Mes montées de lait... Ouch! - Les Radieuses

Mes montées de lait… Ouch!

Ma fille Nadine vient d’accoucher; son deuxième enfant. Mon petit Victor est né comme en coup de vent le 18 septembre dernier. Un autre beau miracle de la vie. Il est tout beau, il a tous ses petits membres et il va bien; on ne peut espérer mieux. Un quatrième petit trésor qui s’ajoute à la famille. Quel privilège!

Ma fille va bien. L’accouchement a été à merveille; tellement qu’elle a accouché dans le bain. Oui, oui, les infirmières convaincues que c’était de fausses contractions l’ont installée dans le bain pour voir si les contractions étaient de vraies contractions et si elle devait être admise. Les infirmières font un travail remarquable, mais disons qu’elles ne semblent pas vouloir que l’unité des naissances soit trop remplie.

Je me pose ici la question; est-ce qu’une femme qui a déjà accouché pourrait avoir le privilège de dire : « Écoutez-moi bien, ce sont de vraies contractions et je sais que mon travail a commencé et j’ai accouché en une heure la première fois »? Il semble que non; elles ont le contrôle. Elle a appelé à l’hôpital à quelques reprises durant la journée pour vérifier si elle devait s’y rendre. « Non madame, ne venez pas. Vos contractions sont trop courtes, trois distancées, trop ceci, trop cela. » « Oui, mais mon médecin m’a dit de ne pas tarder. » « Non madame, pas maintenant. » Elle a fait son dernier appel à 20 heures; à 22 h 20, Victor est né… Peu de femmes éprouvent un grand plaisir à se rendre à l’hôpital inutilement.

Comme ma fille est de nature docile et a un seuil de tolérance assez élevé à la douleur, elle a attendu jusqu’à ce que son conjoint lui dise : « C’en est assez, on s’en va à l’hôpital. » Alors une heure après son arrivée à l’hôpital elle accouchait et soudainement les infirmières sont arrivées en catastrophe pour l’accoucher dans le bain.

Nous nous sommes rendu toute la famille à l’hôpital. Victor avait à peine trente minutes. Nadine était resplendissante n’ayant pas travaillé trop fort. Mais elle était, comment dirais-je, un peu sous le choc comme si tout cela avait été un peu trop soudain. Le bébé était tout chaud encore. Elle l’avait dans les bras et aucune infirmière ne s’est pointée pour voir comment allait Nadine, ni pour peser le bébé. Une heure et demie plus tard en quittant, j’ai informé le personnel que le bébé n’avait toujours pas été pesé, que personne n’était venu depuis l’accouchement. Elles m’ont regardée, ébahies en me disant sans rien dire de me mêler de mes affaires.

Étaient-elles débordées? Pas du tout; l’une d’entre elles mangeait son lunch; elles jasaient entre elles et ne savaient pas qu’une femme venait d’accoucher dans le bain en 10 minutes puisqu’il y avait eu un changement de quart de travail. Le moins qu’on puisse dire c’est que c’était ordinaire.

Maintenant venons-en à mon autre montée de lait… l’allaitement. Nadine allaite assez facilement, mais ciel qu’elles ont de la pression les mères de nouveaux-nés. J’ai vu lors des trois autres naissances des infirmières s’acharner sur les seins de mes filles. Ne me lancez pas de tomates, je sais, je sais, le lait maternel est ce qu’il y a de mieux pour le nourrisson et toutes les mères veulent ce qu’il y’a de mieux pour leurs enfants. Mais lorsqu’une femme vient d’accoucher pourrait-on y aller un peu plus mollo? Est-ce qu’il se peut que l’on ne soit pas capable d’allaiter, qu’on soit malade ou que, pour toutes sortes de bonnes raisons, on ne le fasse pas ou on le fasse peu?

Est-ce qu’il se peut même que, oh scandale, on n’aime pas ça allaiter? Oui, oui, c’est possible, j’en suis certaine, mais c’est l’omerta chez les jeunes mamans. Elles allaitent, c’est fantastique, les femmes plus connues font des belles photos bébé au sein vêtues de leur belle robe, maquillées, coiffées… Arrêtez-moi ça tout de suite, c’est irréel et superficiel. Ce n’est pas la photo d’une mère qui allaite qui m’énerve, au contraire rien de plus beau, c’est ce que ça projette. La réalité c’est que le plus souvent on allaite les cheveux en bataille, un peu pâlotte.

Un exemple; un jour, ma fille aînée qui avait eu de la difficulté à allaiter a voulu aller à des rencontres mamans/bébés question d’échanger avec d’autres femmes sur sa nouvelle réalité. Bien, vous savez quoi? On l’a refusée parce qu’elle n’allaitait pas. Alors là, pour moi c’est le boutte. On appelle ça un libre choix! C’est une blague. Pourquoi ne pourrait-on pas dire à une femme qui allaite et qui a donné le colostrum ce qui est, paraît-il, le plus important : « Si ça ne fonctionne pas madame, arrêtez, si vous préférez tirer votre lait pour pouvoir vous reposez un peu c’est aussi correct. » Si vous optez pour la formule, c’est votre choix. Non, en lieu et place, on insiste, on fait sentir à la femme qu’elle est inapte, presque sans cœur. Moi je n’embarque pas. On disait dans mon temps que les hôpitaux étaient enquiquinés avec les compagnies de formules, on dirait qu’à l’inverse aujourd’hui le personnel soignant et tout ce qui est autour de l’allaitement est devenu un genre de dictature.

Voilà, je l’ai dit. Voir mes filles pleurer (alors qu’elles sont de trrrrès bonnes mères) parce qu’elles ont peur du jugement du personnel; très peu pour moi!

Une maman heureuse et reposée équivaut pour moi à un bébé en santé.

C’est pas très 2019 de ne pas laisser le libre-choix aux femmes.

10 Comments
  1. Tout à fait d’accord! L’allaitement n’est pas une performance. C’est pas très 2019 non plus de se sentir supérieure en jugeant le choix de quelqu’un d’autre.

  2. Merci pour ce beau texte!! Étant une maman qui ait choisi de donner la formule au biberon pour mes 4 bébés, j’ai ressenti cette foutue pression qui ne devrait pas être. Mais j’ai toujours dit haut et fort que j’avais choisi cette façon de faire parce que je n’aimais pas allaiter et que j’ai choisi d’être en paix avec mon choix. Mes enfants ne s’en portent pas plus mal et ils ne sont pas pires que ceux qui sont allaités. C’est d’abord et avant tout un choix personnel et personne ne devrait le juger ou être jugé!!

  3. Je suis tellement en accord! À chaque têtée je devenais anxieuse parce que je n’étais pas capable de fournir et les infirmières qui te tripotent et qui s’impatientent…sans oublier ton nouveau-né qui pleure parce qu’elle a faim …heureusement une fois à la maison j’ai pu y aller à mon rythme et à ma manière!

  4. Que du vrai Christine ! Merci, au nom de ma propre fille et de toutes les mamans concernées de notre époque dite « évoluée ». En tous les cas, pas dans tous les domaines…

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