Je ne sais pas trop si on devrait dire «maudit hiver» ou «hiver maudit». Bon, plusieurs maudissent l’hiver, ils ne le supportent pas. Cette poudre blanche qui se transforme en glace, qui nous transperce, est parfois pénible, mais moi, j’y trouve une certaine beauté, j’aime les saisons. Regarder la neige tomber, savoir qu’il fait froid et pouvoir rester au chaud chez moi me procure beaucoup de joie.
Oui, le soleil, c’est beau, c’est chaud, mais s’asseoir au soleil au pied d’une pente de ski avec un bon café et une bonne amie, c’est super. Il est vrai que l’hiver nous apporte plusieurs désagréments, mais l’hiver qui se termine a été source de plusieurs mauvaises nouvelles qui ne me concernent pas nécessairement, mais qui touchent plusieurs amies et bonnes connaissances.
Que se passe-t-il? Soixantaine pimpante et tout à coup paf… la maladie maudite, cancer; pour une autre, maladie chronique dégénérative accompagnée de problèmes articulaires graves; ma grande amie souffre en ce moment de problèmes d’anxiété, et ainsi de suite. Deux anciens collègues sont décédés. C’est normal, me direz-vous, on vieillit, je sais, mais on dirait que, parfois, le vent souffle du mauvais côté pour nous faire réaliser même si on le sait déjà, que la vie est si fragile.
Moi, sans doute, trop empathique, j’ai de la difficulté à me détacher de la souffrance des autres. Chaque fois que je vois l’une de mes sœurs atteintes de la maladie de Parkinson, je ne maudis pas l’hiver, croyez-moi, mais la maladie. On aura beau se faire dorer au soleil de tous les côtés, si la maladie empoisonne notre quotidien, que ce soit au chaud ou au froid, le résultat est le même.
Comment ça va?
Mon constat, en regardant la situation, c’est qu’il est difficile pour plusieurs, dans cette vie si trépidante que nous vivons, de prendre du temps pour les autres, ne serait-ce que de se rappeler qu’une telle vit ceci, l’autre cela. On ne peut pas s’inquiéter pour tout l’monde, mais, parfois, ça fait plaisir de penser que quelqu’un s’intéresse à nous, à ce que nous vivons. Je suis loin d’être parfaite, mais je suis capable de me rappeler qu’une telle attend les résultats d’un scan, que l’autre n’est pas en forme moralement et je me mets des petites notes.
Ça ne vous fait pas plaisir qu’on vous appelle et vous demande si vous avez vos résultats et si tout va bien? Dans cette vie si fragile, pouvons-nous, au moins, nous intéresser à l’autre? Moi, je suis quand même pas mal épargnée par la maladie, des petits bobos de vieille quoi, l’arthrose, mais maudit que ça fait mal. Je n’ai fait qu’effleurer ce fait en disant que j’allais passer une IRM, les réponses ont été intéressantes. L’une ne m’a pas demandé pourquoi je passais une IRM, une autre a dit «Ah oui, tout le monde a mal partout, c’est normal», puis il y a la version «Viens on va aller faire du ski », moi d’avoir envie de répondre, NON (bip bip), j’ai malll.
Mais oui, je sais, tout va vite, nous sommes pourtant plusieurs à la retraite. Oui, je sais, l’agenda des retraités est très chargé. Entre les petits-enfants et les parents vieillissants, le temps manque, mais un petit appel de cinq minutes, l’équivalent d’un texto pour demander comment ça va ne devrait pas trop bousculer nos agendas.
Je ne fais ici la leçon à personne, je me parle à moi aussi et je travaille à m’améliorer.
J’entends ici les paroles du prêtre qui célébrait récemment les funérailles d’un collègue : « Avez-vous remarqué le fait que l’on parle plus souvent du soleil lorsqu’il n’est pas là, c’est un peu la même chose avec les humains, on parle de nous lorsqu’on meurt». Quand même dommage…
Alors, la prochaine fois qu’on appelle une amie (ou un ami), on lui dit, I just called to say how are you? Why not? Cinq minutes pile-poil et ça fait probablement si plaisir.
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2 Responses
Bravo Christine. Encore une fois, tu tapes dans le mille. XX
Texte extrêmement juste. Bravo si cela peut allumer quelques lumières chez les gens.