Trois livres sur la maternité au sens large. Dans le ventre est un collectif d’histoires d’accouchements dirigé par Elsa Pépin. C’est connu, chaque naissance porte en son sein une histoire unique. Onze femmes nous invitent à cet acte de la plus haute intimité : la mise au monde de son enfant. Ma vie avec un scientifique – La Fertilité d’India Desjardins et de l’illustratrice, Bach se présente sous forme de bande dessinée. Pour devenir maman, à moins d’adopter, il faut passer un test déterminé par la vie : la fertilité. India Desjardins nous invite à explorer un pan de sa vie intime avec Olivier Bernard, mieux connu sous le nom Le Pharmachien. Accoucher est un acte naturel, tandis que la conception peut s’alourdir de technicité lorsque l’on fait appel à de l’aide extérieure, d’une clinique de fertilité par exemple. Les traitements de fertilité sont astreignants, ainsi, sous forme de bande dessinée, le propos se trouve allégé par le côté aérien du dessin de Bach. Épiphanie est l’histoire hautement émotive d’une femme dont le ventre reste vide. Pour aucune raison clinique, un couple ne peut concevoir d’enfant. Ce roman est le récit de ce calvaire avec, en bout de piste, une solution lumineuse.
Dans le ventre – histoires d’accouchement – Collectif dirigé par Elsa Pépin
Malgré mon étonnement de ne pas lire douze récits d’accouchements, j’ai lu avidement les mises au monde. Tout ce qui entoure la naissance va à l’essentiel et nous ravit l’âme. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé l’expression sur la quatrième de couverture : une radiographie littéraire du ventre des mères.
Ma vie avec un scientifique– La Fertilité d’India Desjardins & Bach
Je ne suis pas une évaluatrice experte en dessin, mais je peux dire que j’ai apprécié les cases claires et bien ordonnées, sur fond blanc, à l’aspect quasi hygiénique. Bien découpés, les personnages ressortaient, sur cet arrière-plan sans décor. On pourrait penser qu’une certaine froideur s’invite, et pourtant non, l’ensemble dégage plutôt une fraîcheur pimpante. L’amour dans le couple nourrit notre sourire page après page. Même les dissensions (qui n’en auraient pas!) entre l’homme et la femme se prennent avec son grain de piment.
Il est inscrit que la bande dessinée est dédiée à « toutes les personnes qui sont passées par là ». J’ajouterai, de mon cru, à toutes celles qui passent par là ou qui envisagent de passer par là. Et à celles, comme moi, curieuses et fascinée par ce sujet émouvant. Les hommes sont éminemment bienvenus, leur approche rationnelle incarnée par notre sympathique Olivier Bernard, bien connu sous son amusante épithète de Pharmachien.
Épiphanie de Myriam Beaudoin
Cette femme veut désespérément, je dirais même, obsessionnellement être mère. Sa vie est suspendue. Plus rien ne l’intéresse qui n’ait un rapport de près ou de loin avec les chances de la rendre fertile. Il y a bien sûr les moyens scientifiques, mais, à un moment donné, après des années et des années d’essais et échecs, on se tourne vers l’aspect plus ésotérique ou la médecine dite alternative. Même si, fondamentalement, on n’y croit pas vraiment : des fois que… On doit tout essayer, notre vie en dépend, ou sa vie à lui, ce petit être qui viendrait remplir nos vies. Le couple tient bon. Un autre couple solide qui passe au travers de tout ce cirque.
Elle doit impérativement devenir mère, ce qui occupe toutes les heures de sa vie, jour et nuit. À qui s’est fait dire que son système reproducteur est impeccable, ainsi que celui de son conjoint, ne peut s’empêcher de penser que le frein est d’ordre psychologique. Se camoufle ce poison venimeux : c’est peut-être de « ma faute ». Oui, plus j’y pense, et plus je crois avoir mis le doigt sur le bobo, c’est cette culpabilité que j’ai sentie se figer entre les lignes. Je reprends la plaquette entre mes mains (c’est presque un fascicule, tellement le roman est de petit format) et j’y trouve cette confirmation en entrée en matière : « Et pour que tu me pardonnes, de ne pas avoir su t’enfanter, de ne pas avoir été à la hauteur de te mettre au monde ».