Vous serez, sans doute, d’accord avec moi, rien ne surgit plus vite et ne meurt plus vite qu’une nouvelle à sensation et il n’est pas donné à tout le monde d’être capable d’exprimer avec justesse et réserve ce qui nous froisse. Évidemment, tout dépend des gens dont il est question dans le sujet traité par controverse : si nous les aimons, nous nous insurgeons de la façon dont ils sont traités, si nous ne les aimons pas, nous nous en réjouissons.
Pour ça, les réseaux sociaux sont une plaie.
J’aimerais revenir sur le sujet du Fou du roi de l’émission « Tout le monde en parle » incarné par Dany Turcotte qui a toujours bien rempli ses fonctions, soit celles d’être caustique au bon moment. Mais il arrive que sur le lot à produire on en échappe quelquefois.
Dans le contexte de cette émission où il nous fut expliqué qu’il y avait eu un dérapage magistral de la part des policiers à cause d’un événement aussi banal qu’une arrestation dû à un cellulaire, le mandat de Dany se devait de détendre l’atmosphère et, sous la forme d’une question, d’alléger le propos en fin de topo.
J’ai écouté l’émission qui a mené à la démission du Fou du roi. Dany se devait de faire rire, de clore le sujet par un rebondissement. Et je me souviens du ton un peu hésitant qu’il a pris et qui a fait dévier l’action. C’est le ton, la formulation, la manière qui l’a perdu… mais pas la question.
Et voilà que depuis, on le traite de tous les noms, comme si toutes ses années à bien faire son travail se devaient d’être effacées par ce faux pas. Or, l’événement en soi est fort banal, mais on ne vit plus à une époque de pardon. On est dans une période où condamner et s’offusquer en groupe donne bonne conscience, et toute personne qui s’y oppose est à son tour sujette à des condamnations abominables, souvent sans vérité, sans raison d’être. Et ces gens-là l’ont eu! Dany a démissionné. La leçon portera — mais je l’espère — jamais ne s’éteindra.
Sujet plus délicat : le droit à la liberté d’expression dans la cause Mike Ward c. Jérémy Gabriel.
A-t-on le droit de dire n’importe quoi sur un sujet public? À mon sens, tout à fait et l’on devrait toujours l’avoir! A-t-on le droit de dire quelque chose qui pourrait mener à un jugement préjudiciable, amener au sarcasme, à l’ironie, et ensuite mener à la débandade? Ça dépend de sa morale, de son bon goût, de l’éducation reçue et de sa capacité à l’empathie.
Que les paroles débordent vers la grossièreté une fois ou deux passent encore. Le métier d’humoriste est sans limites et Mike est très drôle. Mais s’acharner en allant en Cour supérieure au nom de quelque chose de totalement indéfendable… Eh bien, pour moi, c’est non. Il n’est écrit nulle part que la vie est obligatoirement égale pour tout le monde, mais si tu vis en communauté, ait la décence de t’obliger au respect.
Pourquoi le monde a-t-il besoin de cette sorte d’humour?
Et, pour finir, à mon tour de défendre un peu, un tout petit peu, l’incongruité à propos du Prince Harry et de sa femme qui réclament leur indépendance de la famille royale. On lui remet sur le nez ce qu’il a, en oubliant ce qu’il a laissé pour plus de normalité, une normalité qui n’est pas la nôtre et ne le sera jamais.
Comment juger de ce qui est « normal » quand tu n’as connu que l’anormal? Il n’a pas choisi de naître dans la famille royale. On l’a conditionné toute sa vie à n’exister qu’à travers leurs paramètres. La normalité pour lui est de se lever au château, d’avoir des serviteurs qui lui font son déjeuner, d’avoir des tailleurs qui se battent pour l’habiller et des groupes qui réclament sa présence parce que c’est le fun d’avoir un prince à son party!
Je sais un peu ce que peut être la démesure. J’ai, dans mon entourage, des gens bien nantis et je réalise que bien souvent, ces gens-là ne pensent pas à la valeur de tes avoirs versus les leurs. Même chose pour le prince qui sera toujours au-dessus de tout puisque la cuillère en or a toujours été à côté de sa tasse de thé.
L’indécence est effectivement de relater ses misères comme si elles étaient pareilles aux nôtres… De ce fait, on oublie facilement que leur fortune ne les empêche pas d’avoir des sentiments, une morale, une vie privée. On pense plutôt que se plaindre le ventre plein est de bien mauvais goût.
Pas qu’ils ne soient pas susceptibles de comprendre la misère humaine. On les traînera toute leur vie dans des endroits aux grands besoins, où ces derniers auront toujours la main tendue, en espérant les voir distribuer leur fortune à tout propos. De ce fait, ils la voient plus souvent que nous la misère et ils donnent, mais en silence (d’où cette tendance à croire qu’ils ne font rien) sinon les demandes se multiplient à l’infini.
À ce niveau, la plus belle leçon — je l’ai reçue — est venue de Pierre Péladeau père qui se faisait approcher sans cesse par de telles demandes. Il m’avait dit un jour : moi, je donne, mais ma façon de donner ne plaît pas nécessairement à tout le monde. Quand je donne, je ne donne pas le poisson, mais je donne la canne à pêche pour qu’ils aillent chercher le poisson.
Recevoir pour certains c’est comme un cadeau normal, mais, pour d’autres, c’est une question de survie. Allez savoir ce qui définit qui doit le vivre et de quelle façon!
Faudrait bien qu’un jour le monde soit plus plein d’amour et d’humour… ça ferait peut-être oublier le non-sens de certains jugements qu’on lit trop souvent ces jours-ci.
Le tout tient tellement à peu de chose, mais surtout à la capacité qu’on a perdue de démontrer de la compassion, au sens de l’analyse, à l’abnégation et disons-le, au respect de l’autre.
On dirait que tout ça se perd et qu’alors se pointe le mépris. Qu’en pensez-vous chères Radieuses?
Sur ce, bon printemps!
Danielle
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2 Responses
Tellement vrai les gens sur les réseaux sociaux n ont plus de filtres pas le temps de réfléchir et c est parti ?
Je suis d’accord avec
Mme. Jacqueline Harper!