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Petits bonheurs

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Je ne suis pas du style à lire des livres de croissance personnelle ou à m’abonner à des pages Facebook de pensées positives. Comprenez-moi bien, je n’ai absolument rien contre celles qui ont pour héros le Dalaï-lama, qui cultivent l’art du bonheur ou qui colorent des mandalas. Si je veux me recentrer, ce n’est juste pas le genre de chose qui m’aide vraiment.

Mais, en janvier, je me suis laissé tenter par un petit pot Masson. Alors que j’utilise l’intro de ce texte pour vous exposer que les idées zen ne m’influencent pas, j’ai craqué à l’idée de me trouver une image « petits bonheurs » sur le Web. Je l’ai imprimée et collée sur un joli pot bleu translucide.

L’exercice suggérait d’écrire sur un bout de papier, un moment positif de notre journée pour chaque jour de l’année, pour ainsi remplir le pot.

Dans un souci d’être assidue durant 365 jours, j’ai publié un statut Facebook me vantant de ma résolution pour la prochaine année. Ça m’a permis de découvrir que j’avais des amies encore moins zen que moi. Certaines avaient essayé cet exercice tout à fait inoffensif, mais ne s’étaient même pas rendues à la Saint-Valentin. D’autres ne voulaient pas tenter l’expérience sachant fort bien qu’après quelques jours, elles laisseraient tomber ce petit rituel.

Livre où écrire des petits bonheurs

Eh bien, je vous le donne en mille : j’ai persisté. En cette fin d’année, ma boîte est bien remplie. (Les débordements de mon pot de verre ont comme résultat que j’ai dû transférer le tout dans une boîte à la fin de chaque mois.)

Je n’atteindrai probablement pas le chiffre magique de 365 le 31 décembre. Je ne serai toutefois pas loin de 350 bouts de papier recyclé où j’y aurai soigneusement mis noir sur blanc mon petit bonheur de la journée.

C’est extrêmement varié allant de « faire des câlins à mon chien alors qu’un doux rayon de soleil nous chauffe la couenne, un vendredi froid d’automne », passant par « mes deux grands poulets sont venus souper à la maison et se sont tiraillés comme quand ils étaient enfants ».

Qu’est-ce que ça m’a donné de laisser couler des tonnes d’encre de positivisme sur des feuilles bien découpées en carrés de 5 X 5 centimètres?

Je ne suis pas quelqu’un qui a le bonheur facile. Je ne l’ai jamais eu. Je veux toujours plus dans la vie. Plus d’argent, plus de succès, plus de voyages, plus de défis, plus d’amour, plus de santé, plus de tout. « Je veux tout, tout de suite et ici » comme le dit si bien Ariane Moffatt. Je n’ai pas ce bonheur facile que certains ont de façon innée, mais j’ai découvert que j’avais le « p’tit bonheur » facile.

Très rares sont les journées où j’ai dû me creuser la cervelle pour remplir mon papier. Oui, il m’est arrivé de me dire consciemment que je n’avais vécu aucun petit bonheur dans les 24 dernières heures. Mais c’est parce que j’ai la mémoire courte. J’avais oublié que je m’étais réveillée par moi-même le matin, sans sonnerie, sans aucune obligation de me précipiter dans le trafic. J’avais aussi oublié que je m’étais couché la veille dans un lit confortable à côté du père de mes enfants. Je ne me souvenais probablement plus que dans ma journée, j’avais visionné une vidéo d’un bébé qui rit ou de cet homme qui joue du piano à ses chats.

Les jours où je déprime, je pige dans ma boîte et je relis quelques-uns de ces petits bonheurs.

Vais-je répéter l’expérience l’année? Je ne crois pas que ce soit nécessaire. J’ai compris.

J’ai compris que mon quotidien n’a plus autant besoin de sensations fortes que dans ma vingtaine ou ma trentaine. J’ai compris que je suis une personne privilégiée. Ça n’efface pas complètement les périodes plus sombres, mais ça relativise les choses.

Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire avec tous ces beaux petits bonheurs?

Les offrir en cadeau.

Je n’ai pas eu la chance de connaître mes grands-parents. Mes enfants n’ont à peu près pas connu les leurs. Ce n’est pas pour rien que dans mes romans, il y a de beaux grands-parents, aimants, généreux et exceptionnels qui ont des relations extraordinaires avec leurs petits-enfants.

Connaître quelqu’un ce n’est pas juste d’être au courant des grandes lignes de sa vie, ce qu’il a exercé comme métier, s’il a eu ou pas des enfants, quelles sont ses passions. Connaître une personne, c’est aussi savoir ce qui la rend heureuse, ce qui la fait rire, quelles sont ses petites manies, ses élans de générosité. Et parcourir une année de son existence dans l’intimité de ses petits bonheurs, c’est entrer encore plus dans son âme.

Avoir eu l’idée plus tôt, j’aurais fait cet exercice une année pour chaque décennie de mon existence. Imaginez l’évolution et jusqu’à quel point nos descendants pourraient en apprendre sur nous!

Alors à Noël cette année, mes deux garçons recevront cette boîte. Et un jour, quand leur progéniture leur demandera comment était leur mère (au cas où je ne puisse leur dire moi-même) ils pourront leur faire lire ces bouts de papier qui représentent une année de ma cinquantaine et tout ce qui m’a émue ou m’a provoqué un sourire, ne serait-ce qu’un court moment.

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6 Responses

  1. Quelle idée géniale ! Tes futurs petits-enfants auront un héritage intime de leur grand-mère , c’est rare ça! Ils verront ton grand talent d’écrivaine et constateront que si tu considères que tu n’as pas le bonheur facile, tu as le partage dans le sang ! Bravo XX

  2. Bel article, mais qui commence drôle… « Je ne suis pas du style à lire des livres de croissance personnelle ou à m’abonner à des pages Facebook de pensées positives. » C’est quoi, le style de ces personnes? Est-ce que ça signifie que celles qui le font ont un « style » naïf ou inconvenant? Je trouve que chercher à s’améliorer et à être positif est un bien beau style dans un monde où il y a tant de superficialité et de souffrance.
    Attention, la crainte du jugement des autres ne doit pas avoir pour effet de viser des lectrices inoffensives… Il y a tant d’autres personnes mal intentionnées à dénoncer avant.

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