J’ai hésité longtemps avant de parler de la relation que parfois les femmes entretiennent entre elles parce que c’est un sujet dont on ne parle peu, qu’on évite, qui peut même être un peu tabou : la jalousie!
Dès mon plus jeune âge, ma mère m’a présenté cette philosophie de ne pas nourrir la jalousie. Enfant, nous accusons secrètement l’amie d’avoir ce jouet tant convoité et vu en boucle dans le téléviseur. Dans mon cas, mon premier élan de jalousie s’est manifesté pour un four Easy Bake. Vous vous rappelez certainement de ce petit four qui permettait de cuire de vrais petits gâteaux. Mon amie en possédait un… La chanceuse! Dès mon retour à la maison, je suppliais ma mère d’en avoir un moi aussi parce que mon amie en avait un, elle.
Ma mère, dans sa grande sagesse, me murmure : « Johanne, ne soit pas jalouse des autres! » Pas de remontrance, pas de dispute, pas de morale. Juste ces simples mots qui résonnent encore aujourd’hui dans ma tête.
Notons ici que mon conjoint m’a acheté ce four version 2000 il y a quelques années. Preuve que les rêves se réalisent!
Cet élan involontaire
Quelle femme n’a pas ressenti à un moment ou un autre de sa vie de la jalousie provenant d’une autre femme, et moi la première! Les femmes possèdent d’emblée ce flair, cette vague intuition. Il y a ces remarques de peu de mots ou encore ces regards empreints de jugements ou insistants… et quoi encore? Tu as certainement des idées qui te viennent déjà en tête!
La jalousie entre femmes n’est pas que méchanceté. C’est plutôt cette tendance de se comparer (et encore plus à l’ère des réseaux sociaux) ou encore des blessures personnelles non résolues, d’insécurités enfouies ou d’une image de soi altérée.
Je ne pense pas que les femmes se détestent vraiment. C’est davantage l’envie d’un trait de caractère ou d’une personnalité bien campée. L’envie de celles qui exploitent probablement leurs atouts d’une telle façon que ça vient réveiller en toi ce potentiel que tu ne vois pas ou qui ne s’est pas encore révélé à toi. La lumière de l’autre ne nous enlève rien!
Bien qu’involontaire, ce sentiment de jalousie peut se résorber par une introspection qui permettra cette prise de conscience. La jalousie a une connotation très négative dans notre société. Se permettre de la ressentir est déjà un bon départ.
Vivre des émotions, c’est normal
Se permettre de vivre une émotion, la reconnaître, s’arrêter, la ressentir, c’est le début d’un sentiment de légèreté. La lutte n’existe plus, la retenue n’existe plus. L’émotion devient alors vivante et ce n’est qu’à ce moment qu’il est possible d’en faire quelque chose, de choisir une stratégie intéressante.
On nous parle souvent de gestion des émotions comme s’il fallait les mater, les ignorer, les tasser. Les émotions ne sont pas négatives, elles font office de signaux intérieurs, elles nous indiquent que nous devons nous arrêter et réfléchir. Elles nous invitent à évaluer notre environnement, elles nous invitent à grandir et à se regarder différemment pour passer de la comparaison à l’inspiration.
Les émotions sont comme un tableau de bord dans une voiture qui nous signale que tout va bien et que nous pouvons poursuivre notre route, ou encore qu’un pépin nous en empêche.
L’admiration plutôt que l’envie
À une certaine époque, je devais voyager pour mon travail avec une de mes collègues avec qui je m’entendais tellement bien. Elle affichait une telle confiance, une spontanéité, un sens de l’humour, et que dire de son élégance du haut de ses cinq pieds et dix pouces.
Quand je marchais derrière elle dans les aéroports, je pouvais voir les hommes qui nous croisaient poser un regard insistant sur elle. Et moi, bien j’avais l’air d’un coton! Et vous savez quoi? On en riait beaucoup, c’est devenu le running gag! Il nous arrivait même de jouer le jeu de « ce que j’admire chez toi c’est »! Tour à tour, nous évoquions des qualités qu’on admirait l’une de l’autre.
En fait, elle ne m’enlevait rien de ce que je suis et bien au contraire. J’ai davantage cette attitude lorsque j’admire une personne; je me colle à elle et j’apprends le plus possible d’elle. Les mentors n’ont pas toujours de titre officiel, mais peuvent nous amener à nous dépasser.
Bref tout cela pour dire que je n’aurai jamais la personnalité qu’elle dégage ni ses compétences et je ne mesurerai jamais cinq pieds et dix pouces même si je mange toutes mes croûtes de pain. Tout au plus avec un bon talon, je friserai les cinq pieds six pouces…
Il y aura toujours mieux que soi!
Il reste un fait, la beauté, la confiance, le charisme, le corps, la réussite, la facilité à s’exprimer ne nous laissent pas indifférentes. On est toutes touchées par ce qu’on admire de l’autre, même si parfois on n’ose pas l’admettre, soit par ignorance ou encore par orgueil. Je me suis rendu compte que ce qu’on croit être une menace ou une compétition revêt souvent un souhait silencieuxde ce qu’on voudrait développer pour soi.
Je n’ai pas à être mieux, mais je dois donner cette chance à ce potentiel qui ne veut qu’émerger.
Je n’ai pas à être mieux, mais je dois m’offrir ce privilège de me développer à la hauteur de mes aspirations.
Je n’ai pas à être mieux, mais je dois définir mes priorités et mes rêves pour leur donner vie.
En intégrant cette philosophie de la sororité entre femmes, nous déployons notre force et notre courage à devenir meilleures.
