Lorsque les arbres se déshabillent, que la nature affiche son teint blafard pour faire miroiter la grisaille de l’automne, je me recroqueville. Le dernier step de la fin octobre me rappelle chaque année qu’il nous faut ranger ce que l’été a laissé derrière lui. Il faut libérer de l’espace pour l’hiver qui reviendra encore cette année. Comme une coquille, je me referme en laissant la blancheur se rendre à l’évidence, l’hiver est arrivé. Sans crainte, j’accepte et je cède la place à ce qui doit être, j’accepte l’hibernation parce qu’il en va ainsi.
Et, surgie de nulle part, incroyablement, cette nature endormie s’est refait des forces et jaillit à nouveau. Je prends cette grande respiration signe de vie, signe que la vie reprend ses droits. La marmotte est sortie de son terrier, le lièvre sautille avec son pelage un peu désinvolte, les hirondelles sont de retour, elles se courtisent et les bourgeons éclatent au grand jour. J’entends encore ma mère avec sa voix enjouée me dire que les hirondelles sont arrivées. C’est le printemps! Ce printemps tant attendu, cette chaleur caressante à nouveau, ce vent doux de tous les espoirs. C’est la renaissance.
Chaque printemps, je me dépoussière. Je dépoussière mes placards, je jette, je donne, je range, je désencombre. Au printemps, je change de vêtements, je m’habille de légèreté, je m’allège aussi du stress et de la noirceur des journées trop courtes. Tout à coup, je m’éveille comme la nature me l’enseigne si bien. J’éveille mes sens et ma conscience pour que ma vie prenne sens. J’aiguise ma capacité à m’émerveiller, je tonifie mon regard et j’apprivoise la nouveauté.
Au printemps, je me déshabille de mes croyances nuisibles, de mes perceptions erronées. Je me dépossède de ce qui m’alourdit et j’explore ce qui me donne des ailes. Je revisite mes émotions de peurs, de colère, de souffrance et je copie la nature en les transformant, en le recadrant. Je m’habille de légèreté, je porte la légèreté, je vis la légèreté. Comme la température, je m’adoucis, je réfléchis et je dis oui au printemps naissant. Je l’accueille, le cajole, je l’entretiens parce que derrière la poussière accumulée il nous amènera tout doucement vers l’été.
C’est le temps des hirondelles! Exclamons-nous, les hirondelles sont arrivées.
Je vous souhaite un heureux printemps et que cette douceur de vivre ravive vos sens.
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