Ma lettre de démotivation ou trouver un emploi après 50 ans - Les Radieuses

Ma lettre de démotivation ou trouver un emploi après 50 ans

Il y a ces gens qui ont une carrière linéaire. Ils ont cet élan vers un domaine d’études qui les conduiront à naviguer à travers une carrière sans trop de vagues pour se stabiliser assez rapidement dans la vie.  

Et il y a ces autres qui bifurquent sur une route plus sinueuse pour réaliser leurs plans professionnels. Je fais partie de la deuxième catégorie avec certains inconvénients j’en conviens. Visiblement un itinéraire pas toujours évident à suivre surtout en fin de trajet.

Vous aurez compris que mon parcours professionnel a été ponctué d’une multitude de transitions qui épousent un modèle non linéaire parsemé de changements qui s’étirent en cycles de sept à dix ans dans mon cas. Une carrière bien meublée, des fonctions intéressantes et diversifiées ont tracé mon parcours.  

Ce désir de changement et d’indépendance chez moi a toujours été présent, mais le hic c’est qu’en avançant en âge et en expérience ces transitions deviennent de plus en plus difficiles. C’est ainsi qu’en 2016 à 54 ans je me retrouve sans emploi après une abolition de poste. La quête d’un emploi stable et qui rejoint mon profil professionnel en tout point s’échelonnera sur une période de trois ans. 

Pourtant un portrait professionnel diversifié

J’ai fait mes études en bureautique à l’époque des dactylos… (ça ne me rajeunit pas) pour ensuite me diriger aux études de baccalauréat en administration des affaires spécifiquement en gestion des ressources humaines. Une suite logique, je me dirige ensuite vers des études en psychologie. J’ai fait mes études à temps partiel tout en travaillant, un loooonnngg cheminement. Et tout dernièrement j’ai amorcé une maîtrise en administration publique à l’ENAP. Outre ce cursus scolaire, depuis presque 25 ans j’ai développé une expertise dans les domaines de la formation en entreprise en développement organisationnel et psychologie, la consultation, la gestion des ressources humaines, la santé mentale au travail, le coaching, les communications, le marketing social, la rédaction, la prévention et la promotion en santé mentale, etc.

Me trouver un emploi a toujours été pour moi un jeu d’enfant. Je me connaissais bien, je me présentais bien, j’ai eu le privilège d’accéder à des fonctions intéressantes qui ont bien garni mon curriculum vitae doublé d’une formation plus qu’adéquate. J’ai même obtenu des postes pour lesquels je n’avais peu ou pas d’expérience.  

Toutefois, à 54 ans le jeu d’enfants est devenu un échiquier complexe où la stratégie seule ne fonctionnait plus. Évidemment, j’arrivais en entrevue avec une préparation plus qu’exemplaire, une confiance aiguisée, un dynamisme convaincant. Je pouvais être rassurée puisque je possédais plusieurs cordes à mon arc qui manifestement m’offraient une longueur d’avance et des compétences bien assises.  

Voilà qu’il y a ces petits plis qui se sont installés sur mon visage, mais oh combien charmants, qui traduisent une jeunesse révolue. Je me suis rendu compte que ce qui était gagnant il y a quelques années n’avait plus la cote aujourd’hui. En fait je n’obtenais pas les postes pour lesquels j’avais pourtant toutes les compétences. 

C’était le monde à l’envers.  

Et n’oublions pas que d’avoir autant d’expérience que l’âge moyen des personnes qui se trouvent sur le comité de sélection ça fait un peu bizarre. Pour tout dire, ces jeunes recruteurs ne veulent peut-être pas travailler avec leur mère… Je les comprends un peu… 

Après plusieurs discussions avec des connaissances, des amies, le constat était bien simple! C’était une question d’âge… ou d’âgisme? J’avais peine à y croire parce qu’en moi toutes les compétences acquises étaient bonifiées par une solide confiance et une autonomie à toute épreuve. En moi j’étais une « presque jeune » avec un bagage expérientiel dont on avait qu’à bénéficier sans avoir recours à une laborieuse formation à l’embauche. Une valeur sûre quoi!

La pénurie de main-d’œuvre

Je ne ferai pas l’étalage des faits cocasses et questions saugrenues posées lors des entretiens d’embauche où j’ai été convoquée. Cependant, la pénurie de main-d’œuvre ouvrira peut-être la porte à revoir nos pratiques de gestion ou nos modes de recrutement en valorisant davantage les travailleurs expérimentés. Et parce que leur présence est plus grande sur le marché du travail, nous pourrions tirer avantage à nous adapter à eux comme nous le ferions avec indulgence avec les jeunes ayant que peu d’expérience à offrir.

Nous évoquons les nouvelles tendances de la gestion des ressources humaines, notamment du marketing RH, de la marque employeur, du bonheur au travail et ce, afin d’attirer des candidats d’exception. Cette marque employeur se dessinerait selon moi dès le début du processus de sélection et déclinerait sur la place des travailleurs expérimentés dans le monde du travail actuel.

Trouver sa place

Je suis convaincue que ces femmes de plus de 50 ans peuvent vraiment apporter une valeur ajoutée à une organisation. Elles arrivent motivées, engagées et pleines d’idées et de ressources qui ne demandent qu’à être sollicitées. 

Parce qu’heureusement aujourd’hui j’ai eu cette chance et ce privilège de poursuivre ma carrière dans un environnement riche et motivant. Parce qu’heureusement j’ai été recrutée à ce poste de gestion qui me drive avec des défis plus qu’intéressants et pour lequel toutes mes compétences sont mises à contribution.  

J’ai donc abandonné avec plaisir les alertes emploi. J’ai jeté ma lettre de démotivation et j’entame cette portion de ma vie professionnelle avec enthousiasme et vitalité. 

Heureuse cinquantaine! 

2 Comments
  1. Oh! Voilà un écrit des plus intéressant pour avoir fait un parcours semblable à celui ci et que aujourd’hui j’ai la chance de travailler dans un milieu que j’aime et comme la soixantaine me guette de très prêt je fais partie de cette catégorie. Mais combien j’ai du travailler pour trouver ma place. Merci pour ce super texte qui nous confirme que nous sommes pas seuls dans cette catégorie là et que l’on a beau être connue dans notre milieu ce n’est pas nécessairement facile.

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