La boîte à lunch est rangée, je suis en congé pour deux semaines! J’ai emballé le dernier cadeau, je pars faire les dernières commissions. Le décompte est commencé, Noël arrive avec sa charge de bonheur et d’amour. J’adore ce temps de l’année où tout devient magique!
Dans l’auto, sur toutes les chaînes de radio, j’entends de la musique de Noël. À l’épicerie, les étagères regorgent de biscuits en forme de flocons et de père Noël en chocolat. Il y a foule! On se rentre dedans, on s’excuse, on se sourit. Les caissières ont des tuques de lutins ou des bois de rennes sur la tête. J’adore! L’ambiance est à la fête, les gens sont de bonne humeur, les vacances sont arrivées. Je suis heureuse.
Ahh le temps des Fêtes
Le projet est simple et festif. On reçoit la famille, on est invité chez des amis. On partage une bouteille (ou plusieurs!), un repas. Être autour d’une table avec ceux qu’on aime, fredonner une chanson, faire deux, trois pas maladroits de claquettes pour faire son smat. Jouer au mime et rire comme des fous. Moi, ça me va droit au cœur.
On sort la vaisselle de Noël et nos plus beaux vêtements. Les paillettes, aimez-vous ça? Moi pas tant, mais, à Noël, c’est toujours beau, les brillants!
Êtes-vous fébriles autant que moi? J’ai hâte, parce que je sais que les prochains jours, je vais les passer avec ceux que j’aime. On va rire, on va danser, on va chanter. On va manger et peut-être boire un peu trop, et on va être patraque rendu au 26. Ça fait partie du jeu. C’est Noël!
On s’offre les petits présents qu’on a choisi avec amour. On s’offre de belles cartes avec des mots d’amour et d’amitié. On tend la main un peu plus loin, on sourit vraiment, on rend service un peu plus souvent. On pense à ceux qui n’ont pas notre chance, on donne pour eux, un petit cadeau, des sous, du temps. Ça nous fait plaisir! C’est Noël. J’ai comme le goût de faire une bonne action, quelque chose de spécial, qui rendra une personne heureuse, vraiment heureuse.
Au bureau, on s’organise pour acheter des cadeaux aux enfants qui n’en reçoivent pas. J’achète du beau papier, du ruban rouge aussi pour faire de beaux emballages. On participe à la guignolée du village! Il faut que tout le monde soit heureux, c’est Noël.
Cette période d’amour, de partage et de don de soi est la plus belle de l’année pour moi. Je l’ai toujours aimé et elle me rend heureuse.
Pourtant…
Pourtant, je pourrais le haïr de toutes mes forces ce temps-là, parce que, le truc, c’est que j’ai perdu mon père un 5 décembre. Il est décédé subitement un vendredi soir, sans même que je ne me doute de quoi que ce soit. J’avais 11 ans.
Voilà ce qui s’est passé. Tous les vendredis, mon père laissait l’auto à ma mère pour qu’elle puisse faire les courses de la semaine puisqu’il devait se rendre à son magasin de pièces d’autos sur la rue Beaubien à Montréal et nous, nous habitions Saint-Hubert.
Ce soir-là, j’avais ma première leçon d’orgue. C’est mon papa qui m’avait inscrite. Étant lui-même musicien, il souhaitait transmettre sa passion à sa fille et j’en étais très heureuse. Il avait déjà fait partie d’un groupe plus jeune, mais depuis l’ouverture de son commerce, il ne jouait que pour son plaisir et dans les fêtes familiales.
Donc, après ma leçon d’orgue, ma mère et moi sommes parties rejoindre mon père à son magasin. Et comme d’habitude, j’ai couru jusqu’à l’arrière, certaine qu’il était dans l’entrepôt de pièces, mais il n’y était pas.
Je l’ai su tout de suite. En voyant son manteau sur la chaise et mon oncle qui n’avait rien à faire là, je l’ai su! Et j’en ai eu la confirmation quand mon oncle m’a prise dans ses bras en pleurant.
Ce premier Noël sans mon papa a été difficile. J’étais seule avec mère qui pleurait. Je n’arrivais pas à croire ce qui était arrivé. Mon père, foudroyé par une crise cardiaque à 39 ans, c’est impossible dans l’esprit d’une petite fille. Seuls les vieillards meurent, voyons…
J’ai passé des Noëls bien tristes par la suite. Nous n’avions pas beaucoup de famille. Mon grand-père, mon oncle, ma tante et deux cousines. Ma mère et moi étions souvent seules devant la télévision. J’imaginais les autres familles attablées devant des tourtières que leurs mamans avaient cuisinées dans les derniers jours. Sans parler des gâteaux, sucres à la crème et autres friandises.
Pour moi, Noël, c’est le party
Je m’imaginais faisant partie d’une famille nombreuse, où les enfants se chamaillent pour savoir lequel ouvrirait son cadeau le premier et où tout le monde faisait semblant de ne pas reconnaître mon oncle Gaston déguisé en Père-Noël.
Dans ma tête, il y avait de la musique, des chansons et des enfants endormis sur une pile de manteaux. Dans ma tête, il y avait du monde. Du monde joyeux et heureux. Je les enviais ces gens-là.
Alors, vous comprendrez qu’à l’âge adulte, des partys, j’en ai organisé! T’es tout seul? Viens-t’en chez nous, y va avoir du monde, et on va avoir du gros fun!
Voici donc pourquoi mon cœur chavire à l’arrivée de Noël. Mon cœur chavire d’amour, car j’ai maintenant la chance d’avoir un époux, un fils, une belle-fille, et deux petits enfants. Mon cœur se remplit d’une joie intense le 25 décembre quand le souper de famille et le party commencent.
On est 6, 8, 10, le nombre ne compte plus pour moi. Je suis avec ceux que j’aime. Mon grand-père est décédé, ma mère aussi. Je demeure quand même nostalgique. Je pense à eux avec tristesse en cette période, mais ça n’entache pas mon plaisir. Ainsi va la vie. D’autres sont nés, des petits trésors de la vie qui arrivent avec une magie que je reconnais et qui fait que le moment devient magnifique.
À tous ceux que j’aime, et vous êtes très nombreux, je vous souhaite un magnifique temps des Fêtes. J’espère que votre cœur est prêt à recevoir tout ce bagage d’amour, car vous le méritez toutes, chères Radieuses!
À la vôtre!
Sylvie
