Mme Béatrice Dom
Ce texte a été composé dans le cadre de la troisième édition du concours «Quand la sagesse s’exprime» en collaboration avec Chartwell, résidences pour retraités. Il s’agit du premier texte gagnant de cette édition.
Choisir de vivre en résidence, c’est dire adieu aux tracas quotidiens et se sentir en sécurité à chaque moment de la nuit comme de la journée.
«Déjà 14h, Micheline ne va pas tarder!», pensa Lydia.
Au même moment, un léger coup de sonnette se fit entendre. Aussitôt la porte ouverte, un retentissant «Salut Chérie, comment vas-tu?» résonna aux oreilles de Lydia. Dis-moi donc quel est ce fameux projet dont tu souhaitais ne me parler que de vive voix, ajouta Micheline. Pars-tu en voyage ou encore, t’es-tu fait un copain? J’ai tellement hâte de le savoir!»
Une solide amitié unissait les deux femmes depuis leur adolescence.
– Tout doux, la curieuse. Commence par t’asseoir, bella. Veux-tu une tasse de thé?», demanda Lydia.
– Avec grand plaisir, mais ne me fait pas languir, j’ai hâte de t’écouter. Je suis tout ouïe.
– D’accord, chérie, alors voilà ce que j’ai prévu pour le printemps prochain. Non, pas de copain en vue. Mon projet, c’est que je vais changer de décor. Eh oui, je vais m’installer dans une résidence. Je sais que nous en avions déjà parlé et que, pour toi, c’était hors de question. Mais, te souviens-tu de ma copine Colette? Eh bien, tu ne la reconnaîtrais pas. C’est une autre femme depuis qu’elle a transporté ses pénates dans une résidence.
Elle qui était de nature tristounette et assez taciturne est maintenant souriante, enthousiaste et visiblement heureuse dans son nouveau décor. Elle répète sans cesse que la décision qu’elle a prise voilà plus de 9 mois est la meilleure de toute sa vie. Tu sais, Lydia, maintenant, mes journées sont remplies d’activités agréables, m’a-t-elle dit.
Son ton enthousiaste et ses yeux brillants m’ont fait réfléchir. J’ai rencontré une Colette tellement différente, plus vivante qui respirait maintenant une réelle joie de vivre. J’ai donc fait plusieurs visites de ces lieux conçus pour répondre au bien-être des personnes du bel âge et j’ai été vivement impressionnée par la chaleur de l’accueil, de l’ambiance. Et que dire du grand changement opéré chez ma copine Colette. Cette dernière s’est fait un plaisir à me débiter les nombreux avantages que procure la vie dans ces lieux. Mais, tu me connais, je ne prends jamais de décisions sans y réfléchir intensément. Donc, après plusieurs visites, de savants calculs et une profonde réflexion, j’ai décidé d’aller vivre dans un tel endroit afin de profiter, moi aussi, des facilités qu’offrent ces lieux de vie.
Colette a maintenant des journées bien remplies, intéressantes et des contacts sympathiques. Elle se sent en totale sécurité et l’esprit libre. Plus de tracas ni d’inquiétudes, un service de soins infirmiers et une permanence 24 heures sur 24. Elle est entourée de personnes bienveillantes et qualifiées qui mettent leurs compétences à lui procurer une qualité de vie formidable. Et si tu penses que cela demande un solide budget, tu te trompes. Colette n’est pas la veuve de Crésus ni celle d’un magnat du pétrole.
– Fais le calcul, Lydia chérie, m’a-t-elle dit. Additionne tout ce que tu paies en taxes municipales, scolaires, pour l’électricité, le chauffage, la climatisation, le déneigeur l’hiver, le jeune étudiant qui vient tondre l’été et arroser ton gazon, ramasser les feuilles dès que l’automne pointe son nez, le gars qui vient nettoyer et déboucher ta gouttière où des feuilles ont pris refuge, le dépannage de ton chauffage quand, en plein hiver, il se permet de faire des caprices, le montant que tu paies à ta femme d’ouvrage 2 fois par mois, les petits cadeaux que tu donnes à Noël pour remercier tout ce beau monde et quand il arrive un quelconque problème comme un changement d’ampoules sur ton lustre de salon ou un robinet qui refuse de t’obéir et qui continue obstinément à déverser son eau pourtant si précieuse. Par ailleurs, tu n’as pas à grimper sur un escabeau au risque de te casser la margoulette ou de sortir une clé anglaise afin de jouer au plombier, tu es dépannée rapidement et gratuitement.
Je me rappelle que tu étais bonne en calcul, mon chou, a-t-elle poursuivi, additionne tous ces frais et tu verras que cela représente un joli montant. Tu verras aussi que le prix demandé par beaucoup de résidences est tout à fait raisonnable pour jouir de cette sécurité et de tous ces services qui te facilitent la vie et t’offrent une véritable liberté d’esprit. De plus, si tu as 70 ans, sais-tu que le gouvernement du Québec est la seule province au Canada qui te verse un montant mensuel et qui, de ce fait, diminue le montant de ton loyer? Je ne peux que te conseiller de suivre mon exemple. Nous n’avons plus 20 ans ma jolie et il est grand temps de nous gâter en nous offrant une vie débarrassée de bien des tracasseries quotidiennes.
Une histoire qui parle d’elle-même
Durant tout son récit, Lydia n’avait pas quitté des yeux son amie Micheline. J’ai décidé de m’offrir ce confort et cette sécurité. La vie en résidence nous donne même la possibilité de prendre tous les jours, ou juste quand on en a envie, des repas servis comme au restaurant, sans devoir affronter la pluie en été, la neige et le froid en hiver ou encore la sloche au printemps. J’ai oublié de te dire, aussi, qu’on peut jouer au bingo, aux cartes, au billard, aller à la piscine tous les jours et au gym, si cela nous tente, suivre des cours de yoga, faire de l’aquaforme, jouer à la pétanque ou encore faire virtuellement une partie de golf, s’adonner à la peinture dans une salle lumineuse consacrée à cet art, car bien des résidences offrent ces facilités à leurs résidents.
Dans leur prix, plusieurs incluent le service d’une femme de ménage 2 fois par mois. Certaines, comme celle de Colette, offrent aussi un service de buanderie. Colette peut leur donner, chaque semaine, ses draps, ses taies, son linge de maison, nappes, essuies de vaisselle, débarbouillettes, serviettes. De plus, si tu apprécies les contacts sociaux, te faire des amis, c’est l’endroit parfait. Par contre, si tu es de nature plutôt solitaire, c’est aussi l’endroit, car tu n’as aucune obligation. Tu es chez toi et tu vis comme tu l’entends. Personne ne te dit quoi faire. Tu es libre de faire ce qui te plaît et quand ça te plaît.
Généralement, il y a une salle de cinéma avec projection de films ou encore la venue de conférenciers. Il y a aussi des sorties, des excursions gratuites, parfois payantes, une bibliothèque, une pharmacie, un dépanneur, un salon d’esthétique et de coiffure, tout cela à ta portée sans devoir mettre le nez dehors.
Micheline était restée muette comme une carpe. Aucune objection ne lui était venue aux lèvres. Alors, ma chérie, qu’en penses-tu?, se risqua Lydia. Surprise, elle entendit Micheline lui répondre : «Je crois que tu m’as ouvert les yeux, Lydia. La vie en résidence me serait peut-être très agréable à moi aussi. Promis, je vais y réfléchir sérieusement».
Une visite enrichissante
Sur ce, ma belle amie, il se fait tard. Merci pour ton accueil, pour le parfum de ton thé au jasmin et le moelleux de tes biscuits. Bravo pour ta décision. Si tu as besoin d’un coup de main pour ton déménagement, fais-moi signe. Quand tu seras installée, j’aurai plaisir à venir te visiter.
Comme d’habitude, avant de passer la porte, c’est une Micheline, cette fois bien renseignée, qui spontanément et affectueusement posa un bec sonore sur chacune des joues d’une Lydia heureuse de son après-midi. Lydia, elle espérait avoir éclairé sa copine de jeunesse sur un sujet très important, voire essentiel lorsqu’on a atteint, avec le passage des ans, le bel âge ou, encore, comme certains aiment l’appeler, l’âge de la sagesse.
Béatrice Dom, résidence du Chartwell Le Montcalm Candiac
Ce texte a été composé dans le cadre de la troisième édition du concours «Quand la sagesse s’exprime» en collaboration avec Chartwell, résidences pour retraités. Près d’une centaine de résident.es ont écrit une tranche de vie ou une sage réflexion dans le cadre de ce concours. Cette réflexion est le premier des textes de cette édition qui seront publiés dans notre magazine.
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