parle davantage des mesures COVID pour la rentrée scolaire que de la rentrée elle-même. Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais moi j’ai beaucoup de souvenirs de mes rentrées et de celles de mes filles.

Première année à l’école St-Ambroise; elle s’appelait Lise, (je tairai son nom de famille même si je pense qu’elle doit avoir 100 ans aujourd’hui; j’exagère à peine) mon souvenir; elle criait et criait beaucoup. Moi, du haut de mes 5 ans, j’avais peur.

C’est fou quand même, ça fait 56 ans de cela et je me rappelle avec précision cette première année qui fut quelque part marquante et déterminante pour moi. D’une part, j’ai développé une grande anxiété, mais j’ai surtout développé une grande volonté, inconsciemment. Aujourd’hui, je sais que malgré qu’elle ne m’aimait pas, j’ai réussi avec brio ma première année, mais sans plaisir.

Plus tard, j’ai eu de magnifiques enseignantes (et quelques enseignants) au secondaire et j’étais plus souvent qu’autrement le petit chouchou comme on appelait ça dans le temps. En fait, j’avais développé, pour me protéger, une grande gentillesse à l’égard des professeurs. J’avais peur de revivre ce cauchemar de première année.

Mais je n’étais au bout de mes peines, j’avais 17 ans lorsque mes parents m’ont fortement suggéré d’aller faire mon cours de secrétaire en anglais chez les religieuses. J’ai fait mon entrée le cœur gros, sans intérêt pour tout ce qui entourait le travail de secrétaire. Ma sœur avait fréquenté le même collège et elle avait très bien réussi; c’était une bonne élève. Voilà que mon enseignante était la même que ma sœur avait eue quelques années auparavant, Sister Annette, oh yessss, les amis, le pire était devant moi.

Nos noms étaient écrits au tableau et chaque fois que nous atteignions les objectifs en sténographie ou dactylographie, elle mettait une étoile.

Devinez qui n’avait pas d’étoiles… Moi. Alors, Sister Annette, avec sa gentillesse légendaire, me disait que j’étais so stupid que ma sister Lorraine était bien meilleure que moi, qu’elle parlait mieux anglais et ainsi de suite. Je vous assure que ça vous fait aimer le secrétariat. Je revivais ma première année avec cette fois une plus grande conscience et une plus grande humiliation.

Mon amie Sylvie, qui est encore ma grande amie aujourd’hui, m’a fait passer le test de dactylo en le commençant pour moi; bien oui on a triché, je paralysais à la minute où elle partait son cadran.

L’histoire se termine bien puisque j’ai encore une fois réussi mon cours, je ne dirais pas avec brio, mais avec beaucoup de travail. Je suis devenue secrétaire. Je n’ai pas aimé, mais j’avoue que c’était très formateur. Ma carrière fut brève, j’avais développé une si grande volonté que j’ai postulé sur des postes pour lesquels je n’avais pas, de prime à bord, les compétences et je les ai obtenus. J’ai eu une belle carrière dans les médias. I would like to tell you, dear Sister Annette, that I was not that stupid.

Oui, j’aurais aimé lui dire à elle ce que j’étais devenue.

Un grand détour pour dire que la rentrée scolaire n’a rien de banal. Qu’au-delà de la COVID, il y a de petits enfants qui font leur entrée dans la vraie vie, ils seront confrontés à des gens qui les aimeront parfois moins, de petits amis qui seront parfois méchants.

Mais plus que tout, ils s’en vont à l’école apprendre, ils ont de la chance, ils ont, dans la majorité des cas, des professeurs extraordinaires qui ont entre leurs mains ces petits êtres de 6, 7 ans qui font leurs premiers pas dans ce monde de l’éducation. Ils sont chanceux nos enfants de pouvoir s’instruire. C’est peut-être de cela dont il faut leur parler.

À vous les professeurs, merci à l’avance, vous faites un travail colossal. Par contre, si vous êtes fatigués, tannés, de grâce, partez. Sachez que vous avez entre les mains de petits êtres qui ont chacun leur personnalité. Des petits tannants, des petits gênés, des petits futés, des petits en difficulté. Vous êtes aux premières loges et vous faites la différence dans le parcours des enfants.

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5 Responses

  1. Résilience est le mot qui
    Toi résilience
    Resilience des profs
    Résilience des enfants.
    Belle résilience devant cette Maladie sournoise!
    On est tous surprenamment RÉSILIENCE.
    BRAVO.

  2. Résilience est le mot qui me vient à l’esprit
    Toi résilience et double resilience face à des défis et des situations difficiles!
    Resilience des profs.
    Résilience des enfants.
    Belle résilience devant cette Maladie sournoise!
    On est tous surprenamment RÉSILIENT
    BRAVO.

  3. Oui, Christine, tu as vu juste une fois de plus. Du primaire à l’université, les profs transmettent leurs connaissances et leurs valeurs aux futurs adultes de demain. Méritoires sont ceux et celles qui le font dans le respect des personnalités et des talents des élèves. Enseigner, une vraie vocation !

  4. Encore un très beau texte. Moi, je n’ai aucun souvenirs de mes professeurs, du moins je ne me souviens pas de leurs noms… Et toi, qu’elle mémoire! On souhaite maintenant que nos petits enfants aient des professeurs  » marquants » pour les bonnes raisons. Bravo! Tu as démontré une grande force de caractère. XX

  5. Je me souviens avoir été terrifiée, voire traumatisée, dans une Académie justement destinée à former des  »secrétaires » de haut niveau. Sister Pauline était ma tortionnaire. Elle m’avait prédit une vie d’échecs, peu d’avenir, peu d’avancement, vu qu’elle ne me voyait pas particulièrement talentueuse. Pourtant, j’étais studieuse et pleine de bonne volonté. D’ambition aussi. Mais le travail de secrétariat me faisait appréhender une vocation à reculons. Quoiqu’il en soit, je crois avoir réussi ma vie, comme adjointe à la magistrature, oeuvrant auprès des plus imminents magistrats, à la Cour supérieur et à la Cour d’Appel du Québec. Mais là n’est pas le plus important. J’ai surtout élevé, parallèlement à ma carrière d’adjointe administrative, deux magnifiques filles qui m’ont donné quatre attachants petits-enfants. C’est le plus subtil pied-de-nez que je pourrais lancer à cette titulaire qui me croyait nulle en tout point. J’ai fondé une famille et l’ai aimé (et l’aime toujours ) en leur donnant le plus précieux : l’exemple par lequel je pouvais passer le message que lorsque les autres ne croient pas en soi, il ne faut pas baisser les bras et leur prouver le contraire. Lorsqu’un professeur semble rabaisser nos élans pour nous tirer vers le bas, c’est de là qu’on peut puiser nos plus belles ressources et rebondir tellement haut qu’il n’en reviendra pas. En passant, quelques années plus tard, je l’ai croisée par l’entremise d’une consoeur religieuse qui m’avait accueillie avec mon mari au Chilli lors de l’adoption de notre fille aînée, alors bébé naissant en 1981. Qui l’eût cru? Alors qu’elle ne voyait en moi que l’étudiante insignifiante, je lui prouvais quelques années plus tard être gagnante dans une grande bataille en adoption internationale. Ce n’est pas rien. Ca vaut bien un diplôme de l’Académie Sainte-Anne, non?

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