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Tranche de vie: Tu y crois en l’amour, toi? la suite

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Pour vous remettre en contexte : Sylvie et Yves se sont connus sur une appli de rencontre, lui, 51 ans et, elle, 54 ans. Ils arrivent tous deux avec un bagage de vie, et c’est avec un peu de scepticisme qu’ils se donnent rendez-vous pour une promenade dans la jolie ville de Saint-Hyacinthe, un dimanche par une douce soirée de septembre 2019.

Redécouvrez Tu y crois en l’amour, toi?, la première partie.

La suite

… « En quelques heures, ils en avaient appris assez sur eux deux pour décider de se revoir le mardi suivant. »

Comme il travaille de soir et qu’elle travaille seulement une fin de semaine sur deux, ils conviennent qu’elle irait dormir chez lui le mardi!

Ouf, le programme qui s’annonçait était pour le moins audacieux. Jamais, ça ne lui était venu à l’esprit qu’aller dormir chez un inconnu pourrait être périlleux, une femme de 54 ans! Allez savoir à quoi elle avait pensé.

Sylvie

Cette innocente, c’est moi, la fameuse Sylvie du roman-savon! Laissez-moi vous dire que mon entourage paniquait sur un moyen temps.

Il m’est impossible de vous expliquer pourquoi j’ai agi de cette façon. Toute personne le moindrement sensée aurait agi avec plus de prudence. Pour ma défense, sachez que j’avais donné l’adresse et le numéro de cellulaire d’Yves à tous mes proches. En fait, c’est lui qui me l’avait proposé, conscient de l’inquiétude que pourrait ressentir mon entourage. Comment ne pas le trouver génial?

Alors me voilà en route, ce fameux mardi soir, prête à vivre l’aventure au maximum. Seulement deux choses peuvent se produire, me suis-je dit. Je décampe en vitesse ou je reste et passe un beau moment.

Je ne sais pas pour vous, mais, moi, lorsque j’ai un rendez-vous galant, je me prépare en conséquence. Maquillage, coiffure, tenue. J’y mets des efforts, vous voyez?

Yves

Yves, lui, ne pense pas tout à fait de la même manière. Croyez-le ou pas, il m’attendait, à mon arrivée, sur le pas de la porte avec un grand sourire, mais avec, aux pieds, des pantoufles en peluche avec motif de léopard, un pantalon de jogging et un t-shirt trop grand. Imaginez le malaise…

Lors de notre première rencontre, il s’était mis sur son 31 pourtant. Pourquoi, là maintenant, pendant que je suis, en proie à la panique, sur le pas de sa porte, pourquoi revêtait-il des habits aussi…. Laids? Décevants? Originaux?

Les fameuses pantoufles.

Les phrases que je me suis dites dans ma tête… Je vous laisse les deviner. Je ne savais plus si je devais rire, pleurer ou foutre le camp.

Je suis restée, oui, je suis entrée dans son appartement. Gênée, curieuse, espérant que ce n’était pas ce que je pensais, je suis entrée pleine d’incertitude et d’appréhension, mais j’y suis entrée.

Malgré mon choc, car il s’agit bien d’un choc ici, j’ai passé un très beau moment avec lui. J’ai été agréablement surprise par sa personnalité que je commençais à peine à découvrir.

Gentil, doux, et drôle. La réplique intelligente et le verbe facile. Un homme impressionnant. Je me suis félicitée d’avoir fait le choix de rester au lieu de me fier à mon impression du moment et de fuir à toutes jambes.

La magie de l’amour

Dès le lendemain. La magie avait opéré. Complètement sous son charme, ensorcelée, j’étais amoureuse, un coup de foudre. Wow! J’ai passé deux jours chez lui. Le vendredi matin, je partais pour la fin de semaine à New York avec ma cousine. Nous nous sommes envoyé des textos, des photos, des vidéos toute la fin de semaine. Et à mon retour le dimanche soir, il m’attendait avec deux bouteilles de blancs et des baisers fougueux. Vivre une expérience comme celle-là à 54 ans, je n’y croyais pas. Je ne savais même pas que ça existait un coup de foudre comme celui que je vivais.

Je vous avoue que j’ai toujours dénigré les coups de foudre. Je me disais : « Ben voyons, ces histoires à l’eau de rose sont d’une candeur presque pitoyable ».

Mais je voulais la vivre, cette expérience, et la vivre intensément. Peu importe le temps qu’elle durerait, je voulais en profiter. Je suis tombée dans le tourbillon et m’y suis laissée emporter, à tel point que j’en ai oublié ma dépendance affective. Au secours, j’avais tout simplement fait fi de cette caractéristique de ma personnalité.

Au fil des jours et des semaines, chaque séparation d’avec lui devenait pour moi un cauchemar. Je me morfondais à l’attendre, essayant de me distraire de toutes les façons possibles, sans pour autant y arriver. J’étais bien seulement dans ses bras. J’avais oublié que l’amour s’accompagnait d’une douleur insupportable parfois.

Aimer fort

En m’observant, j’avais du mal à me comprendre, me voilà revenue à l’adolescence. À peine un mois plus tard, je m’installais déjà, avec tous mes pénates, dans son 3 ½. J’ai compris alors que ce qu’il ressentait pour moi était assez sincère pour passer outre le désordre que je foutais dans son confort de célibataire.

Parce que, contrairement à moi, Yves est à l’ordre lui! Vous savez les serviettes toutes pliées dans le même sens et installées dans la lingerie bien alignées. Vous savez, les boîtes, conserves et contenants placés tous en rang bien droit dans le garde-manger. Je n’ai jamais fait ça de ma vie! Lui, oui. Me voilà arrivée avec mes brosses, mes pinces, mes fers, mon séchoir à cheveux, mon maquillage, mes produits pour la peau, mes crèmes, mes sprays, mes boucles d’oreilles, bracelets et tout mon bazar. Sans parler de mes maladresses. Qui dit Sylvie, dit maladresses, Yves les appelle mes étourderies, c’est presque un mot d’amour.

Bref, il m’a accueilli dans son logis, non sans un premier choc, mais avec beaucoup d’amour. Nous nous écrivions des mots doux, que nous cachions sous l’oreiller. Je lui préparais des petits plats, moi qui ne cuisine jamais. Nous étions fusionnés comme deux morceaux de casse-tête. Nous dansions dans le salon, sans musique, juste pour le plaisir d’être dans les bras de l’autre. Je découvrais une sexualité que je n’avais jamais connue. Parfois douce et très sensuelle et parfois, fougueuse, voire animale. Vous dire à quel point je me pinçais! L’histoire d’amour des contes de fées.

La terreur…

Puis, après quelques semaines de volupté, la terreur m’a envahi. Ma personnalité anxieuse revenait à la charge. Et si demain, dans une semaine, dans un mois, tout s’arrêtait, je me serais joué à moi-même un sale tour d’y avoir cru. Et mes proches inquiets et protecteurs d’en rajouter, en y allant de consignes strictes. « Reste sur tes gardes », me disait une amie. « S’il te fait pleurer, tu m’appelles immédiatement », m’ordonnait une autre. « Fais-toi respecter et déguerpis aussitôt si tu sens une quelconque menace ». « Reste toi-même, ne change pas, ne t’exécute pas à la moindre demande! » C’est comme s’ils avaient tous flairé l’arnaque. C’est vrai qu’ils me connaissaient bien, ils savaient que je perdais facilement la tête lorsque l’intensité d’une émotion m’habitait.

Mon fils de m’avertir très sérieusement « Maman, je te le dis, si jamais il te fait du mal, je lui fais casser les deux jambes »; j’ai trouvé ça très mignon, en sachant bien qu’il ne ferait jamais une chose pareille. Déjà, il a clairement oublié qu’il faut connaître quelqu’un qui casse des jambes, j’ai de gros doutes là-dessus, mon grand gaillard est super doux et aimable. Je serais étonnée que son cercle d’amis comprenne des gars casseurs de jambes. Son désir de me protéger m’a fait chaud au cœur.

Les semaines passaient et mes craintes se transformèrent peu à peu en un bonheur léger et agréable, et les leurs s’adoucirent aussi. Décembre arriva avec sa magie de Noël. Nous avions installé et décoré un sapin, nous écoutions des films à la lueur de la chandelle, dans le divan-lit, emmitouflés dans des couvertures, nous faisions des promenades au centre-ville et arrêtions au bistro. Je n’arrêtais pas de me pincer!

Un soir, j’ai vu une lettre sur ma table de chevet, écrite à la manière d’un conte. L’histoire, celle d’un roi accompagné de sa reine, qui main dans la main, s’avancent vers le trône ensemble. Une demande en mariage! C’était d’un romantisme à faire fondre le plus glacial des cœurs.

Et la grande demande

Vous vous doutez bien que j’ai répondu OUI à cette demande. C’était la première fois de ma vie qu’un homme me demandait en mariage et, pour lui, c’était aussi la première fois qu’il demandait à une femme de l’épouser. Nous avions, tous les deux, été en couple avant de nous rencontrer, mais aucun de nous deux ne s’était déjà marié. J’avoue que je me sentais comme une princesse. Je vivais des moments que jamais je n’aurais osé imaginer. Mais, il y a toujours un mais. Mon bonheur apportait avec lui son lot d’anxiété. Et encore une fois, les mêmes ritournelles

« Et s’il se foutait de moi, que tout ceci n’était qu’une mauvaise plaisanterie? »

« Et s’il changeait d’idée? »

« Et si tout à coup, il ne me trouvait plus assez bonne pour lui? »

Des scénarios catastrophes tournaient en boucle dans mon esprit de femme anxieuse, de celle qui n’a jamais appris à s’aimer, de celle qui pense qu’elle n’est pas assez bonne pour être aimée de cette façon. Il fallait que je me parle, que je prenne sur moi, je n’allais pas gâcher un bonheur si précieux. 

Un soir de tempête de neige, alors que j’avais une heure de route à faire pour revenir de mon travail, j’ai compris, à voir son état d’inquiétude, que je comptais vraiment pour lui. Il est allé jusqu’à me proposer d’aller dormir chez mon ex-conjoint qui habitait près de l’hôpital où je travaillais, ce n’est pas peu dire. J’ai refusé, je voulais être près de lui pour la nuit. L’accueil que j’ai reçu à mon arrivée à notre appartement, ses yeux brillants de soulagement et la façon dont il m’a étreint m’ont convaincue de son amour sincère.

Et, je me suis souvenue de cette phrase, dite par une amie proche.

« Arrête de penser et lance-toi, vis le ton trip, profites-en ».

J’ai repris confiance et j’ai sauté à pieds joints dans l’aventure.

Vint Noël, je lui avais acheté des pantoufles neuves et deux t-shirts. Les fameuses pantoufles en léopard se sont retrouvées dans un paquet pour l’échange de cadeaux des « sert pu à rien » et c’est mon fils qui en a hérité. Et il était super content en plus! Enfin des pantoufles chaudes! Il m’a dit, d’ailleurs, lorsque je lui avais raconté mon choc de voir Yves habillé si bizarrement à notre rencontre : « Ça prouve que c’est un bon gars, il ne privilégie pas l’apparence ». Trop fière d’être sa mère!

Et le conte de fées se poursuivit

En février, nous emménagions ensemble dans notre maison, et signions le contrat de location de la salle pour le mariage prévu en octobre. En mars, nous adoptions un petit chiot.

Nous nous sommes mariés en pleine pandémie. Hors de question que nous annulions notre mariage. Ce n’était pas le party qui comptait tant pour nous, mais bien l’idée de s’unir par le mariage nous deux, ensemble, d’échanger les alliances et de se promettre que l’on s’aimera pour toujours. En zone orange, nous avons respecté toutes les consignes exigées par la santé publique. Nous étions neuf personnes dans une immense salle, de quoi respecter les deux mètres de distance, voire six mètres si on voulait. Le 3 octobre 2020, il faisait un temps radieux. Nous avons passé beaucoup de temps dehors à prendre des photos et à discuter. Les passants et les gens en voiture s’arrêtaient pour nous souhaiter leurs meilleurs vœux et, le pouce levé, nous félicitaient. Comme quoi l’amour gagne toujours.

Ce magnifique mariage a tout de même été teinté d’un petit nuage gris, notre célébrante s’est désisté deux jours avant la date prévue, trop tard pour tout annuler. Une amie l’a remplacé à brûle-pourpoint, faisant office de fausse célébrante pour l’occasion. En deux jours, elle a écrit pour nous un texte génial et imprimé de faux certificats de mariage. Il fallait en rire et profiter de notre journée quand même.

Une grande histoire d’amour

Ce qui nous a permis de nous remarier, officiellement cette fois, le 14 novembre 2020 au Palais de Justice de Saint-Hyacinthe. Cette fois-là, nous étions dix personnes. C’est avec les larmes aux yeux que la dame qui accueille les gens à la porte du Palais de Justice nous a reçus. Très émue, elle m’a dit combien elle me trouvait belle, dans ma robe, accompagnée de mon futur époux, très élégant. L’émotion était palpable, comme une bulle d’amour. Vous décrire mon ressenti n’est pas possible. Il fallait encore que je me pince.

Nous avons pris des dizaines de photos et bu des shooters sur le perron du Palais. Nous avons beaucoup ri et aussi beaucoup gelé, il faisait un froid glacial ce jour-là.

Cinq années ont passé depuis notre première rencontre et notre amour est toujours aussi lumineux. Nous sommes deux personnes que la vie a réunies. Deux personnalités qui se complètent parfaitement et c’est main dans la main que nous allons poursuivre notre chemin jusqu’à la fin des temps.

Comme quoi, tout peut arriver dans une vie!

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Une réponse

  1. Votre histoire est très belle elle me fait penser à la mienne, à la nôtre. J’ai rencontré mon amoureux il y a bientôt trente-quatre ans, pour nous aussi tout a été très vite, j’ai même dormi chez lui la première fois qu’on s’est rencontrés car on avait un peu abusé du cognac…et aujourd’hui on s’aime toujours autant

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