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Sur ma route…

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J’ai eu un beau cadeau, mon conjoint m’a invité à aller voir un de mes chanteurs favoris au Radio City Music Hall, Josh Groban. Il a interprété une chanson qui s’intitule You raise me up, difficile à traduire mot à mot, mais moi je comprends grâce à toi.

Vous savez ces gens qui nous font sentir bien, qui croient en nous. Il expliquait que lui, enfant, il était rondelet et gêné. Un jour, un professeur lui a donné l’occasion de participer à une comédie musicale et il a su dès lors que c’est ce qu’il ferait dans la vie.

En écoutant cette chanson, j’ai moi aussi pensé qu’en effet, il y a des gens qui croisent notre chemin et qui font la différence. Lorsque je suis entrée comme secrétaire à la radio, j’avais 19 ans. J’étais jeune, naïve, timide oh oui, telllllement. J’arrivais dans une salle des nouvelles plein de jeunes gars, peu de filles encore. Parfois, ça ne donnait pas dans la dentelle comme on dit. Disons que mes joues ont rougi plus d’une fois. Moi, je savais une chose, je ne serais pas secrétaire toute ma vie, je détestais cela, rien de moins que détesté et plus encore. Mais ça, je ne pouvais pas le dire, tchut, il faudra agir…

Pourquoi étais-je secrétaire? Certainement pas par choix, mais ça, c’est une autre histoire. Après quelques années, ayant affronté quelques démons, je profitai de l’ouverture d’un poste aux promotions pour me « lancer ». J’aimais les gens, j’allais devoir en rencontrer beaucoup, j’aimais écrire, et j’étais prête à apprendre. Mais ce n’était pas si simple, j’étais toujours aussi timide. Qu’à cela ne tienne, j’ai passé l’entrevue et là, il y a eu Danielle, c’était la « boss » du département. Elle me connaissait, on s’appréciait, elle avait ses doutes, mais je sais qu’elle avait aussi confiance en moi, en mes capacités. Avec son aide, ses recommandations et tout, j’ai obtenu le poste. Ouf! Bye bye ma IBM, les minutes de réunion, les cafés aux invités, sans oublier les quelques factures à payer du patron, le nettoyage à aller chercher de temps à autre. Bien oui, ça se passait comme ça dans mon temps. Aujourd’hui, les filles seraient à la cour pour abus de pouvoir.

Mais moi, vous savez quoi? Je n’ai aucun regret de ça. Ce n’était pas très valorisant bien entendu, avec un peu plus de « guts » comme on dit, j’aurais refusé, mais comme je fondais juste à rentrer dans le bureau du patron, comment aurais-je pu lui dire non. Mais après coup, j’ai réalisé qu’en allant porter des cafés aux invités de Suzanne Lévesque, j’ai rencontré Yves Montand, René Lévesque, Annie Girardot et bien d’autres grandes vedettes. J’ai même eu droit à des moments seuls avec eux durant lesquels ils m’ont jasé, ça fait passer la gêne ça mes amis je vous assure.

Finalement, je ne sais plus trop pourquoi, je suis retournée travailler au service des nouvelles. Un jour, une recherchiste de Pierre Pascau (animateur connu, reconnu et redouté) a quitté. Il y en avait eu quelques-uns, Pierre n’était pas un homme facile, disons ça comme ça. Moi, revenue à ma IBM, me suis mise à réfléchir et à me dire; je pense que j’aimerais ça être recherchiste. Le genre de bulle qui te passe par la tête sans que tu analyses trop la situation.

Alors, après une très très brève réflexion, je suis rentrée dans le bureau de mon patron Marc, j’ai fermé la porte, me suis assise sur le bord de la chaise. « Il faut que je te parle », lui ai-je, dit. J’avais dans la jeune vingtaine, je me suis dit; il doit penser que je suis enceinte. Ah que non! « Écoute Marc, j’ai bien réfléchi à ça (mensonge) et j’aimerais postuler pour le poste de recherchiste de Pierre Pascau ». Marc n’a pas bronché, mais a enlevé ses lunettes et frotté ses yeux.

Ouin, oui, je vois, tu sais Christine, Pierre est homme exigeant, tu es une femme sensible, il n’a pas le temps de tout t’apprendre, tu devras te débrouiller et ça va vite dans cette émission, une dizaine d’invités à trouver chaque jour pour l’émission du midi en direct. « Oui, je sais, lui dis-je, mais j’aimerais que tu me mettes à l’essai, une semaine. Si ça ne va pas, j’aurai essayé ». Laisse-moi lui parler, m’a-t-il dit. Je suis fier Christine que tu sois venue me faire part de cela.

Pour quelques minutes j’ai eu l’impression qu’il aurait voulu me serrer dans ses bras, voulant quelque part un peu me protéger. Mais une autre voix en moi me disait que s’il avait accepté d’en parler à Pierre, c’est qu’il avait confiance en moi.

Bien, croyez-le ou non, après ma semaine d’essai, j’ai obtenu le poste. Je n’en revenais pas. Pierre ne m’a pas « ménagé », mais m’a appris. Le plus drôle de l’histoire c’est qu’il m’a demandé de rejoindre Jean-Marie Le Pen et je ne sais pas comment j’y suis arrivée (sans internet) à l’époque et avec un petit « cardex » de références, mais je l’ai rejoint. Je l’avais au bout du fil, j’ai sauté de joie. C’était la chance du débutant sans doute, mais c’était aussi mon destin.

Grâce à Marc, grâce à Pierre, je suis devenue une bonne recherchiste. J’ai appris énormément, je suis devenue « fan » de l’actualité, j’ai appris sur la politique, j’ai assisté à des débats, j’ai organisé un « scrum »; je ne savais même pas ce que c’était. Je me suis instruite dans plein de domaines qu’aucun BAC n’aurait pu me donner.

J’ai eu une belle carrière de recherchiste par la suite à la télévision et je suis devenue productrice grâce à Raymond qui était mon patron et qui est aujourd’hui mon conjoint.

Un parcours improbable avec un cours de secrétaire. Une autodidacte qui a osé, qui a travaillé fort, pour ne pas dire « bûché ».

Je sais que sans eux, je ne serais pas qui je suis. J’ai à mon tour essayé d’aider très souvent des gens qui voulaient travailler dans ce milieu si difficile à percer. Je pense avoir réussi à faire une différence, du moins je l’espère.

Pour moi, c’était un juste retour des choses.

Et puis, vous savez quoi? Je suis encore très timide, la preuve c’est qu’en vous disant que je n’avais qu’un cours de secrétaire, ça m’a gêné, je me suis dit : je vais leur dire que je suis quand même allée à l’université faire des cours, ce qui est vrai, mais au fond, à quoi bon? J’ai côtoyé tant de gens sans BAC, avec des BAC et sans vouloir dénigrer l’importance d’avoir une bonne scolarité, j’ai souvent été déçu par le manque de culture des universitaires qui s’intéressent qu’au domaine dans lequel ils ont étudié.

Ma curiosité a dépassé ma gêne et m’a donné un B A C (Beaucoup d’Avancement par la Curiosité).

Alors, soyons généreux de nos connaissances, on peut faire la différence.

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7 Responses

  1. Super message….foncer…puis apprendre…ne pas avoir peur de l’expérience, croire en soi…puis se retrouver à la bonne place, au bon endroit, au bon moment…vouloir apprendre….

  2. J’ai été témoin de tout ce que tu viens de nous révéler. La petite Christine est devenue une femme qui a buché pour arriver à réaliser tes rêves professionnels. Je suis aussi très fière de la maman et la grand-maman que tu es, une autre très belle réussite . De plus, tu es une amie merveilleuse.!

  3. Message très intéressant, il est important de dire et de reconnaître qu’il y a plusieurs façons d’apprendre qu’elles sont aussi bonnes les unes que les autres. Bravo à toi, mon amie.

  4. Choisir SA voie dans le monde du travail avec notre propre bagage de connaissances n’est pas si facile et ce, d’hier à aujourd’hui. Plusieurs se reconnaîtront dans ton beau parcours « B A C » et beaucoup d’autres y trouveront le courage nécessaire pour tenter leur chance. Tu es tellement inspirante.

  5. Tu m’enlève les mots de la bouche mon amie. On a besoin de femmes comme toi pour véhiculer de tels messages.
    Continue d’être cette femme curieuse et travaillante. xx

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