Jocelyne Cazin : Regard sur les 10 ans de la CAQ - Les Radieuses

Jocelyne Cazin : Regard sur les 10 ans de la CAQ

2011 a été une année forte en politique québécoise, avec l’arrivée d’une nouvelle formation. Un hybride de l’ADQ avec un ancien ministre du PQ, François Legault à sa tête. Ce nouveau parti allait devenir la Coalition Avenir Québec.

Cet été-là, je remplaçais l’animatrice Myriam Ségal à la radio de Chicoutimi. Elle était en quelque sorte la Paul Arcand du Saguenay. François Legault faisait une tournée dans la région et il avait passé trente minutes à mon micro à répondre à toutes mes questions et à celles des auditeurs. Pas une fois, il ne m’a déçue ni n’a été en contradiction avec les idées qu’il émettait. Ses valeurs m’intéressaient tant dans le domaine de l’éducation que de l’économie ou de la santé. Son approche d’entrepreneur me séduisait. Après tout, il avait cofondé la compagnie aérienne Air Transat, dont il a vendu ses parts en 1997, ce qui lui a permis d’être indépendant de fortune. Tout comme moi, François Legault était convaincu que la responsabilité collective passait par la responsabilité individuelle.  

Flirter pour une prochaine élection?

Était-ce lors de cette rencontre à la radio qu’il a senti qu’il pourrait tenter de flirter avec moi lors d’une prochaine élection? Peu importe, c’est ce qu’il a fait en 2012, en 2014 et en 2015. Même si une partie de moi voulait répondre à l’appel, c’est par pur égoïsme que j’ai une fois de plus refusé de m’enrôler. Ce n’est tout de même pas pour rien que j’ai acheté une résidence secondaire en Floride! Bien oui! 

Aussi simple que cela. Je ne me voyais pas gratter le pare-brise de mon auto, geler à des moins 20 degrés, m’habiller comme un ours polaire. Non! 2014. Il est 11 heures et j’ai rendez-vous avec le chef de la CAQ, François Legault, à son bureau à l’Assemblée nationale. Il veut me convaincre pour la deuxième fois d’entrer dans l’arène politique et, fait non anodin, à midi le même jour, je suis invitée à dîner au restaurant Le Parlementaire avec la députée Christine St-Pierre du PLQ qui, elle aussi, avait le mandat de me convaincre d’aller du côté des libéraux. Je connaissais Christine depuis l’époque où j’avais été correspondante parlementaire pour TVA. Une excellente journaliste pour qui j’avais beaucoup de respect. Mais j’avoue que je n’avais pas beaucoup d’affinités avec Philippe Couillard.

Cette année-là, Pauline Marois a mordu la poussière et le PQ aussi, au profit des libéraux et de leur nouveau chef, Philippe Couillard, alors que la CAQ traînait dernière, bonne troisième avec seulement vingt-deux sièges, contre trente pour le PQ et soixante-dix pour les libéraux. Une fois de plus, j’étais heureuse d’avoir dit non à François Legault, que j’apprenais toutefois à apprécier lors de ses différentes sorties politiques.  

Avril 2015 se pointe, et Gérard Deltell, le député de la CAQ, décide de ne pas terminer son mandat et accepte la proposition de Stephen Harper de se présenter au fédéral au sein du Parti conservateur du Canada. La rumeur circulait qu’il n’avait pas aimé être dépouillé de son rôle de leader parlementaire. De plus, selon une source digne de confiance, Gérard Deltell n’aurait pas digéré de ne pas avoir été consulté pour sa relève. Il semble qu’il soit normal que celui qui part puisse donner son avis sur la personne qui le remplacera. Après tout, Deltell était certainement le mieux placé pour cibler un candidat ou une candidate de choix.   

Go Cazin! Go Cazin!

M. Legault me voyait toujours dans sa soupe. Il savait déjà depuis plusieurs semaines que son député allait partir puisque c’est au début mars qu’il a pris le téléphone, j’étais alors en Floride, pour me solliciter de nouveau en vue d’une élection partielle dans la circonscription de Chauveau. Pourquoi ai-je dit oui cette fois?

Quelques jours après son appel, je recevais, pour la fin de semaine, un ancien collègue de TVA, devenu un bon ami. Au cours de notre premier souper bien arrosé, je lui ai fait la confidence que le chef de la CAQ me courtisait. Et sans préambule, l’ami m’a lancé : « Go Cazin! Go Cazin! C’est bon pour toi, c’est bon pour la politique, tu vas être bonne. Go Cazin! ».

Toute la nuit, en plus de cuver mon vin, j’avais l’impression d’être au Centre Bell lors d’un match de hockey où l’on criait sans cesse Go Habs Go! C’est ainsi que j’ai pris la décision de dire oui au chef de la CAQ. J’avais une conférence prévue en mars à Montréal, François Legault en a donc profité pour sceller notre union politique au restaurant Leméac dans le quartier Outremont.  

 J’ai toujours en haute estime François Legault, mais, après coup, je suis en mesure d’admettre qu’il a peut-être été aveuglé par ma personnalité, mon parcours professionnel, sans égard à l’endroit où il m’envoyait. Des gens tricotés serrés. Chauveau réunit les municipalités de Lac-Beauport, Lac-Delage et Stoneham-et-Tewkesbury. À celles-ci s’ajoute une partie de la ville de Québec et Wendake. Je crois bien que Véronyque Tremblay n’était pas du tout dans les plans du PLQ au moment où François Legault a présenté son cheval de course le 12 avril.

D’ailleurs, certaines sources m’indiquent que Gérard Deltell voulait proposer Véronyque à la CAQ, mais apprenant ma candidature, il aurait suggéré sa favorite au PLQ, même si elle avait beaucoup plus d’affinités avec les idées de François Legault. À plusieurs reprises, dans ses chroniques au Journal de Québec, elle ne se gênait pas pour fustiger le parti de Philippe Couillard.

Un coup d’épée dans l’eau?

La conférence de presse s’est tenue à Wendake, un village huron, en présence du grand chef Konrad Sioui. Un journaliste de Radio-Canada quelque peu malicieux a décidé de me faire passer un test de connaissances de la région. Une seule mauvaise réponse sur cinq! Pas mal, quand même! Mais dès le lendemain, on pouvait lire et entendre que je maîtrisais mal le secteur. Quel était le nom de la rivière qui traverse la région? Mes stratèges et moi avions omis de penser à ce type de questions! Ah oui! La rivière Saint-Charles, bien sûr!

Quoi qu’il en soit, cela s’est avéré une très mauvaise stratégie de me placer dans cette région, puisque je crois que le PLQ aurait eu moins de chances de gagner cette circonscription avec un candidat poteau. Ç’aurait dû être écrit dans le ciel que c’était un coup d’épée dans l’eau… mais non la CAQ et l’ADQ avaient remporté Chauveau depuis 2007, d’abord avec Gilles Taillon pour l’ADQ, puis avec Gérard Deltell sans interruption jusqu’à sa démission. 

Alors, comment penser que Jocelyne Cazin n’allait pas livrer la marchandise? La suite dans un prochain article…

Jocelyne Cazin

Une grande partie de ce texte est tiré de ma biographie ma véritable identité, publié en 2020 aux éditions Libre Expression.

Pour vous le procurer, c’est ICI.
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