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Tranche de vie : Le vertige des 50 ans

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Les plus jeunes diront que 50 ans, « c’est donc bien vieux! », alors que les plus vieux diront que 50 ans, « c’est si jeune! »

Mon compte à rebours vers la « jeune vieillesse » ou la « vieille jeunesse » est entamé. Dans quelques mois, je ferai partie du « club » des 50 ans et plus.

C’est en oscillant entre inquiétude et sérénité que j’avance vers cette étape. D’emblée, je l’appréhende, car la société véhicule surtout les côtés négatifs de ce qu’est la vie à compter de 50 ans. Je suis tourmentée par ce que les prochaines décennies me réservent :

  • la périménopause (qui sonne à mes oreilles comme « périr » ou « périmé ») et la ménopause;
  • les changements qui affecteront mon corps, mes énergies, mes humeurs et mes capacités cognitives;
  • ne plus pouvoir autant bouger et varier mes entraînements;
  • ne pas trouver d’activités qui collent à mes intérêts;
  • obtenir mon passeport officiel de « Tamalou » (t’as mal où?);
  • être atteinte d’une maladie dégénérative ou invalidante;
  • être victime d’âgisme;
  • devoir laisser ma maison pour vivre dans un endroit qui ne me ressemble pas;
  • ne pas avoir suffisamment d’argent jusqu’à ma mort;
  • devenir un fardeau pour mon entourage;
  • me retrouver dans un milieu où je ne pourrai continuer à être stimulée intellectuellement;
  • être maltraitée, agressée ou arnaquée;
  • vivre dans le passé, ne sachant m’accrocher au lendemain;
  • dépérir et mourir dans la solitude et l’isolement;

« Rester jeune »

Comme bien des femmes, j’ai peur de vieillir. Et mon impression que l’image de la vieillesse n’a pas évolué depuis des années à plusieurs égards n’aide pas à ma cause. Je ne suis pas particulièrement adepte des expressions « Âge d’or » ou « Bel âge » qui, selon moi, renvoient à un côté péjoratif auquel je ne m’identifie pas. Je préfère de loin les nouveaux termes tels « Jeune de cœur » ou « Sage », qui, même s’ils ne feront sans doute que passer, définissent et valorisent davantage les nouveaux aînés.

J’aime observer ces personnes qui disent rester jeunes. Malgré les années qui s’ajoutent à leur parcours et leur corps qui n’emboîte pas toujours le pas, en général, elles sont bien avec elles-mêmes. Elles voient leur « vieillesse » comme une continuité de leur vie d’avant avec, en bonus, la sagesse. Elles sont reconnaissantes et résilientes. Elles s’impliquent dans leur milieu, socialisent, explorent. Et elles n’ont pas peur d’essayer, pas peur du ridicule, car elles n’ont plus rien à prouver ni de temps à perdre.

J’aime l’idée de commencer à leur ressembler. Personnellement, dans ma tête, j’ai encore 25 ans. Aux dires de mon ado, j’en aurais même 7 ou 8, notamment lorsqu’il me voit camper dans ma cour, saluer les animaux que je croise et leur donner un nom, regarder des films pour enfants, créer des anges dans la neige ou me balancer au parc. Je préfère monter dans le train plutôt que le voir passer devant moi, me laissant seule sur le quai des regrets. Plus jeune, à cause de la gêne, d’un manque de confiance ou de la peur des jugements, j’ai raté trop de belles occasions pour me connaître et grandir. Ah! Si jeunesse savait…

Mixité des générations

Je remarque que la plupart des aînés se disant jeunes ne se cristallisent pas dans une époque. Ils entretiennent un réseau les mettant en contact avec toutes les générations. Je suis convaincue que c’est ce qui fait en sorte qu’elles sont davantage vives d’esprit.

Janette Bertrand en parle dans La vieillesse par une vraie vieille. Pour elle, il est impensable de demeurer dans ce qu’elle appelle un ghetto. Elle croit plutôt que les générations ont intérêt à devenir complémentaires. Elle a choisi de vivre dans un complexe ouvert à toutes les tranches d’âge et autant aux célibataires qu’aux couples ou aux familles. Le partage et l’entraide entre générations apportent aux résidents une ouverture d’esprit et leur procurent des expériences de vie d’une grande richesse.

En entendant Janette parler de ce milieu de vie, j’ai envie de m’y retrouver! Oui à une certaine tranquillité, mais oui aussi à me sentir partie prenante d’une communauté faite de jeunes et de moins jeunes. J’espère que d’autres complexes du genre pousseront un jour un peu partout au Québec. D’ici là, je fréquenterai fièrement le centre multigénérationnel actuellement en construction dans ma ville.

Être inspirant

Il y a quelques mois, je suis passée devant un centre communautaire où se tenait un cours de peinture. J’y ai reconnu mon ancienne professeure, qui enseignait désormais à des aînés. J’entre pour la saluer et voilà que les participantes me piquent aussitôt une jasette. Elles sont si sympathiques que j’ai le goût de me joindre à elles! Même si je n’ai pas 50 ans, elles m’expliquent comment devenir membre « amie » du réseau FADOQ pour m’inscrire à cette activité, où elles m’accepteraient volontiers « si je suis fine »! Je les quitte le sourire aux lèvres. Ces femmes m’inspirent. Elles sont dynamiques, allumées et ont l’air si libres et heureuses!

Je constate que suis entourée de beaucoup d’êtres inspirants, à qui j’aimerais ressembler. Il y a ces personnes de 50 ans + que je croise au gym, en classe de yoga chaud (hyper exigeant!), à vélo, en joggant ou à mes ateliers d’écriture ou de journal créatif. Il y a aussi mes parents, des amis et des membres de ma famille. Ils ont une attitude positive, sont actifs et investis dans des projets pour s’accomplir ou se dépasser. Par surcroît, ils veulent donner un peu d’eux. En partageant leurs connaissances pour en faire bénéficier autrui, ils transmettent ce qu’ils ont jadis appris de leurs mentors, qui ont cru en leurs capacités et les ont poussés plus loin ou ailleurs. Par un simple mot, une phrase ou un geste, ils deviendront eux aussi des personnes marquantes, des modèles à suivre.

J’ai hâte!

Après tout, je sais bien que 50, ce n’est qu’un chiffre. Mais en âge, celui-ci signifie tout de même le mitan de la vie, qui apporte sa part d’inconnu, de questionnements et de changements.

J’ai raison de m’en inquiéter, mais, au fond, j’ai hâte d’avoir 50 ans. Parce que cette deuxième moitié de ma vie, je la bâtirai à mon image. Parce que je suis de plus en plus alignée sur mon être, libre de dire non à une occupation, une situation ou une personne qui ne correspondent pas à mes valeurs.

Je m’imagine déjà…

  • travailler à mes conditions, avec ou sans rémunération;
  • avoir plus de temps pour moi et choisir ce que j’en fais;
  • oser sortir du moule imposé par la société et être enfin créative;
  • toujours apprendre, essayer, entreprendre, m’améliorer, garder mon cerveau actif;
  • côtoyer des humains de toutes tranches d’âge;
  • devenir lectrice d’histoires à l’école primaire près de chez moi;
  • m’impliquer dans des organismes venant en aide aux démunis;
  • participer aux cours, ateliers et conférences de ma ville, des municipalités avoisinantes ou de « l’Université du 3e âge » (même si je déteste cette appellation);
  • profiter des activités de loisir et des rabais offerts par des associations ou des commerces;
  • devenir une mentore, une accompagnatrice, une sage pour les autres générations.

En d’autres mots, je veux rayonner.

Et je veux être radieuse, tout comme vous!

Suis-je assez « fine » pour que vous m’acceptiez dans votre belle communauté?

Merci, j’en suis déjà honorée.

Chantale

On peut lire d’autres textes de l’auteure sur son blogue personnel Mes inspirations.

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