Il faisait tempête en ce dimanche matin, nous avions une rencontre de famille organisée depuis déjà quelque temps. Cousins, cousines se réunissaient après quelques années, une rencontre très attendue. Il va manquer beaucoup de monde me suis-je dit, plusieurs ont tout de même un certain âge. C’était mal connaître les Desroches et cie; nous étions presque tous là.
Il y avait la doyenne Ghislaine, 87 ans, toujours droite et élégante, il y avait ses frères Guy et Yves, 85 et 81 ans, droits comme des piquets, sourire aux lèvres. Il y avait Nicole, 81 ans, qui est arrivée toute pimpante en ayant bravé la tempête, toute petite derrière le volant de sa grosse bagnole. Je pourrais vous les énumérer tous; Michèle, Jocelyne, Pierre, Jacques, Jean-Claude, mes sœurs, les conjointes, conjoints. De 63 ans à 87 ans.
Moi, dans les bébés de la famille, je les regardais tous, si fiers, si souriants, sachant que la vie n’avait épargné personne… et pourtant. Oui, et pourtant, pourtant, résilient, serein, chacun portant les années, mais portant surtout la vie. La vie que tous semblaient apprécier. Parce que nous étions tous encore dans la vie, certains complètement retraités, d’autres à moitié retraités. Jacques, 70 ans, entreprenait un nouveau travail, Pierre, du même âge avait aussi un travail dans un domaine qui le passionne, Yves, 81 ans, travaille toujours, Guy, 85 ans, marche 15 000 pas par jour, bricole, Manon s’occupe de sa mère, Lucie fait du bénévolat, Suzanne et Michel travaillent deux matins par semaine.
Chacun se promène là où sont les enfants et les petits-enfants; on garde nos petits; on les suit au hockey ou ailleurs. Des choses simples, des choses de la vie courante, rien de bien glamour comme on dit, mais des choses qui nous maintiennent dans la vie, nous stimulent.
Notre grande fierté à tous : nos enfants, nos petits-enfants et la chance d’être là, relativement en santé avec chacun nos petits et gros bobos, mais avec la certitude que la vie vaut la peine.
Pour faire suite à ma dernière tranche de vie, je choisis de nouveau le camp des résilients, je les ai vus de mes yeux, ces beaux octogénaires qui acceptent humblement de vieillir en y voyant le meilleur. Peut-être que certains matins sont plus pénibles que d’autres, qu’à l’hiver de leur vie, ils sont parfois plus anxieux en constatant le temps qui passe, mais ils sont davantage habités par la vie qu’ils portent en eux et qu’ils partagent avec les leurs et pour cela je braverais bien d’autres tempêtes pour les revoir. Un dimanche de retrouvailles, d’accolades, de souvenirs partagés, un dimanche en famille, comme dans le temps.
Une grosse dose d’amour et une leçon de vie pour la suite des choses parce que vieillir, ce n’est pas facile, c’est déstabilisant, mais c’est aussi une chance inouïe. Si la vieillesse est accueillie comme un cadeau, elle ne peut que nous rendre heureux.
Alors, voilà, je respire, je relaxe, je vis, en attendant à la fin de l’année mon premier chèque de pension de vieillesse… ouch!!
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Une réponse
Un autre très beau texte Christine. Je t’en remercie. J’ai vécu la même chose en août dernier avec mes cousins de la famille Bolduc. Pour la famille de mon père, il est trop tard. On a trop attendu. Répartis sur un plus grand territoire, les cousins/cousines sont trop âgés. Certains, dont des jumelles de 93 ans, n’ont plus la capacité de faire une grande sortie. Alors, n’attendez trop avant de vous rassembler de nouveau…