En novembre, je publiais un article afin de vous aider à différencier l’anxiété normale de l’anxiété pathologique. Ce mois-ci, je poursuis dans la même veine en vous parlant de la grande famille des troubles anxieux.
Je me permets un bref retour.
Premièrement, les personnes souffrant d’un trouble anxieux tentent d’éviter les situations qui peuvent déclencher en eux les pensées et symptômes reliés à l’anxiété ce qui les empêchent de fonctionner normalement.
Si sans aucune raison, l’anxiété vous empêche de bien fonctionner, il se peut que vous fassiez de l’anxiété pathologique. Pour le savoir, plusieurs autres critères doivent être analysés : l’intensité et la fréquence, la souffrance, le moment de son apparition, sa durée ainsi que le sentiment de contrôler ou non ladite anxiété.
Il arrive souvent d’entendre des personnes mentionnant un TOC (par exemple, retourner voir par deux fois si la porte d’entrée est ouverte ou si les ronds de poêles sont bien éteints). Pour que cela devienne problématique, vous devez ressentir une détresse considérable et passer plus d’une heure par jour à effectuer ou à avoir ces gestes/pensées. Ceux-ci doivent aussi interférer avec vos activités usuelles ou professionnelles.
Voici une liste qui pourrait vous éclairer quant à la grande famille des troubles anxieux.
La phobie spécifique est une peur intense et souvent irrationnelle qui est déclenchée par l’anticipation et/ou par la présence d’un objet ou d’une situation
Exemple : Vous avez peur des hauteurs, vous évitez donc de vous rendre dans un édifice à plusieurs étages pour ne pas prendre l’ascenseur.
Ou bien vous avez peur des chiens donc vous évitez à tout prix de côtoyer les gens qui en ont un.
Le trouble d’anxiété sociale est quant à elle une peur intense et persistante face à diverses situations sociales où des inconnus peuvent être présents. La personne souffrante a peur d’agir de manière à se sentir embarrassée ou humiliée, et ce, sans raison fondée.
Exemple : Vous évitez de sortir de la maison afin de vous éviter le jugement d’autrui et aussi parce que vous avez peur de vous faire ridiculiser.
Le trouble d’anxiété généralisé pour sa part se manifeste par des soucis, des préoccupations excessives ainsi que de l’appréhension envers plusieurs sujets du quotidien. Vous avez toujours l’impression que le pire va arriver, qu’une bonne nouvelle est souvent suivie d’une mauvaise, etc.
Exemple : Sans raison valable, vous êtes préoccupée de façon excessive par votre sécurité et celle de vos proches (vous craignez un cambriolage, des accidents graves de voiture, un écrasement d’avion, etc.) et ça vous tient éveillée la nuit. Vous vous sentez irritables, fatigués, vous avez mal partout. Votre sommeil est difficile ou non réparateur et vous éprouvez des difficultés de concentration ou de mémoire qui affectent vos activités quotidiennes. Ce type de comportement est constant et s’observe sur une durée de plus de 6 mois.
Ce trouble est très répandu dans la société et la majorité des personnes qui consultent sont surtout des femmes d’âge moyen ou qui ressentent ces maux après la ménopause!
Le trouble panique est décrit lorsqu’une personne sous le stress fait une attaque de panique provoquant une peur intense de mourir et/ou de perdre le contrôle. Cette personne craint intensément de refaire d’autres attaques du genre.
L’agoraphobie est une anxiété liée au fait de se retrouver dans un endroit ou dans une situation où il pourrait être difficile de s’échapper ou d’être secouru en cas d’attaque de panique.
Exemple : Vous faites une crise de panique dans le métro, au centre commercial ou dans une foule. À l’avenir, vous éviterez ces endroits de peur que cela se reproduise. Si vous ne pouvez échapper à cette situation, vous vivrez une souffrance intense et serez à risque de voir apparaître certains symptômes d’attaque de panique.
Le trouble obsessionnel compulsif est souvent pris à la légère puisque tout le monde peut être préoccupé un jour ou l’autre par une pensée importante ou de répéter instinctivement certains gestes. Cependant, dans la majorité des cas, ces pensées disparaissent et la vie continue. Ces situations sont dites normales!
Il en est autrement pour les personnes atteintes du trouble obsessionnel compulsif. Ces situations prennent alors une importance exagérée voire démesurée. La personne atteinte se sent envahie par des pensées incontrôlées et répétitives, qui lui traversent l’esprit malgré son désir ou sa volonté, même si elle sait pertinemment qu’elles n’ont pas de sens.
Ces pensées deviennent alors des obsessions. Par exemple, la personne peut avoir peur d’avoir oublié de fermer le feu de la cuisinière alors qu’elle sait l’avoir fermé. Elle peut aussi avoir peur d’attraper des maladies en touchant des objets de la vie de tous les jours, par exemple des poignées de porte.
La personne atteinte peut aussi avoir des compulsions. Elle se sent alors obligée de répéter certaines actions pour chasser l’obsession de son esprit ou pour faire diminuer son anxiété.
Exemple : Se laver les mains à répétition, parfois au point de se blesser, afin d’éviter de se contaminer ou d’attraper des maladies. Elle peut également répéter des formules, compter des objets, ou prier, etc. Tout ça dans le but de diminuer ou de calmer le sentiment de détresse.
L’état de stress post-traumatique peut survenir après avoir été exposé à un événement traumatisant. Soit en l’ayant vécu ou en ayant été témoin d’une situation où des gens sont morts, blessés gravement et, où la personne a vécu une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur. Ce trouble peut durer de nombreux mois ou années s’il n’est pas traité.
Exemple : L’événement est constamment revécu soit par des souvenirs répétitifs et envahissants qui provoquent une grande détresse chez la personne. Il peut s’agir de rêves, de « flashback », d’avoir l’impression que l’événement va se reproduire et peut aller jusqu’au phénomène d’hallucination.
De nombreux symptômes physiques/psychologiques peuvent aussi apparaître : fatigue, insomnie, difficultés de concentration, irritabilité, colère, hypervigilance et sursauts exagérés.
Une consultation auprès d’un médecin permettra d’établir la possibilité d’un tel diagnostic et il pourra vous recommander à un psychiatre ou un psychologue afin d’amorcer un traitement approprié pour aider à diminuer ou résoudre l’anxiété vécue.
J’ai été personnellement témoin de tristes histoires d’abus physiques et/ou sexuels vécues durant l’enfance où des gens dans la soixantaine et plus avaient développé des troubles anxieux importants. N’hésitez donc pas à en parler à votre médecin!
Sur ce, portez-vous bien!
Docteure Carrière
**Sachez toutefois qu’il arrive que les troubles anxieux nommés ci-bas soient provoqués directement par une maladie physique ou par la consommation occasionnelle ou régulière de différentes substances (médicaments, drogues ou alcool).