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À la découverte de maîtres auteurs!

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Je les ai repérés pour vous. Ils sont nombreux, mais aujourd’hui, je vous en présente deux : Martin Michaud et François Gravel. Ce sont mes plats de résistance, le dessert étant le premier roman d’une nouvelle autrice, https://lesradieuses.com/wp-content/uploads/2017/01/Screen-Shot-2022-05-10-at-10.33.00-AM-1.png Vilder. Fera-t-elle long feu? Traversera-t-elle le temps comme l’ont fait ceux que je nomme maintenant des maîtres auteurs? Nous la suivrons ensemble.

Jusqu’au dernier cri – Une enquête de Victor Lessard de Martin Michaud — Libre Expression

Le dernier cri par Martin Michaud

Victor Lessard? Voyez-vous une figure à cet enquêteur? Moi, si. Et c’est la bouille expressive de Patrice Robitaille. Et la bouille de Martin Michaud, elle? Vous ne la voyez peut-être pas aussi clairement… et c’est normal! Le personnage fictif a dépassé son maître.

Martin Michaud
Crédit photo : Julien Faugère

Un jour, entre les entrailles de Martin Michaud, avocat de vocation, est né un certain Victor Lessard. Et depuis, il grandit, évolue, se transforme. Autrement dit, il est bougrement vivant! Cependant, parler de Victor sans parler de Jacinthe, sa « partner », serait un affront, une calamité, que dis-je, un outrage! Ils sont indissociables, des jumeaux cosmiques de même sang, de celui qui coule pour sauver l’autre. Jacinthe est l’expressive du tandem et ne manque jamais une occasion d’extérioriser ses railleries, un réflexe aussi naturel que l’air qu’elle respire. La bouille de Jacinthe Taillon est celle de Julie Le Breton, et elle ne fait pas dans la dentelle. Faussement bourrue, elle bouscule son environnement, surtout lorsque Lessard est en danger. Elle donnerait sa vie pour lui et c’est heureusement réciproque.

Jusqu’au dernier cri, la sixième enquête de Victor Lessard révèle plus que jamais la force de l’équipe : leur passion un envers l’autre est à son paroxysme. Cette histoire expose leur vulnérabilité, Jacinthe étant malade (maladie non identifiée), il n’est quand même pas question de laisser tomber son coéquipier, plutôt mourir que d’abandonner Lessard, son homme. Cette fois, l’expertise du réputé Lessard est réclamé à Matagami où trois trafiquants de drogue viennent de succomber à une attaque sans pitié. Trois du même coup? Ça brasse dans le milieu. L’esprit de vengeance sévit, tandis que notre duo suit une piste à travers le blizzard.

Martin Michaud a opté pour inscrire son histoire dans l’actualité, nous rencontrons des victimes collatérales de la pandémie et ses règles jugées trop sévères par certains. La lectrice que je suis a trouvé audacieux de la part de l’auteur de s’attaquer déjà à ce pan de notre histoire toujours aussi chaud à l’heure où je vous écris. L’auteur vit au rythme de son époque et n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de pousser une histoire dans ses derniers retranchements. En 2012, il a décidé de plonger de haut dans l’écriture, le distrayant de sa profession d’avocat. Sa passion l’a submergé au point de prendre le risque d’abandonner sa carrière de juriste, depuis maintenant dix ans. C’est ici que je lève mon bibi bien haut, il en faut de la confiance et de la témérité pour supporter le risque d’un tel virage. Il a misé sur son talent, et bravo, dix années plus tard, dix œuvres à son actif (quatre hors série), mais surtout un personnage qui a dépassé le créateur, Victor Lessard étant mieux connu que Martin Michaud, au même titre que Sherlock Holmes, mieux connu qu’Arthur Conan Doyle.

Victor Lessard

De la matière québécoise qui voyage aux États-Unis, en Allemagne, au Canada anglais et bien sûr, à travers l’Europe francophone. Soyons fiers! C’est une occasion en or de l’être. Si Martin Michaud vous a intrigué, n’hésitez pas à le visiter à travers les mots et les images de la vidéo. Vous entendrez parler du scénariste qu’il est devenu par la force des choses. Profitez-en, il est rare d’entendre directement le créateur ultime, celui qui a droit de vie ou de mort sur des personnages qui font maintenant partie de notre paysage culturel.

Le deuxième verre de François Gravel — DRUIDE

Le deuxième verre de François Gravel

Aussitôt découvert, aussitôt désiré : Le deuxième verre. Qu’en plus, soit rajouté que l’auteur se compromettait dans une histoire personnelle, le titre devenait incontournable. Avant tout, plaçons l’homme, cet être prolifique à en perdre le compte…

Il a écrit pas moins d’une centaine de titres, pour la clientèle autant jeunesse qu’adulte. Un auteur qui ressemble à l’homme qu’il est : droit avec une écriture directe. Simple avec une écriture sans prétention. Pragmatique avec une écriture ancrée dans le réel. Il me semble impossible d’affirmer connaître la littérature québécoise sans s’être promené du côté de François Gravel, auteur prolifique qui a touché tous les genres et tous les publics : jeunesse, lettres, journal, mémoire, récit, enquête et autobiographie.

François Gravel
Crédit photo : Martine Doyon

Le deuxième verre est un plongeon à partir d’un tremplin juché haut dans les sphères intimes de sa vie. Je ne connaissais de cet auteur que ce qu’il voulait laisser paraître et, cette fois, ma voix intérieure m’a crié que je devais lire cet opus sur l’alcoolisme. Cette dépendance, qu’on appelle maintenant une maladie, a marqué indirectement ma vie, mais moins que celle de François Gravel. J’ai cru que les chapitres déboulonneraient une impasse personnelle de l’auteur où il aurait outre consommé… mais non, je me trompais.

Le problème était grave et répandu, mais dans l’entourage immédiat de l’écrivain. Son père consommait jusqu’à se consumer morceau par morceau (amputations et mort jeune), également les frères de son père, ses cousins démontraient la même accoutumance morbide. De là à croire que la tare est héréditaire, il n’y a qu’un pas de souris à franchir. Le petit opus n’est pas un documentaire, loin de là, c’est plutôt un constat d’échec dans lequel François Gravel se mouille jusqu’à l’os. Il nous a habitués à son expertise de conteur et celle-ci se décèle par le côté direct et fort de chacun des chapitres. Cet agencement permet d’assimiler les informations au lieu de les avaler tout rond sans mastication.

Il y a de l’ordre et de la discipline dans la tête de François Gravel, et cela se perçoit dans la limpidité du propos. Le récit s’enfile facilement, et le goût parfois âcre s’adoucit par la légèreté de son humour. Les hommes qui ont entouré l’écrivain l’ont fait réfléchir. À la fin, il nous parle directement de lui, de ses trucs, de ses routines de buveur régulier, de ses doutes. Il s’est longuement demandé si ce livre avait à être écrit et publié, dévoilant les failles de sa famille immédiate. Il a décidé que « oui », le récit devait voir le jour. Je n’ai jamais été aussi d’accord avec un auteur.

Ce petit bouquin est et sera utile pour tous ceux tentés de ne plus compter les verres envoyés derrière la cravate ou le collier. C’est aussi convaincant qu’accueillant. Le vrac des émotions est brassé pour en ressortir les plus percutantes face à ce fléau de l’alcoolisme toujours d’actualité.

On meurt tous d’avoir vécu de https://lesradieuses.com/wp-content/uploads/2017/01/Screen-Shot-2022-05-10-at-10.33.00-AM-1.png Vilder — STANKÉ

On meurt tous d'avoir vécu

J’ai tendu la main vers ce bouquin de deux cents pages, ne serait-ce que pour son titre accrocheur. Ensuite, pour la bonne réputation de la maison d’édition et, en bout de piste, pour le résumé. Attention, mon choix n’a pas été motivé par le nom de l’écrivaine pour la bête raison que je ne la connaissais pas. J’aurais dû pourtant. Elle est chroniqueuse littéraire depuis plus de dix ans au Journal de Montréal.

https://lesradieuses.com/wp-content/uploads/2017/01/Screen-Shot-2022-05-10-at-10.33.00-AM-1.png Vilder

Heureusement, je ne l’ai pas réalisé avant de la lire, peut-être que j’en aurais éprouvé une petite gêne. Je dis « peut-être », car entre les pages d’un livre, je finis par m’étendre, m’étirer et même prendre mes aises. C’est ce qui a fini par m’arriver. Avec son On meurt tous d’avoir vécu, apostrophant le potentiel lecteur avec cette étiquette explicite : texte humoristique. On ne pouvait se tromper sur la teneur de la marchandise offerte. Autrement dit, le titre ne leurre pas, en insinuant que la première cause de la mortalité est d’être en vie! Vérité de La Palice à voix forte et haute.

Le personnage principal : Louky Crapo (avec ce nom, on s’attend à rigoler), journaliste dans la section des notices nécrologiques. Rien de très glorieux, surtout lorsque tu exerces le métier depuis une vingtaine d’années, même si formé par la meilleure, la lassitude t’accable de rédiger des avis presque « copier-coller ». Arrive un moment dans la vie où tu vises plus haut, plus glorieux, plus percutant. C’est le cas de monsieur Crapo qui vise carrément la rédaction des rubriques dites de « viandes froides ».

Avez-vous déjà entendu cette expression « viandes froides »? Typique des agences de presse, ce terme désigne les documents que l’on prépare à l’avance pour les personnalités connues qui, dans un avenir rapproché, tomberont au combat de la vie. La presse veut être celle qui a la primeur afin de damer le pion à la concurrence. Bien entendu, on se fout un peu du commun des mortels, on prépare cette documentation biographique pour les Michaël Jackson de ce monde. Il s’agit donc pour journalistes nécrologiques, comme le personnage du roman, de pressentir la mort imminente de leurs poulains. C’est un concours de circonstances que l’on doit gagner, car, en plus, il y a les prix Darwin (Darwin Awards) qui soulignent l’incongruité des causes de décès.

Bref, tout ce qui entoure la mort sera soulevé dans ce petit bouquin qui couvre un champ de morbidités cocasses avec son personnage ambitieux jusqu’à l’os qui se mesure à l’ampleur de son don extrasensoriel. J’ai eu l’impression que l’autrice avait colligé un dossier débordant de faits cocasses sur la mort, de maintes et maintes statistiques en passant par des blagues qui n’en sont pas toujours.

Pour rendre la potion la plus digeste possible, le don du journaliste (puissant ce don, ce n’est pas de la petite bière!) l’aidera à atteindre la gloire parmi les sommités des auteurs de « viandes froides ». Une démonstration patente d’un être prêt à tout pour combler ses ambitions!

– Texte pour un lectorat ayant le goût d’exorciser la mort, en débusquant toutes les causes possibles, surtout les stupides, avec un appétit pour les détails cocasses et une disposition naturelle à la loufoquerie.

C’est une précieuse occasion de rire tout haut les propos dont plusieurs rient tout bas. Et découvrir une autrice dont le style a assurément beaucoup d’aplomb.

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Une réponse

  1. Moi, j’ai lu Martin Michaud bien avant de connaître le personnage télévisuel de Victor Lessard. J’ai toujours apprécié Martin Michaud à cause de son écriture, de ses mots. Il a un style précis qui ne s’enfarche pas dans de longues descriptions et il a un vocabulaire qui ne nous prend pas pour des cons. Je n’ai pas encore lu son dernier Victor car j’aurais envie qu’il aille voir ailleurs, j’ai
    lu ses livres qui ne sont pas des Lessard et j’ai beaucoup aimé.

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