Je me rappelle d’une anecdote survenue lors d’un cours de psychologie durant ma maîtrise. Après un exposé captivant sur les impacts, tant positifs que négatifs, de notre éducation sur nous-mêmes, une jeune mère de quatre enfants a posé une question avec une candeur désarmante à notre enseignant : « Comment fait-on pour ne pas “fucker” nos enfants? » Sa réponse fut sans équivoque : « C’est impossible! »
Dans cette optique, 3 questions surgissent dans notre esprit de maman :
- Qu’en est-il de notre rôle de mère?
- Que dois-je faire?
- Comment dois-je intervenir?
Culturellement, il y a cette tâche qu’on attribue aux mamans comme étant les seules et uniques responsables du bien-être de leurs enfants. C’est comme si nous nous sentons scrutées du regard dans nos manières de faire. Cette tendance nous oblige à être au parfum de toute nouvelle stratégie d’éducation ou application sur notre téléphone qui nous aidera à mener à bien notre projet « enfants » et surtout en assurer la réussite.
Je me plais de dire à ma fille, maintenant adulte, qu’il serait plus facile de m’assumer dans mon rôle de mère si j’étais devenue mère un peu plus vieille genre maintenant. Mais la nature est ce qu’elle est, c’est dans la jeunesse que nous ressentons ce besoin de procréer et que nous devenons mamans.
Quand j’y pense, et à mon âge actuel, il me semble que bien des inquiétudes seraient moins envahissantes. J’aurais eu cette maturité plus assise qui accompagne le détachement face à la réelle importance qu’on accorde parfois aux situations. En prenant de l’âge, tout devient moins compliqué, on s’en fait moins avec la vie, ce qui a pour résultat que l’expérience et l’apprentissage acquis au fil des ans me permettraient de voir les choses sous une autre perspective.
Maman vs culpabilité
Pour avoir eu maintes discussions avec des mamans, je me suis rendu compte à quel point ce sentiment de culpabilité est présent et bien ancré dans nos mœurs sociales. Dans les faits, il s’agit d’un état quasi universel. Cette pression est parfois lourde à porter et peut être exacerbée par les attentes sociales, familiales et culturelles.
Elles me parlent du manque de temps passé avec leurs enfants, des excès d’impatience à certains moments, d’être submergées. Bref, le syndrome de la mère parfaite ne se tient jamais bien loin.
De cette culpabilité, consciente ou inconsciente, naît cette tonne de remords face à nos actions posées, nos choix de vie, nos choix professionnels qui pourraient avoir un impact sur l’éducation, le mieux-être et le développement sain de notre enfant que l’on souhaite impeccable.
Prendre du temps pour soi
J’écoutais dernièrement une entrevue avec Marie-Claude Barrette qui nous racontait qu’elle s’accordait une journée par mois où elle allait dormir seule chez sa soeur. Elle profitait de cette journée pour se ressourcer, refaire le plein d’énergie, ne penser qu’à elle pour 24 heures.
J’ai, pour ma part, eu ce privilège de devoir voyager pour mon travail à une certaine époque. Les premières fois où je quittais la maison pour deux jours, la culpabilité montait en moi. Après réflexion, j’ai constaté au fil du temps que c’était même sain pour notre relation mère-fille. Transférer notre responsabilité est difficile, déléguer est difficile. Mais savez-vous quoi? Malgré les repas plus ou moins équilibrés lors de mes journées d’absence, elle a survécu et… moi aussi!
Nous avons le droit de prendre soin de nous, de nous accorder du temps de qualité, du temps d’intériorité, du temps d’évasion pour revenir encore plus adéquate et plus en vie que jamais.
Et si prendre ce temps pour soi amenait à nous sentir bien dans notre peau et nous aidait à être de meilleurs parents?
Les réseaux sociaux
Au moment où ma fille était petite, les réseaux sociaux n’existaient pas. Pas plus que toutes ces applications, commentaires et avis divergents de la communauté Instagram et Facebook de ce monde.
Comment ne voulons-nous pas nous comparer quand notre collègue de travail partage ses moments de festivité, d’effervescence, de progrès vertigineux de sa marmaille? C’est certain que nous y allons de comparaisons.
La vie d’une maman n’est pas « instagrammable ». La vraie vie, c’est que parfois on est à « boutte », on manque de ressources, on est essoufflée, submergée par la tâche. La réalité diffère bien souvent d’avec les profils léchés et parfaits que les réseaux sociaux propagent comme image parentale.
Et la comparaison fréquente souvent la compétition. Soyons bienveillantes et indulgentes envers nous-même! On en a tant besoin.
Vers une relation d’adulte à adulte
Le rôle de maman n’est pas une ligne tracée d’avance. Il y a de ces périodes où nous devons user de plus de discipline et à d’autres périodes où nous pouvons nous permettre plus de légèreté. Plus les enfants grandissent et vieillissent, plus nous pouvons instaurer un cadre authentique, vrai. Et ultimement cette relation parent-enfant se transformera en une relation adulte-adulte.
Lors d’une discussion avec ma fille, je lui racontais un pan de vie en m’accusant d’avoir failli à ma tâche de maman. Après m’avoir écoutée, elle me répondit le plus candidement du monde qu’elle avait souvenir de la situation, mais pas de marques, pas de cicatrices du passé. Et me lance en un éclat de rire « Tu pensais que tu avais scrappé mon fatalatapouette? » (ici nous utilisons un terme de François Pérusse dans un de ses sketches d’une parodie de l’émission Parler pour parler animée par Janette Bertrand à l’époque).
Tu comprendras qu’un long fou rire est venu clore cette discussion.
Se permettre la communication
Pour moi, c’est important de tâter le pouls, d’aller aux informations et d’avoir cette discussion remplie d’honnêteté avec ma fille. Parfois, nous, les parents, nous croyons tout permis et nous croyons même posséder une forme de vérité quant aux besoins de nos enfants. Pour ma part, j’ose ces discussions authentiques concernant mon rôle de mère et la qualité de notre relation. Je lui ouvre la porte à exprimer ses défis d’aujourd’hui. Intéressant parce que c’est ce qui me permet de pouvoir recadrer, me réévaluer, prendre une responsabilité et ultimement… m’excuser. On ne peut pas refaire le passé, on ne peut pas rejouer la pièce de théâtre différemment. Et même parfois, on ne peut rien réparer puisque tout appartient au passé. Ainsi, se rétracter en toute humilité apaise les tensions, les incompréhensions, les limites et les déchirements.
Accueillir et écouter n’est pas toujours facile et évident, mais, assurément, ces simples mots « Excuse-moi! Avec le temps et l’expérience acquise, aujourd’hui, je sais que je ferais autrement! » peuvent avoir un effet réconfortant.
Il y a toujours un risque à se dévoiler, toujours! À toi d’évaluer si le risque en vaut la peine. C’est pourquoi la connaissance de soi et le développement personnel deviennent des alliés incontournables. Ce processus devient possible en ayant effectué un travail sur soi, en ayant repensé sa vie autrement, en ayant déjà réalisé nos pardons, en ayant réfléchi sur notre propre éducation, et aussi peut-être avoir consulté pour éclaircir cette dimension.
Et tu sais quoi? En fin de compte, nous devons garder en tête que nous sommes humaines et que nous avons droit à l’erreur, nous avons le droit de nous tromper et de ne pas toujours être à la hauteur.
Oust la culpabilité! Profitons aisément de notre rôle de maman pour créer des liens forts et authentiques avec nos enfants.
Bonne fête des Mères à toutes les mamans, à toutes celles en devenir qui portent le bedon bien haut, aux belles-mamans, aux grands-mamans et à toutes celles qui prennent soin.
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