Plus que jamais, vous avez du temps pour lire par ces temps de confinement volontaire pour sauver nos aînés qui ont construit le Québec. Voici pour vous trois titres distincts malgré des thèmes communs. Kukum de Michel Jean que vous connaissez comme chef d’antenne et journaliste d’enquête, qui se définit avant tout comme un Innu, nous raconte ses histoires en toute connaissance de cause. Son titre Kukum a plu au comité de lecture du Prix France-Québec puisqu’il est en lice pour recevoir le prix. L’autre thème visant dans le mil est Maïna de Dominique Demers. Mes lectures sont habituellement des nouveautés, service de presse oblige, mais cette fois, j’ai eu la main heureuse de le piger parmi les romans dont la Bibliothèque se déleste annuellement. Ce roman dense et intense, écrit en 2002, relate l’histoire d’une jeune Amérindienne qui ira à la rencontre du peuple inuit. Le petit dernier, L’appel du huard de Lily Gaudreault est la quête intimiste d’une femme mature pour découvrir qui est son père, cet être mystérieux.
Kukum de Michel Jean
Kukum, signifiant « grand-mère » en Innu, nous relate l’initiation d’Almanda Siméon, une orpheline caucasienne qui, par amour pour un jeune Innu, apprendra par le cœur et par le corps les mœurs autochtones. Nous suivons la jeune fille dès les balbutiements de son initiation en profondeur, laquelle elle complètera sous nos yeux. Excellente manière pour le lecteur d’apprendre en même temps que cette femme déterminée. Bien entendu, le mot « féminisme » ne sera jamais prononcé, mais cette âme bien trempée élargira le rôle de la femme, se rapprochant de celui du mâle. L’Histoire regorge de ces femmes audacieuses, agissant comme précurseur, et l’histoire de cette femme habile qui aime chasser, d’égal à égal avec les hommes, en est une. L’auteur vous amène au cœur d’une histoire d’amour grandiose, tout en apprenant les us et coutumes. Les sens aux abois, vous saisirez l’appétit insatiable de liberté d’un peuple nomade. L’auteur nous fait sentir, par les tripes, les besoins vitaux du nomade. Il n’est pas évident dans notre monde, dit civilisé, de comprendre ce mode de vie et on en verra une démonstration dramatique.
Maïna de Dominique Demers
Sans l’avoir planifié, j’ai lu ce roman s’apparentant au précédent. Une Amérindienne, fille du Chef de la Tribu des Presque Loups, aura à prouver son endurance lors d’un long, laborieux et dangereux périple la menant jusqu’à la terre des Inuits. On s’attache fortement à ce personnage hors du commun. Refusant de devenir la conjointe d’un membre de sa tribu qu’elle exècre, elle décidera de s’enfuir avec celui que son cœur a élu. Les jeunes amoureux partent séparément et se donnent rendez-vous à un point donné. L’aventure déjà périlleuse en soi prendra des tournures totalement imprévues. Si vous êtes avides de mieux comprendre les us et coutumes du peuple inuit, vous serez servis à souhait. Ce roman a un suspens dense et alerte, autant que peut l’être une intrigue policière. Depuis le temps que je lis cette auteure, c’est sans l’ombre d’un doute son meilleur roman, j’en ai été remuée et suis sortie comblée par ma lecture. Vous pouvez certainement le trouver à la bibliothèque vu qu’il a été écrit en 2002.
L’Appel du huard de Lily Gaudreault
Il s’agit ici de la quête d’une jeune femme avocate qui prend une semaine sabbatique afin de trouver son père et fouiller son passé. Lasse des absences de son père et pire, de son silence quand il est présent, elle s’est donné la mission d’aller au fond des choses. Elle s’est dressé un itinéraire précis, en direction du Nord. Sa quête est en partie pour retrouver sa quiétude d’esprit, ainsi que mieux comprendre les rouages de la famille depuis que le décès de sa mère. Le déclencheur est un courriel envoyé par une femme qu’elle croit être la maîtresse de son paternel.
Elle a un frère jumeau retranché dans ses propres certitudes, une petite sœur comédienne, de onze ans plus jeune, avec qui elle entretient un lien précieux. Par déformation professionnelle, elle mènera le tout pareil à une enquête de terrain. Elle en apprendra abondamment sur celui qui lui a donné la vie, en interrogeant diverses personnes chemin faisant. On réalisera progressivement (très progressivement) qu’il y avait là matière à mystère. Au fil de ses rencontres, elle retrouvera un amour de jeunesse. Une histoire racontée sur un ton feutré et un style tout en douceur et en langueur. Mon intérêt aurait monté d’un cran, avoir ressenti un fort élan de sympathie envers le personnage principal.