Les discours sur les pénuries de main-d’œuvre dans les divers chantiers au Québec m’ont incité à réfléchir sur mes propres projets intérieurs et à mes efforts de construction. Je me suis longtemps tenu sur le seuil d’un corridor intérieur délaissé, là où guérir devient plus qu’une quête — une nécessité, un appel de l’âme. Dans cette démarche, chaque blessure de l’âme, chaque parcelle de souffrance endurée est à la fois une épreuve et une invitation à redevenir humain. La résilience, ce mot aux résonances profondes, devient mon totem, mon phare dans l’obscurité.
Devenir son propre chantier, voilà une entreprise où la solitude et la compagnie se côtoient étrangement. Cette solitude, je l’ai vécue dans l’attente de la délivrance du permis, le temps nécessaire à l’inspecteur de la conscience d’en faire l’étude attentive. C’est dans l’attente que l’on en mesure la durée. Je me suis autorisé à déblayer les ruines, à examiner chaque pierre, chaque fondation ébranlée par les tempêtes de la vie. Avec une bienveillance envers soi qui ne vient ni rapidement ni aisément, j’ai appris à me reconstruire, pierre par pierre, avec patience et compassion. Dans ce processus, j’ai découvert que les épreuves traversées ne sont pas là pour me définir, mais pour m’enseigner la valeur de ma propre existence, du sens de la vie qui, souvent, se dérobe sous le voile des jours ordinaires.
Réparer les fissures du placoplâtre
Dans le chantier de la guérison psychologique, chaque individu est à la fois plombier, électricien et contremaître. Il doit réparer les blessures de l’âme, rétablir la tuyauterie émotionnelle et réinitialiser les disjoncteurs mentaux. La souffrance est le moteur de cette rénovation intérieure. Mon précieux contremaître exécutera une surveillance attentive de mes émotions et une compréhension profonde de mes propres limites.
Cette guérison est un symbole puissant, un phare qui guide non seulement ma pépine émotionnelle, mais qui peut, je l’espère, contribuer à déblayer d’autres âmes errantes. Ce n’est pas un parcours linéaire, mais une spirale, où chaque tour me rapproche un peu plus de mon essence, de cet état de plénitude où accepter sa vulnérabilité devient une force plutôt qu’une faiblesse.
C’est dans ce voyage au cœur de moi-même que je puise la force de regarder mes abysses sans frémir, d’embrasser mes ombres avec tendresse. Avec précaution et patience, les fissures du placoplâtre seront réparées en utilisant les rubans et les composés nécessaires pour assurer la stabilité de la conscience.
Redevenir humain, c’est reconnaître que la fragilité est le terreau de la force, que le chagrin est le verso de la joie. C’est comprendre que chaque larme a sa raison d’être, que chaque éclat de rire est un cadeau précieux. Dans ce périple, j’arme ce fragile béton de résilience, ce mot devenu mon mantra, pour affronter les tempêtes et les accalmies avec la même sérénité, la même conviction que, quel que soit le défi, il porte en lui la graine d’une transformation profonde sans rénoviction.
Guérir, c’est aussi reconnaître que nous sommes tous connectés, que mon histoire résonne avec celle des autres et que, dans ce partage, dans cette communion des âmes, réside une puissante source de consolation et d’inspiration. C’est voir dans chaque visage, dans chaque histoire, un reflet de ma propre quête, un écho de ma propre bataille.
Les aléas des chantiers
Être son propre chantier, c’est accepter de vivre dans l’inconfort temporaire de la reconstruction, c’est consentir à être à la fois l’architecte et la matière première de sa métamorphose. C’est aussi attendre que les matériaux arrivent, que l’épinette se transforme en un 2 x 4 qui solidifiera les structures de la maisonnée intérieure. C’est dans cette acceptation, dans ce dialogue intérieur empreint de bienveillance envers soi, que germent les semences du sens de la vie, ce sens qui, parfois, nous échappe, mais qui, toujours, nous attend au détour d’un sourire, d’un geste, d’un paysage.
La guérison psychologique, c’est bien plus qu’une destination soleil, c’est un symbole de l’incessant devenir, de cette perpétuelle quête de sens qui nous anime tous. Elle est le témoignage vivant que, malgré les tempêtes, malgré les blessures de l’âme, il est possible de trouver en soi un havre de paix, un sanctuaire où la souffrance se transforme en force, où les larmes deviennent des perles de sagesse. Le peintre avec ses pinceaux habiles appliquera les nuances éclatantes de la peinture fraîche qui viendront apaiser les ombres des blessures laissées par le temps qui s’écoule. J’ai conscience que les larmes non versées sont comme des ouvriers discrets de la souffrance, martelant le cœur avec leur outil invisible.
Avoir le permis de se reconstruire
Dans cette aventure, je suis à la fois le voyageur et le chemin, le questionneur et la réponse. Chaque jour est une nouvelle page où s’inscrivent les récits de ma résilience, de ma quête pour redevenir humain, pleinement humain, dans toute ma fragilité et toute ma force. Et, dans cette quête, je découvre que guérir, c’est embrasser la vie dans toute sa complexité, c’est danser au rythme de son propre cœur, au diapason de l’univers.
Sans date butoir, ce projet se déploie librement, non pas comme un chantier à terminer, mais comme une œuvre d’art en perpétuelle création. Ce sera, pour moi, un parcours exempt de toute contrainte temporelle où chaque agrandissement sera une fenêtre ouverte sur les infinies possibilités de l’âme humaine.
Martin Gaudreault, artiste-photographe et scribouillard.
Tant qu’à y être
Partir de loin de Caroline Dawson – Éditions de La Bagnole 2024 – «La petite Caroline doit prendre l’avion pour commencer une nouvelle vie loin, loin, loin de chez elle. Un pays où il y a de la neige. Où les gens parlent une langue inconnue. Où il faudra tout réapprendre…»
Les rhinos ne pleurent pas de Mark Grist et Chris Jevons – Éditions SCHOLASTIC – «Voici Milo. Milo est un rhinocéros. Il aime faire des activités de rhino. Il aime écrire, escalader, glisser et faire du vélo de montagne. Il fait de la peinture et il chante. Milo aime bien être un rhino. Il y a juste un petit problème… les rhinocéros ne pleurent PAS. Du moins, c’est ce que Rocco Barri, son héros, dit toujours. Mais lorsque Milo rencontre son idole en personne, il découvre que non seulement il est normal de pleurer, mais que c’est aussi très courageux! Cette histoire énergique et captivante souligne l’importance pour les enfants d’exprimer leurs sentiments.»
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