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Suggestions de romans

Lecture : Récolte automnale

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Approchons-nous de notre flamme de lectrice-lecteur pour se réchauffer auprès de notre réserve livresque de la saison froide. Comme un jardin contient divers légumes, j’ai différents titres, vous verrez ce qui vous allume. Est-ce l’environnement de plus en plus frisquet qui m’amène à faire des réserves? J’ai pigé deux titres qui ont connu leur moment de gloire. Il est bon parfois d’aller chercher un bocal de conserve pour se faire croire que l’été est revenu sur nos tables.

Pourquoi « Quelques adieux », le premier roman écrit de Marie Laberge? Une personne m’a un jour dit que c’était son meilleur, ce qui a titillé ma curiosité. En 2009, le roman en était à son onzième tirage, ce qui au Québec constitue un franc succès. Tant qu’à fouiller les valeurs sûres, je ressors ses « Pauvres petits chagrins » de Miriam Toews, une autrice canadienne-anglaise que l’on s’empresse de traduire chez Boréal, ensuite chez Boréal compact. Je souligne que Boréal compact est l’édition abordable – par son coût, de titres à succès. Profitons-en!

Je reviens au goût du jour avec deux titres fraîchement sortis « Un pont entre nos vérités », livre consistant de Vania Jimenez et livre léger « Belle comme le fleuve » de Mélissa Perron. Je les classe dans l’autofiction. Je vous entends d’ici demander qu’est-ce que l’autofiction, c’est de la fiction étroitement inspiré de son propre vécu.

Quelques adieux de Marie Laberge – Boréal compact (15,95 $)

Roman pour lequel je me suis interrogé tout au long : l’ai-je déjà lu? La fin me révélera que j’ai lu une histoire semblable de professeur qui tombe en amour de son étudiante, mais ici, la fin diffère grandement. L’histoire est poussée à fond, le professeur ayant une femme à la maison qu’il adore. Marie Laberge aborde de plein fouet le triangle amoureux, sa culpabilité, sa double vie, son purgatoire. Sur les trois personnages, on connaîtra à fond l’épouse légitime, le cœur du professeur restera obscur, celui de l’étudiante, en suspens. Le talent de raconter de Marie Laberge est déjà au rendez-vous. L’aplomb et la pertinence de ce premier roman annonçaient sa solide carrière.

Pauvres petits chagrins de Miriam Toews – Boréal compact (16,95 $)

Roman intense qui met en lumière l’amour de deux sœurs diamétralement opposées par leur caractère et leur élan de vivre. La mieux nantie à tous les niveaux, pianiste virtuose mondialement connue, mariée à un homme qui l’adore, n’a qu’une idée en tête : s’enlever la vie. Comment donner le goût de la vie à une personne égarée dans son monde intérieur? Une première confrontation pour moi, avec une personne suicidaire entêtée. Un mauvais coup du destin peut temporairement décourager un être sensible et vulnérable, mais face à ce constant et fort désir de mourir, je n’aurai pas su comment réagir, pas plus que sa sœur.

Dans un hôpital, habituellement, on surveille les signes vitaux, pas les signes morbides. La pianiste est tellement motivée dans son plan de mourir qu’elle déjoue ceux et celles qui font tout pour lui insuffler le goût de vivre. L’autrice a une manière de nous plonger (c’est mon troisième titre) dans ces univers sordides en conservant un entrain jamais démenti que je l’ai adopté. Dans le fond, on y aborde la mort pour mieux parler de la vie. Je considère que Miriam Toews est dotée d’une telle originalité que j’attends chacun de ses titres avec impatience.

Un pont entre nos vérités de Vania Jimenez – Éditions DRUIDE

C’est le roman de tous les duos. Duos d’époques, de la Révolution tranquille aux années vingt, duo de continents américain et africain, duo de nations québécoise et arménienne, duo de lieu, urbain et rural. Chapeautant le tout, un duo de voix, celle de la mère et celle de la fille décrivant le quotidien d’une famille nombreuse et heureuse. J’ai beaucoup apprécié cette incursion curieuse au cœur d’une famille de sept enfants éduqués par une mère aimante et médecin. J’ai rapidement réalisé que les vues de l’autrice ratissaient plus largement que les aléas d’une famille, aussi nombreuse et charmante, soit-elle. Tant pis pour moi! Pour une fois qu’une famille nombreuse ne tirait pas le diable par la queue, j’en aurais pris plus. L’autrice, par sa foisonnante expérience de vie, en avait tant à dire, le bouquin fait 685 pages et jamais le propos ne s’essouffle.

L’histoire est abordée par une de ses filles, Clara, qui a déniché des écrits inédits après la mort de sa mère. De trouvaille en trouvaille, elle apprend à mieux connaître celle qui l’a mise au monde aussi à l’aise dans un village que dans une grande cité. Pour rajouter à l’intérêt des différents duos, on observe chez la mère une dualité d’émotions, entre le sentiment d’appartenance à sa nouvelle contrée (le Canada), versus celui de la terre qu’elle a quittée (l’Égypte). Le pont ne se jette pas uniquement pour relier les vérités, mais pour rallier les sentiments d’appartenance entre les deux pays. Tout se définit, s’unit et se réunit. Si vous aimez sortir du Québec, assurément, vous voyagerez sur les ailes d’une femme de cœur qui a le talent de tirer le meilleur des mondes. Une histoire prolifique autant que ses personnages le sont, où les duos montrent les côtés d’une même médaille.

Belle comme le fleuve de Mélissa Perron – Édition Hurtubise

J’ai opté pour lire cette jeune autrice, la trouvant intéressante et talentueuse sur Twitter. En effet, cette femme a bien des talents, entre autres celui de dessiner divinement bien. Ne me croyez pas sur parole, cliquez ici! Elle a également un talent pour appréhender, englober, envelopper la vie et je dirais même pour la communiquer et l’aimer. Le personnage, Fabienne est l’alter ego de l’autrice. À 38 ans, après bien des détours, on trouve enfin ce qui la caractérise : le syndrome Autiste Asperger. À partir de ce moment, le talent de cette belle fleur se déploie, elle nous raconte des histoires.

Belle comme le fleuve est son deuxième titre, peut-être aurais-je dû lire le premier Promets-moi un printemps avant le deuxième. J’ai eu un peu de difficulté à suivre, il me manquait probablement quelques assises, par contre, comme le ton est léger et aérien, presque badin, j’ai réussi à ramasser le propos. C’est le deuxième roman écrit par une autiste que je lis et mes attentes étaient passablement élevées. J’ai soif de saisir la vision d’une personne autiste. L’autre roman que j’ai lu, « Méconnaissable » de Valérie Jessica Laporte, creusait les couches psychologiques du personnage.

Belle comme le fleuve nous amène dans une bulle de rêve et de légèreté, des liens amicaux solides, de l’amour naissant, un héritage maternel, une envie de vivre près du fleuve. Tout comme l’autrice, le personnage de Fabienne peint plus que jamais.

Si l’autisme vous intrigue ou vous interpelle, ce roman est une brève incursion dans cet univers. Ne vous attendez pas à des explications en profondeur, les symptômes ressemblent à des traits de caractère. Fabienne, le personnage, garde ses pensées plus profondes en elle-même, ce qui donne un roman tout en dialogues. Un roman d’amour, car oui l’amour y occupe une place prépondérante, le tout à prendre sur des airs de vacances et de liberté.

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