Les pièges collants jaunes sont très connus des jardiniers. On les place près des plantes où volent les insectes et hop, ils se retrouvent collés au piège au lieu de manger vos plantes.
Toutefois, bien avant l’apparition de ces pièges collants, mère Nature avait déjà pensé à une solution ingénieuse : des plantes à feuillage gluant. Beaucoup plus de plantes capturent les insectes qu’on ne le croit; on les appelle les plantes insectivores.
Et si je vous disais qu’il est possible d’en cultiver une à la maison? Sans plus tarder, je vous présente la grassette.
Qu’est-ce qu’une grassette?
Les grassettes sont des plantes du type Pinguicula et il en existe près de 80 espèces. On les retrouve principalement en hémisphère nord, mais aussi en Amérique du Sud. Au Canada, si vous êtes attentives, vous pourrez apercevoir des grassettes sauvages près de chez vous.
Le nom Pinguicula signifie «petit graisseux», car les grassettes sont de très petites plantes (souvent moins de 20 cm de diamètre) avec des feuilles vert pâle lisses qui semblent recouvertes d’une mince couche de graisse. Si vous vous approchez, vous remarquerez que les feuilles ne sont pas aussi lisses qu’elles y paraissent et qu’elles ne sont pas graisseuses non plus. Il s’agit plutôt d’un grand nombre de fines gouttelettes de mucilage transparent.
Envie d’en cultiver? Privilégiez les espèces tropicales originaires du Mexique (P. moranenis, P. esseriana, P. gigantea, etc.) ou les diverses hybrides puisqu’elles sont adaptées à des conditions très similaires à celles trouvées dans nos maisons. Visuellement, elles ressemblent drôlement aux petites violettes africaines.
Similaires aux violettes africaines… mais différentes
Comme les violettes africaines, les fleurs sont généralement pourpres, blanches ou roses, parfois rouges ou jaunes avec cinq pétales, mais les grassettes sont portées sur des tiges plus hautes et plus minces. Beaucoup de variétés fleurissent une bonne partie de l’année… comme les violettes africaines.
Cependant, les deux plantes n’appartiennent pas à la même famille et sont donc distinctes.
Comment les grassettes attrapent les insectes?
Contrairement aux autres plantes insectivores, les grassettes sont particulièrement efficaces pour piéger les insectes. Les sciarides ou mouches du terreau, entre autres, sont follement attirés par cette plante.
La théorie principale est que l’aspect chatoyant de la feuille suggère une présence d’eau, ce qui attire l’insecte. Il est aussi possible de croire que la couleur vert lime des feuilles les attire. Ce vert est très près du jaune et on sait que de nombreux insectes indésirables sont attirés par le jaune (d’où les pièges collants jaunes). Les feuilles pourraient aussi dégager une odeur intéressant pour certains insectes.
Peu importe la théorie, lorsque l’insecte atterrit sur la feuille, il reste pris. La glu le tient collé au piège et plus il s’agite, plus la plante en produit, jusqu’à ce que le mucilage le recouvre et l’étouffe. Par la suite, la feuille produit des enzymes digestives qui permettent de décomposer l’insecte, le réduisant à un espèce de «jus d’insecte» que la feuille peut absorber.
C’est d’ailleurs à partir des insectes piégés que les grassettes obtiennent tous les minéraux nécessaires à leur croissance. Leurs racines n’absorbent que l’eau.
Une culture assez facile
Les grassettes tropicales sont assez faciles à cultiver à la maison, mais il faut quand même respecter certaines de leurs exigences.
Elles ont des besoins similaires aux violettes africaines. Les grassettes aiment un éclairage assez intense avec quelques heures de soleil direct, une humidité atmosphérique raisonnable (entre 40 et 50%) et des températures intérieures normales.
Arrosage
Toutefois, une grande différence entre les deux plantes se note lors de l’arrosage. Pour les grassettes, il est recommandé de les arroser avec de l’eau de pluie ou de l’eau distillée. Elles détestent l’eau du robinet, qui est trop minéralisée pour ses besoins.
Rempotage et terreau
Il est rarement nécessaire de rempoter une grassette à cause de sa petite taille. Toutefois, lorsque le terreau est trop compacté, après 4 ou 5 ans, il est préférable de le faire. Tentez d’éviter les terreaux d’empotage commerciaux habituels, car ils contiennent de l’engrais. Tel que mentionné plus tôt, les racines n’absorbent que l’eau. Privilégiez plutôt un terreau maison composé à 50% de tourbe horticole («peat moss») et à 50% de perlite ou de vermiculite, ou encore à 50% de mousse de sphaigne et à 50% de perlite ou de vermiculite.
Multiplication
Elles sont également faciles à multiplier en séparant les rejets que la plante mère produira avec le temps.
Une période de croissance saisonnière
La saison de croissance des grassettes va du printemps au début de l’hiver. Durant ce temps, maintenez le substrat de culture uniformément humide en ne le laissant jamais sécher; ses racines ne le toléreraient pas.
N’appliquez jamais d’engrais, car vous pourriez tuer votre plante. Comme nous l’avons vu, elle ira chercher ses minéraux grâce aux insectes.
Oubliez aussi les pesticides (fongicides ou insecticides), car ils risquent d’endommager les feuilles. Si vos autres plantes en ont besoin, déplacez votre grassette ailleurs pendant le traitement.
Entrent-elles en dormance?
Dans la nature, la majorité des grassettes ont une période de dormance hivernale très marquée. Les variétés tropicales sont rarement totalement en dormance, par exemple (les tempérées, quant à elles, oui), mais plusieurs commencent à produire une rosette plus compacte composée de «feuilles d’hiver» plus petites et plus épaisses qui ne sont pas collantes, indiquant que la dormance est commencée.
Au cours de cette période, qui arrive normalement entre les mois de septembre et d’octobre et les mois de mars et d’avril, vous pouvez baisser la température, même jusqu’à 5 °C. Il est surtout très important de laisser sécher davantage le terreau de ces plantes semi-dormantes, soit presque complètement, avant d’arroser de nouveau. C’est un changement assez radical par rapport aux arrosages abondants de l’été! Lorsque de nouvelles feuilles d’été commencent à apparaître, recommencez à arroser davantage, assez pour maintenir le terreau humide, comme auparavant.
Il arrive aussi que certaines grassettes demeurent en croissance toute l’année, notamment quand on les cultive sous un éclairage artificiel. Tant que la production de feuilles d’été persiste, continuez de les arroser abondamment, tout simplement.
Où trouver ces pièges collants vivants?
Les grassettes sont assez difficiles à trouver, mais ouvrez l’oeil. En jardinerie, vous aurez la chance d’en dénicher lorsqu’un lot de plantes carnivores arrive. Elles sont souvent mélangées à travers d’autres espèces, comme la dionée attrape-mouche. Les grassettes vendues de cette façon sont rarement identifiées par un nom d’espèce ou de cultivar. Il s’agit généralement d’hybrides d’origine impossible à vérifier. En les achetant ainsi, c’est la meilleure façon et la moins chère pour débuter avec les grassettes.
Elles sont souvent vendues dans un contenant transparent plastifié pour leur servir d’abri pendant le transport. Une fois à la maison, enlevez-le, car les grassettes ont besoin d’une bonne circulation d’air pour être heureuses.
Pour profiter d’un choix plus large de variétés, d’une plante de meilleure qualité ou d’une identification appropriée, il est possible de commander auprès d’une pépinière spécialisée en plantes insectivores, comme Carnivorous Plant Store, au Canada.
Bonne découverte, chères Radieuses!
Vous avez aimé ce texte et désirez en apprendre davantage sur le sujet des pièges collants? Visitez le jardinier paresseux sur son site Web et suivez-le sur sa page Facebook ou Instagram pour ne rien manquer!
Vous aimerez aussi :