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L’ancêtre des sites de rencontre!

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J’avoue, je prends un certain plaisir à écouter les péripéties de mes amis célibataires qui utilisent les sites de rencontre. Je suis impressionnée par le nombre d’âmes esseulées qui cherchent, et parfois découragée pour certaines chums qui n’arrivent pas à trouver chaussure à leur pied.

J’ai fait l’expérience en 1994-95. C’est ma nièce de quelques années ma cadette qui m’avait entrainée dans cette folle aventure. Mais, à cette époque, on parlait plutôt de boîtes vocales, un service offert par le populaire magazine VOIR, nommé « Télé Rendez-vous ». Juste le nom sonne 1995 ! Pour les femmes, si je me rappelle bien, c’était gratuit. J’étais bien ouverte à essayer cette nouvelle formule pour faire des rencontres, mais pas au point de payer ! On pouvait jouer à « l’active » ou « la passive ». La passive réagissait (ou pas) aux messages des hommes, et l’active enregistrait son propre message pour attirer des proies.

J’ai rencontré des mecs intéressants, divertissants, mais jamais assez pour m’investir dans une relation à long terme, et encore moins pour procréer. Lasse et un peu désabusée, j’ai tout lâché jusqu’à ce que le 14 février approche. Pas question cette année-là, alors que je venais d’avoir 32 ans, de passer la St-Valentin entre amies célibataires à chigner qu’il était temps pour nous de se caser. J’ai donc carrément décidé de me trouver « une date », un simple objectif à très court terme pour cette soirée du 14. J’ai fait défiler des messages dans mon oreille pour allumer particulièrement sur une voix qui chantait du Richard Desjardins, mais avec des paroles drôles et personnalisées.

Je suis un beau bonhomme, 6 pieds un beau body, doudoudou, mais je n’arrive pas à trouver

Je suis un beau bonhomme, 6 pieds un beau body, doudoudou, une jolie femme faite pour moé !

J’ai pris ma guitare et live, je lui ai improvisé un petit blues, lui susurrant de cesser de chercher, qu’il avait trouvé, et ce, sur un ton aussi peu sérieux que lui !

Deux heures au téléphone à rire et à déconner pour que je termine la conversation en lui disant que si jamais ça ne cliquait pas physiquement au premier contact, on pourrait sûrement devenir de bons amis. Il m’a répondu qu’il n’avait pas besoin de nouveaux amis, qu’il en avait déjà une trâlée. « C’est une blonde que je veux ! » Ça avait le mérite d’être clair!

On s’est donné rendez-vous dans un bar du centre-ville la journée de la Saint-Valentin. Cuuuuute! Pas de Facebook en 95, alors aucune référence visuelle. J’étais chroniqueuse à la télé, mais monsieur n’écoutait pas Vazimolo le dimanche. Pas de fleur à la boutonnière ou de mouchoir rouge. Il m’a prévenu qu’il serait en veston cravate, travail oblige, mais que ce n’était pas son look de tous les jours.  Je l’ai averti que je serais très maquillée parce que je sortirais d’un enregistrement, mais que ce n’était pas mon style d’avoir deux pouces d’épaisseur de fond de teint.

On s’est repéré. Pas mon genre. Pas son genre. Le bad boy avait plus l’habitude de m’attirer, et lui était plus porté sur les brunes au teint basané. Lui, lunettes, coupe de cheveux impec et moi, rousse et peau laiteuse… ça commençait mal. Mais christi qu’on a eu du fun ! Comme si on se connaissait depuis des lunes.

Dans la même année, on cohabitait en alternance chez lui-chez moi et je tombais enceinte de poulet # 1. Tsé, quand tu le sais !

Le 14 février 2018, 23 ans plus tard,

– quatre parents décédés

– deux enfants devenus adultes

– des voyages

– des rénos

– des shows (la musique nous unit encore)

– quelques épreuves

– mais surtout une admiration mutuelle, des fous rires et les mêmes valeurs profondes.

Crédit photo: Christine Bourgier

Notre bébé est parti voler de ses propres ailes et le plus vieux l’imitera l’été prochain. Ne nous restera plus qu’à nous retrouver en tant qu’amoureux, parce que jusqu’ici, nous avons surtout porté le chapeau de partenaires parentaux, mais de maudits bons partners !

Good job chéri. Je suis fière de nous !

P.S. On n’est pas marié, alors on ne peut pas se divorcer ?

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