Parfois, je réfléchis à certains de mes travers, certaines portions de ma personnalité qui m’incitent à être et à faire toujours plus, toujours mieux, de mieux en mieux. Peut-être que derrière cette réflexion se trame l’hypothèse de me sentir à la hauteur, du désir d’estime et d’une forme de reconnaissance venant d’autrui. Et si elle ne venait pas? La réponse sous-jacente… il faut en faire plus. Mais, là, on embarque dans une spirale dangereuse.
Un soupçon de perfectionnisme
Suis-je perfectionniste? Oui… mais, je me soigne, comme dit l’adage populaire. Quant à faire quelque chose, aussi bien y mettre de l’énergie, du bon vouloir teinté d’une certaine rigueur.
Même pour mon entourage, il fallait que les choses soient bien présentées. Bien humblement, j’avoue avoir déjà tellement aidé ma fille dans ses travaux au primaire… J’irais même jusqu’à dire que j’ai pris en charge quelques travaux de ma fille! N’ayez crainte, je n’en suis pas si fière que ça! Aujourd’hui, je relativise les choses en me demandant sincèrement la raison pour laquelle c’était si important.
La loi de Pareto
Vous connaissez la loi du 20/80 ou la loi de Pareto? Cette loi stipule que 80 % des résultats se produisent souvent avec seulement 20 % des efforts. À la lumière de cette donnée, cela suppose que même si je déploie encore plus d’efforts pour viser une réussite parfaite, le résultat ne sera pratiquement pas perceptible.
Un héritage
Je me souviens que mes parents avaient aussi ce souci du bien fait. Ma mère cousait nos vêtements. Sa devise : pas en deçà de la perfection. Elle pouvait reprendre la manche d’une blouse plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle puisse en être entièrement satisfaite. Pas beaucoup de place pour l’erreur, me direz-vous. Mon père travaillait le bois de manière magistrale. Ses œuvres, il les concevait en plusieurs exemplaires afin de progresser vers la perfection. Voilà! Mes parents étaient de parfaits artistes dans l’âme qui peaufinaient leur art dans les moindres détails. La pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre…
Des stigmas en regard du travail
Mes parents ont travaillé fort pour se concocter une vie confortable. Je me suis rendu compte récemment qu’une valeur importante pour moi résidait dans le travail. C’est quand même une très belle valeur, j’en conçois.
Étudier, travailler, penser à la suite de ma carrière, le prochain step ou la prochaine réalisation faisaient partie de mon schéma. Tout cela s’enchaînait dans une suite de stratégies, de défis à relever, de buts à atteindre pour viser une forme d’accomplissement professionnel dont je serais fière. Dès un défi relevé avec brio, j’en voulais un autre. Je carburais aux défis… Bien évidemment qu’il y a des réussites dont je suis très heureuse derrière tout cela.
On se calme! Respirons par le nez! Ouf! Rien qu’à l’écrire, je suis fatiguée…
Je pense qu’on exige beaucoup de nous-mêmes. Les objectifs qu’on se fixe c’est fort appréciable, mais, comme un bon repas, il est de mise de savourer et manger en conscience. Appliquons cette même philosophie au travail. J’ai appliqué ce « travailler en conscience ».
Je pouvais pourtant déjà être très fière, pas besoin de toujours empiler les défis.
Exit le blâme
Un jour, mon corps m’a interpellé haut et fort pour que je prenne une pause. Cette pause dont mon cœur, mon âme, mon corps et mon esprit avaient grandement besoin. Cette pause qui m’a conviée à être plus douce envers moi-même, plus indulgente et plus bienveillante. Cette pause qui m’a permis de me déposer et mieux comprendre dans quelle sphère de ma vie je focalisais mon énergie.
Bien que, sans malveillance, on nous a souvent appris à minimiser nos réussites, à passer sous silence ce qu’on fait de bien et de bon probablement parce que lorsque tout va bien ne mérite pas d’attention. Toutefois, si les succès ne sont pas au rendez-vous, la notification peut sonner plus fort.
Nous avons le blâme facile! Il faut cesser ce « négativisme systémique » et retrouver ces paroles encourageantes, réconfortantes et enveloppantes de soi à soi, mais aussi de l’autre à soi en acceptant les bons mots et compliments qui nous sont dédiés. Il nous faut aussi se créer cette habitude de se témoigner de l’amour de soi sans gêne. J’ai réservé un petit carnet de gratitudes à cet effet. Et parfois quand ça va couci-couça, relire ces portions de gentillesse à son égard est rassurant.
Les standards élevés que volontairement nous nous imposons peuvent être révélateurs. Ayons conscience de nos discours intérieurs et brisons ces schèmes de pensées qui convergent uniquement vers une performance parfois démesurée.
Et le plaisir dans tout cela?
Avec les années, j’ai appris et compris que le plaisir pouvait se vivre dans le travail, mais aussi qu’une joie m’interpellait de l’intérieur. Je me devais de planifier aussi le plaisir et la joie dans ma vie!
Aujourd’hui, au contact de mon conjoint, j’ai intégré ce plaisir de vivre et d’être. Je vis plus facilement le plaisir dans les passions qu’on cultive, le plaisir dans le moment présent, le plaisir de la bonne bouffe et le bon vin. J’ai compris l’importance de se créer des rituels de fun, des souvenirs et des moments qui goûtent bon.
Grandir en âge a de ces avantages qui sont parfois inaccessibles lorsque nous sommes un peu plus jeunes. Je considère, aujourd’hui, avoir accédé à plus d’harmonie, plus d’équilibre, de légèreté et plus de joies.
J’ai aussi appris à m’auto-féliciter, m’auto-estimer, m’auto-valoriser, à m’auto-administrer ces tapes dans le dos et ces encouragements. Je conçois dès lors que je peux être ma propre cheerleader!!
Bonsoir indulgence, bonsoir bienveillance!
Envie de poursuivre votre lecture? Découvrez nos suggestions :